LIFTINGASANA
Le visage est le miroir de l’âme. Il renseigne sur notre âge, sur notre histoire, nos émotions. Partie la plus visible de notre personne, nous pouvons en prendre soin avec le yoga du visage.
Avec sa cinquantaine de muscles, notre visage exprime toute la palette des émotions. Des larmes au rire, de la colère à la tranquillité, de l’amertume à la joie, de l’inquiétude à la sérénité : tout se lit sur notre visage. « Le visage est un paysage à vivre. Il est l'interface entre notre monde intérieur et notre monde extérieur » indique Alain Pénichot, qui a développé une technique de yoga du visage en s’inspirant de la méthode mise en oeuvre par Catherine Urwicz (voir série d’exercices proposés). Sans vouloir à tout prix effacer les signes de l’âge, on peut avoir envie d’atténuer les différentes tensions qui s’y sont accumulées au fil de nos expériences. Ainsi, on peut commencer à s’occuper dès 30 ans de la zone des yeux et des paupières, dès 35 ans des joues, à 40 ans des contours de la bouche et du menton et à 45 ans du cou. Le yoga du visage se situe entre une gymnastique faciale et une technique de détente. Il a une action de régénération, de rajeunissement des tissus en même temps qu’il apporte harmonisation et sérénité. Il permet de tonifier et développer les masses musculaires, de restructurer, de stimuler, de re-galber et de défatiguer. Et, pratiqué en conscience, il permet aussi une grande détente. Il suffit de cinq minutes par jour pour faire toute la différence !
Avant de vous lancer dans la pratique, prenez un temps de détente. Relâchez tous les muscles du visage comme si votre peau glissait vers le bas. Relâchez bien les mâchoires, la langue, les yeux derrière les paupières. Vous pouvez laisser votre tête tomber vers le bas, pour relâcher la nuque également. Prenez le temps de quelques respirations pour bien vous détendre, puis relevez tranquillement le visage. Frottez vigoureusement les mains l'une contre l'autre pour créer de la chaleur puis placez vos paumes sur vos yeux et laissez la chaleur se diffuser en relaxant au maximum les muscles de votre regard.
Voici cinq exercices (extraits de Yoga du visage de Catherine Urwicz, Ed. Ellebore) qui forment une séance de yoga du visage : on commence par le front pour terminer par le cou, en passant par les paupières, les mâchoires et le contour de la bouche. Si vous avez l’habitude de pratiquer l’automassage, n’hésitez pas à ajouter quelques lissages et modelages en cours de route, cela ne fera qu’optimiser la séance !
1. DÉTENDRE LE FRONT
Les rides profondes sont surtout des rides d’expression, que l’on acquiert parfois assez jeune. Pour les éviter, le mieux est d’essayer de contrôler ses expressions faciales et d’atteindre une certaine sérénité. Vous pouvez détendre les muscles de votre front en lissant l’espace inter-sourcilier avec la pulpe des doigts des deux mains en éventail, puis tout le front jusqu’aux tempes (fig. 1). Ce faisant, faites le vide dans votre tête pour ne ressentir que le bien-être de cet automassage de quelques secondes. Répétez-le autant de fois que vous en ressentirez le besoin. C’est d’ailleurs un geste naturel que nous faisons instinctivement, soit pour chasser la fatigue, soit pour soulager une impression de tête lourde et douloureuse.
2. PRENDRE SOIN DE SES PAUPIÈRES
Cet exercice fait travailler en même temps les paupières supérieures et inférieures. Il permet de traiter les premières ridules et d’atténuer les rides profondes. C’est surtout un très bon exercice d’entretien et de prévention. Il peut se pratiquer le matin, encore couché, pour réactiver la circulation sanguine et lymphatique, surtout quand les yeux sont gonflés. Les muscles orbiculaires des paupières répondent très bien après une nuit de repos, ce qui accélère le processus de dégonflement. Les yeux fermés, posez l’extrémité des index de profil sur le sommet des globes oculaires, et les pouces sous les yeux, le bout de l’ongle touchant les cils. Une fois vos doigts installés, ouvrez les yeux en écartant les doigts à l’oblique pour maintenir très fermement la peau, et inspirez par le nez (fig. 2). Le maintien doit être très léger en bas, et réalisé avec la partie charnue du pouce pour ne pas traumatiser le dessous des yeux qui est délicat. À l’expiration (minimum 6 secondes), essayez de fermer vos yeux tout en résistant avec les doigts. Ce sont surtout ceux du haut qui empêchent la fermeture des yeux. L’effort de résistance doit se faire nettement sentir.
