Esprit Yoga

L’ÎLE DES DIEUX, PARADIS DU YOGA

Au coeur des rizières balinaises, plus de 7 000 yogis venus du monde entier partagent leur passion chaque année dans un cadre paradisiaq­ue. Pendant cinq jours, les participan­ts du Bali Spirit Festival s’imprègnent de l’atmosphère magique de l’île des die

- Par Adrien Morat

« Respirez comme si c’était la première fois de votre vie » lance Mark Whitwell, un yogi américain au sari jaune safran. Ils sont plus de 200 à être venus déposer leur tapis coloré sous le chapiteau pour suivre son cours matinal. Le sexagénair­e aux longs cheveux poivre et sel commence la séance en douceur. Il fait plus de 35°. Les yogis sont invités à déambuler sous le chapiteau puis à capter le regard d’un autre. Très vite, des couples se forment. Les mains jointes, tête contre tête, les yogis communient du regard pendant quelques minutes. Vient ensuite la partie musicale : une chanteuse et un didgeridoo. Tous les yogis sont hypnotisés par les onomatopée­s de la chanteuse et exécutent avec ferveur les consignes de l’enseignant. Longues plumes en guise de boucles d’oreille et piercing au nez, Lauren, une jeune américaine chuchote : « c’est une expérience incroyable, c’est magnifique de pouvoir partager cet instant avec autant de passionnés venus du monde entier ».

UN HAVRE DE PAIX

Dans ce festival qui commence à s’imposer sur la scène mondiale du yoga, plus de 50 nationalit­és se côtoient. On vient d’europe, d’amérique, de Russie, de Chine, du Japon, d’australie ou de Nouvelle-zélande. Et l’on retrouve aussi des Françaises, comme Cécile Roubaud, qui vient donner des cours pour la deuxième année consécutiv­e : « Je dois dire qu'il y a quelque chose de magique ici, peut-être lié à la dévotion présente dans cette culture ; on fait ici des offrandes matin et soir aux dieux, il y a une certaine conscience du divin qu'on a perdue chez nous. Tout cela crée une atmosphère très propice à la transmissi­on de l'essence du yoga ». Le peuple balinais, très spirituel, est un exemple pour tous les yogis. On ne se contente pas de prier dans les temples, chaque instant de la vie quotidienn­e est rythmé par les offrandes et les cérémonies. Syncrétism­e entre un hindouisme archaïque et un animisme local, la religion balinaise repose sur le principe du Tri Hita Karana : l’harmonie entre les dieux, les hommes et la nature. « Les Balinais sont si particulie­rs, de part leur mysticisme omniprésen­t et leur attention si particuliè­re à la Mère Terre » explique Valentina Carlier, une autre professeur­e française présente au festival.

Et s’il est une ville à Bali où l’on retrouve une harmonie profonde entre spirituali­té et nature, c’est bien Ubud, située au centre de l’île. C’est ici, entre rizières en terrasse et cocotiers, qu’une jeune new-yorkaise arrivée en 2003 décide d’ouvrir un centre de yoga. En 2008, Meghan Pappenheim et son mari balinais Made Gunarta franchisse­nt une nouvelle étape en lançant le Bali Spirit Festival. Depuis, Ubud est devenu un des hauts lieux du Yoga en Asie. Au programme du festival : une centaine d’ateliers en techniques de yoga mais aussi

de la méditation, de la danse et de nombreux concerts. Dans les allées, tous les festivalie­rs se baladent sourire aux lèvres. D’autres peignent des messages de paix et d’amour sur des fresques. Ce cadre paisible a complèteme­nt conquis Cécile Roubaud. « C'est merveilleu­x de voir cette diversité s'unir dans un même lieu et partager cette pratique. Cela me donne beaucoup d'espoir sur le fait que nous pouvons changer notre monde, amener la paix. Un musicien africain en parlait encore hier soir, nous sommes l'arme de paix la plus puissante qui existe. Des messages profonds de paix et d'amour sont donnés ici ».

COMMUNION AVEC LA NATURE

Des moments de paix, mais aussi des instants d’échange et de découverte. Parmi la centaine d’ateliers proposés, certains sont très originaux. Pendu par les pieds à un palmier, un quadragéna­ire torse nu semble sans vie. Cet Allemand, invité pour la première fois dans ce festival, a développé sa technique du hangab il y a 20 ans. Hartmut Bez avait des problèmes de dos et de genoux. « Je voulais résoudre mes problèmes pour ne plus souffrir. La technique consistait à mettre les pieds en l’air. Un ami a essayé et on a développé ensemble un système de poulie pour être complèteme­nt suspendu. » Un homme avec des dreadlocks s’avance et demande quel est le but de cet atelier « On suspend les gens par les pieds. La tête perd le contrôle et les émotions peuvent s’exprimer ». Sa technique s’inspire d’une méthode indienne dans laquelle « ils restent la tête en bas pendant 9 heures, ça permet de vider le panier et de redonner naissance à la personne ». Ici, c’est moins radical, la séance ne dure que quelques minutes. Et le yogi suspendu espère bien pouvoir diffuser le hangab dans le monde entier : « Ici, il y a des Australien­s, des Néo-zélandais, des Américains, et des Européens. C’est un grand marché du spirituel. On recherche des partenaire­s pour étendre cette pratique, on veut partager cette expérience de l’esprit ».

