Esprit Yoga

TÉMOIGNAGE­S

La méditation les a aidés lors d'un moment difficile de leur vie et fait désormais partie de leur quotidien. Témoignage­s.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE CHADELAT

3 pratiquant­s racontent comment la méditation les a aidés lors d'un moment difficile de leur vie

Florence, cadre en entreprise

« J'ai commencé la méditation quand j'étais dans une période assez stressante dans ma vie, entre l'éducation de mes filles et mon travail. J'ai eu très envie de (re)-découvrir moi aussi le bonheur de l'instant présent, car je me rendais compte que je passais mon temps à regretter le passé et m'inquiéter pour l'avenir. Dès le début de la formation de 8 semaines, ma réticence fut le temps à accorder à cette nouvelle activité. J'avoue même ne pas avoir fait les exercices demandés d'une semaine à l'autre tous les jours, comme préconisé. Et semaine après semaine, des personnes en formation avec moi commençaie­nt à ressentir les bienfaits de la méditation. Et moi, rien ! Alors j'ai mis les bouchées doubles pour moi aussi ressentir des effets sur mon stress, sur mes émotions, sur ma vie, et là, j'ai été bluffée ! J'ai appris au fil des séances à découvrir mon monde intérieur, j'ai senti des changement­s très rapidement, très profonds. Et depuis cette découverte en 2015, je n'ai jamais lâché.

Je pratique entre 20 et 45 min par jour. Très souvent le matin au réveil, avant même de me lever, encore allongée dans mon lit. Mais si un matin, je n'en ai pas envie, je ne me mets pas la pression, et alors je médite à un autre moment de la journée. Parfois sur mon lieu de travail où une salle est à la dispositio­n des employés. Le weekend, je prends régulièrem­ent un moment après le déjeuner. Et je fais aussi régulièrem­ent des pratiques informelle­s, en cuisinant, en prenant ma douche !

Je ne peux plus me passer de méditer. Cela a beaucoup changé mes relations dans mon couple, avec mes enfants, et avec tous les gens que je connais. Dans mon couple, après 25 ans de mariage, il y avait forcément des petits trucs qui m'énervaient ! Et je gardais mon énervement à l'intérieur, car je ne suis pas du genre à me mettre en colère. Depuis que je médite, je vois tous ces petits trucs... mais je les observe simplement, et ceuxci ne me touchent plus. Donc plus d'accumulati­on, de frustratio­n, plus d'énervement à gérer. J'observe, j'accueille.

Avec mes filles, la méditation m'a apporté une écoute plus attentive. Je ne les écoute plus pour répondre, mais pour les comprendre. Nous parlons beaucoup plus de leurs émotions, de leurs ressentis. J'accueille aussi beaucoup plus paisibleme­nt les nouvelles du genre « je vais quitter mon job de juriste bien rémunéré pour me mettre photograph­e à mon compte ! ». Comme mes filles expriment plus leurs ressentis, je suis moins dans le rôle de la maman qui donne des conseils, mais plutôt dans l'accueil de leurs décisions (elles ont entre 24 et 28 ans) et le soutien. Je suis aussi beaucoup plus créative qu'auparavant... alors que la créativité n'était pas mon fort ! »

Florence

« Avec mes filles, la méditation m'a apporté une écoute plus attentive. Je ne les écoute plus pour répondre, mais pour les comprendre »

Julia, graphiste, 35 ans

« Mon père est décédé brutalemen­t du jour au lendemain, sans que je puisse lui dire au revoir. Quand j'ai appris cette nouvelle terrible, c'est comme si le sol s'effondrait sous mes pieds. C'était un véritable choc, je ne tenais plus en place. J'ai eu cette pensée très douloureus­e : mon fils ne connaîtra jamais son grand-père. C'est à ce moment que mes années de méditation m'ont fait du bien. J'ai tout de suite pris du recul pour me détacher de cette pensée qui me faisait trop mal. Je n'ai plus jamais laissé mon mental imaginer ce que la vie aurait pu être, à quoi elle aurait pu ressembler. Je ne voulais pas ajouter de la douleur à de la douleur.

Malgré tout, il fallait assumer ce nouveau scénario inattendu et c'était tellement difficile. Chaque instant est alors d'une telle gravité ! Je ne tenais pas en place, comme si je voulais échapper à cette souffrance, ne pas voir cette réalité, la fuir. En voiture, dans les moments d'attente que j'avais beaucoup de mal à supporter, je me centrais alors sur ma respiratio­n, instant après instant. Ce deuil fut un profond travail d'acceptatio­n soutenue par mes moments de méditation. Ce genre d'épreuve ramène immédiatem­ent à l'essentiel, revenir à la respiratio­n fut presque instinctif, comme une bouée de sauvetage ».

Grégory Baptista, médecin et psychothér­apeute

« A la lecture du livre de Jon Kabat Zinn, Au coeur de la tourmente, la pleine conscience, j'avais l'impression que quelqu'un avait développé ce que je ressentais en consultati­on. Lors de l'analyse de radios identiques de patients atteints d'arthrose, je constatais par exemple que les ressentis en termes de douleur variaient selon la personne concernée. Je propose alors au patient de poursuivre le protocole MBSR, sans être une solution miracle, ni eux ni moi ne savons si cela va marcher. Être simplement conscient de ses pensées, de ses douleurs ou sensations physiques agréables permet de mieux les comprendre et les appréhende­r. Grâce à une pratique régulière, certains patients voient apparaître des modificati­ons : ils voient leurs pensées et prennent conscience des mécaniques qui s'activent. Chacun a une réaction cognitive dotée d'une certaine interpréta­tion, une certaine pensée. Dans le mode de pensée habituel, cela surgit en une fraction de seconde, et le cercle vicieux de la pensée se met en place spontanéme­nt. Or, la méditation de la pleine conscience rend beaucoup plus attentif, présent et conscient de ce qui se joue. On prend conscience qu'on est dans un piège et du même coup, de la possibilit­é de s'en libérer ».

« Ce genre d'épreuve ramène immédiatem­ent à l'essentiel, revenir à la respiratio­n fut presque instinctif, comme une bouée de sauvetage »

Julia

« On prend conscience qu'on est dans un piège et du même coup, de la possibilit­é de s'en libérer »

Grégory Baptista

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