CONSEILS
Ce qui compte ce n’est pas que les yeux se ferment plus ou moins, mais l’effort réalisé par ces petits muscles. Attention à ne pas froncer les sourcils. Le front doit rester lisse, et les traits du visage détendus, surtout autour de la bouche. Celle-ci peut être légèrement entrouverte pour éviter toute crispation.
3. DÉCRISPER LES MÂCHOIRES
Cet exercice est recommandé aux personnes qui ont souvent les mâchoires crispées. Répétez-le au minimum trois fois, jusqu’à ce que le muscle soit complètement détendu.
EXÉCUTION
Placez tous vos doigts réunis (à l’exception des pouces) sur les joues, à l’endroit où les doigts sont le plus fortement repoussés lorsque vous serrez les mâchoires (fig. 3). Faites une expiration complète, puis prenez une inspiration nasale profonde. En rétention poumons pleins, serrez lentement les dents tandis que les doigts résistent puissamment, empêchant ainsi le serrage à fond des dents, même si celles-ci se rejoignent. Maintenez cet effort 3 secondes environ. À l’expiration (environ 10 secondes), relâchez l’effort et massez les masséters en faisant des cercles dans un sens puis dans l’autre, jusqu’à ce que vous sentiez la détente s’installer.
4. LIFTER LES JOUES
Recommandé à tous, cet exercice permet de raffermir rapidement les joues, puis de développer leur volume musculaire. Les joues galbées, mieux remplies et plus fermes, rajeunissent l’aspect du visage. L’exercice demande un travail groupé intense, non seulement de l’orbiculaire des lèvres, mais aussi des zygomatiques, qui sont les muscles du rire, et en partie des masséters. Lifting assuré !
EXÉCUTION
Faites une expiration complète, puis une inspiration nasale profonde, du ventre jusqu’au cou. Mettez les lèvres en avant, comme pour prononcer un « E », afin d’effacer les sillons nasogéniens et autres plis, et maintenez-les fermement. Introduisez le bout des index légèrement repliés, jusqu’au premier pli, des deux côtés des lèvres, sans les déformer, en les dirigeant vers les grands zygomatiques (fig. 4). Expirez par la bouche (6 à 10 secondes). Celle-ci tente de se fermer comme pour prononcer un « O » pointu, mais en est empêchée par les bouts des doigts qui la maintiennent fermement. Observez un temps de repos de quelques respirations.
CONSEILS
Au début, contrôlez votre position devant un miroir pour vérifier qu’il ne subsiste aucun pli. Si certains persistaient sur les joues, utilisez vos pouces pour les effacer. N’introduisez les index que jusqu’au premier pli, et veillez à ne pas crocheter les doigts comme pour transpercer les joues par l’intérieur.
5. RAFFERMIR LE DESSOUS DU MENTON ET LE COU
Cet exercice a une importante action raffermissante sur l’ovale du visage, la région sous-mentonnière et le cou. Il tonifie et galbe les masséters (muscles de la mastication) dans leur partie haute, sous les pommettes et les contours du visage.
EXÉCUTION
Les deux poings collés et rassemblés, placez les deux pouces sous l’os du menton, de manière à ce que le menton s’insère dans le creux formé entre la pulpe des pouces et les index repliés. Faites une inspiration nasale complète, ouvrez grand la bouche verticalement. À l’expiration par la bouche (6 à 10 secondes), exercez une puissante pression des pouces vers le haut pour tenter de fermer la bouche (fig. 5). La bouche doit résister au maximum et se maintenir ouverte verticalement, le plus possible.
CONSEILS
Fermez les poings et rassemblez-les avec les pouces pour ne former qu’une force commune plus puissante, dirigée sous le menton. Si vous n’avez pas suffisamment de force dans les bras, vous pouvez poser les coudes sur une table et utiliser cet appui pour enfoncer le menton sur les pouces. Une fatigue peut être ressentie au niveau des masséters dans leur partie haute et des muscles du cou. C’est un excellent critère pour déterminer un bon travail musculaire.