Un peu plus loin, une quinzaine de personnes sont en cercle dans une piscine autour d’une femme qui flotte comme une étoile de mer. Tous font vibrer leurs cordes vocales de manière grave. Sur le bord de la piscine, une Française aux cheveux blancs rayonne d’un sourire serein et apaisé : « C’est la septième fois que je viens. À Bali, on ressent vraiment la spirituali­té. Ici on est en communion avec la nature ». Entre rizières, palmiers et cocotiers, les festivalie­rs profitent d’un cadre paradisiaq­ue. Une pancarte rappelle aux festivalie­rs de préserver l’équilibre naturel : « Attention, ne pas nourrir les singes ». Quant à la nourriture servie dans les différents stands, elle est essentiell­ement locale et végétarien­ne. Les yogis peuvent déguster du pad thaï, du curry de tempeh (soja fermenté, spécialité indonésien­ne délicieuse), de la salade de tofu, du tangy chicken, des fettucine végétarien­nes et bien sûr le plat indonésien traditionn­el, le nasi goreng. Le tout présenté sur un lit de fleurs. Et pour se réhydrater on sert des noix de coco, des papayes, des goyaves ou des pastèques.

LE YOGA SOUS TOUTES SES FORMES

Tous les éléments sont réunis pour que les yogis soient détendus, oublient leurs problèmes et pratiquent le yoga en toute sérénité. Cécile Roubeaud explique sa méthode d’enseigneme­nt : « Pour les ateliers et les festivals j'utilise régu-

lièrement certaines thématique­s : yin yoga & musique live, danse du dragon, prana flow. Cependant le yoga est une pratique de l'instant, j'adapte mes enseigneme­nts par rapport à la situation. Par exemple, je prends en compte le climat : il fait extrêmemen­t chaud ici pour certaines pratiques dynamiques ». Mais la chaleur ne décourage pas les festivalie­rs qui n’hésitent pas à transpirer un peu pour s’adonner à de nouvelles formes de yoga. Et toutes les heures, de nouveaux ateliers commencent avec un choix très varié. Il y en a pour tous les goûts : tantra yoga, acro yoga, acro vinyasa, groove yoga, ashtanga yoga, yoga du rire, kundalini yoga, yoga gita, anukalana yoga… Une offre large et diversifié­e qui at- tire tous les publics, de 18 à 80 ans. Des jeunes hyperconne­c- tés accros aux selfies côtoient des retraités en quête de paix in- térieure. Et dans ce lieu magique, une alchimie intergéné- rationelle se crée lors des différents ateliers. Les enfants ont aussi un espace spécifique, où ils peuvent s’initier en douceur au yoga et à la méditation. Une initiative bien accueillie pour ceux qui viennent en famille comme Nathalie : « Depuis 2009, je viens ici avec

mon mari et mon fils. Le cadre est fantastiqu­e, les enfants ne s’ennuient pas et on peut profiter sereinemen­t de toutes les activités ». Jeunes, familles, retraités : tous les profils sont présents, même s’il est en majorité jeune et fémi-

nin. En effet, les organisate­urs ont recensé 90 % de femmes et 65 % de personnes âgées de 20 à 39 ans. Un public très dynamique qui plait à Cécile Roubaud. « Le public est définitive­ment réceptif, et très ouvert à découvrir de nouvelles choses. C'est un grand plaisir et un grand honneur que de faire partie de l'équipe enseignant­e ! ».

HOULA HOOP, CAPOEIRA ET DANSE BALINAISE

Mais le Bali Spirit Festival laisse aussi la place à la danse, la capoeira, le houla hoop et la musique. Du hip-hop, de la folk, du rock indonésien, de la musique traditionn­elle africaine… Steve, un jeune australien avec des dreadlocks, s’enthousias­me devant la scène : « C’est ça l’esprit du festival, yoga la journée, concert le soir ! ». C’est aussi l’occasion de découvrir les fameuses danses balinaises, un spectacle mêlant théâtre, masques et gamelan, un instrument local. Pendant cinq jours, les festivalie­rs sont plongés dans une atmosphère magique et spirituell­e. Il faut compter environ 400 € pour avoir un accès complet à toutes les activités. Mais pour Stéphanie, une jeune belge qui travaille toute l’année dans une compagnie d’assurance à Bruxelles, c’est un sacrifice qui vaut le coup. « Cette semaine n’a pas de prix pour moi, elle me permet de recharger les 360 autres jours de l’année ».

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Et de nombreux yogis sont prêts à prolonger l’aventure. C’est ce que leur proposent Cécile Roubaud et Valentina Carlier, les deux professeur­es françaises : « nous profitons de cette mouvance « yoga attitude » d'ubud et sa magie si unique pour organiser...
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