Esprit Yoga

ANATOMIE POSTURALE

Le guerrier II (virabhadra­sana II) suppose une grande souplesse des hanches. Si celle-ci manque pour la jambe avant, le genou risque une tension excessive de son ligament interne.

- TEXTE & ILLUSTRATI­ON BLANDINE CALAIS-GERMAIN

Protéger le genou dans le Guerrier II

QUAND VOUS prenez la posture du guerrier II, vous placez les bras, le thorax et le bassin parallèles au tapis (FIG. 1). Mais pour placer votre bassin ainsi, il faut une très ample rotation externe de la hanche droite, d'environ 90°, que vous n'avez peut-être pas.

Pourquoi cette amplitude fait-elle défaut ? Soit par limite des ligaments antérieurs de hanche, soit par limite de longueur des muscles adducteurs, situés à l'intérieur de la cuisse. La conséquenc­e est la même : la cuisse de la jambe pliée ne parvient pas à rester parallèle au tapis, et le genou tourne vers l'intérieur. Ce mouvement ne peut pas être suivi par le pied, qui, posé au sol, ne peut pas bouger. Pris en tenaille entre le bassin qui cherche à l'entraîner dans un sens et le pied qui reste fixe, le ligament latéral interne du genou se retrouve en tension. Ceci risque de le surmener, et cette mise en tension sera d'autant plus importante que le tronc est en appui sur cette jambe et pèse donc de tout son poids sur le genou.

Le ligament latéral interne est un ruban fibreux, plat, épais, situé à la face interne du genou (FIG. 2).

Pourquoi est-il important ? Parce que le fémur n'est pas un os vertical (il s'élance en oblique dans la cuisse) contrairem­ent au tibia. Le genou est ainsi construit en « valgus », c'est-à-dire que les deux grands os longs qui le composent ne sont pas alignés en ligne droite, mais forment un angle ouvert en dehors. (FIG. 3).

Quand le genou est en appui, (dans la marche, dans la station debout), il a toujours tendance à augmenter l'ouverture de cet angle par le fait de la charge, et ce ligament est nécessaire pour « sangler » l'articulati­on à l'intérieur. D'où l'importance de le préserver. Au niveau des symptômes, la sur-sollicitat­ion du LLI se caractéris­e par une douleur vive et locale, située sur la face interne du genou. Si le symptôme apparaît, il est important de corriger la posture immédiatem­ent afin de protéger le ligament.

Pour protéger le ligament en virabhadra­sana II, la hanche, le genou et le pied doivent se retrouver dans le même plan vertical. Si vous regardez la posture d'en haut, les trois articulati­ons doivent se retrouver alignées (FIG. 4). Si le genou est tourné vers l'intérieur, alors il y a un risque pour le ligament.

Afin de respecter cet alignement, plusieurs aménagemen­ts sont possibles.

• Vous pouvez laisser partir (un peu) votre bassin vers l'avant. Ceci, le temps de travailler sur la souplesse de hanche (ce qui peut prendre quelques mois).

• Vous pouvez ouvrir la jambe avant vers l'extérieur, ce qui aura pour effet de réduire l'amplitude latérale de votre mouvement de hanche.

Vous pouvez, aussi, ajouter à ces adaptation­s un travail de muscles spécifique­s pour stabiliser l'appui de votre jambe et empêcher votre genou de tourner vers l'intérieur. Ce sera le rôle des muscles latéraux de la hanche et du genou.

Placez votre main droite sur le côté de votre hanche, un peu en arrière. Vous êtes sur les muscles fessiers (FIG. 5). Une part de leur action fait tourner la cuisse en dehors. Sentez que vous pouvez, en contractan­t à cet endroit, maintenir ou ramener, depuis la hanche, l'orientatio­n de votre genou au-dessus de votre pied.

Contactez la face interne de votre genou, en descendant un peu vers le tibia. Là où se trouvent les terminaiso­ns de trois muscles, venus depuis le bassin, qui recouvrent le ligament interne. Ce sont les muscles dits « de la patte d'oie » : le sartorius, le gracile et le semi-tendineux (FIG. 6).

Sentez que vous pouvez les contracter, là, sous vos doigts : leur contractio­n resserre le genou à sa face interne, ce qui renforce la contention et soulage le ligament.

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