LE CARRÉ DES SIMPLES, UNE INVITATION à LA MÉDITATION
Le « Carré des simples » est un jardin que l'on trouvait jadis dans les lieux de vie des hommes et femmes d'église. Sa vocation première était de pourvoir, avec quelques fruits et légumes, à la subsistance des moines. C'était donc avant tout un potager. Il était agrémenté de fleurs qui servaient à la décoration de l'autel et de plantes aromatiques thérapeutiques, appelées plantes officinales ou simples. L'appellation « simples » remonte au Moyen Âge et correspond aux plantes médicinales que les moines utilisaient pour fabriquer des remèdes à partir d'une seule plante, par opposition aux remèdes composés qui en comptaient plusieurs. En 812, Charlemagne fit promulguer le Capitulaire De Villis, dans lequel fut dressée la liste de presque une centaine de simples dont la culture était ordonnée dans les jardins royaux.
Parmi les simples figuraient de nombreuses plantes aromatiques pour préparer les remèdes et tisanes, comme la mélisse, grâce à laquelle sera concoctée en 1379 l'eau des Carmes, des plantes condimentaires pour relever les plats (thym, sauge) et des plantes comestibles (chou, carotte). Certaines d'entre elles étaient considérées comme des mauvaises herbes : l'achillée aux vertus hémostatiques, la consoude utilisée pour soigner les blessures et les fractures, le millepertuis pour soulager les brûlures et la guimauve pour soigner les maux de dents. Au fil du temps, la liste des simples s'agrandit, grâce à l'influence d'ecclésiastiques comme Sainte Hildegarde de Bingen, qui écrivit de nombreux ouvrages sur les plantes médicinales. Elle fut aussi la première à faire le lien entre la santé du corps et celle de l'âme. L'appellation « carré » des simples vient du fait que ces jardins étaient de forme carrée et composés de parterres surélevés, non sans rappeler la géométrie sacrée des Mandalas. Leur centre avait une vocation spirituelle. Généralement, y était disposés une fontaine ou un point d'eau qui, au-delà de l'esthétisme, avaient vocation à attirer les oiseaux, créatures divines reliant la terre et le ciel.
De nos jours, le ramassage des simples a donné lieu à des recherches en Bretagne, permettant d'inscrire cette pratique au Patrimoine Culturel Immatériel en France. Si la culture des simples a permis à nos ancêtres de prévenir la maladie et de guérir leurs maux, nous pouvons penser que dans une démarche de simplicité volontaire, un retour au monde végétal pourrait nous permettre, au-delà du simple fait de nous soigner plus naturellement, de nous harmoniser avec le rythme de la nature, et ainsi laisser dans nos vies plus de place à la contemplation et à la méditation.