La méditation en 8 questions
La méditation ouvre un nouveau regard intérieur qui, pratiqué avec régularité, nous permet de prendre du recul et d'apaiser notre esprit. Mais qu'est-ce que la méditation au juste, et pourquoi estelle si bénéfique ? Petit tour des questions-clés.
VOUS EST-IL déjà arrivé de regarder avec un mélange de curiosité et d'admiration cette personne rencontrée au hasard d'une soirée qui vous explique posément que chaque matin, avant son petit déjeuner, elle s'octroie 20 min en tête à tête avec elle-même ? Tout à coup, elle semble drapée d'une nouvelle aura. Vous aimeriez peut-être en faire autant : vous écarter de la rumeur du monde, revenir chaque matin à vous-même. Au fil des années, stress, soucis, inquiétudes et regrets s'accumulent, les ruminations du passé s'amassent, les craintes au sujet du futur s'amplifient. Dans ce scénario, la méditation peut s'avérer un allié précieux.
1 LA MÉDITATION, C'EST QUOI AU JUSTE ?
Le terme anglais pour méditation est mindfulness, qui est le plus souvent traduit par « méditation de pleine conscience ». D'autres préfèrent les expressions « pleine-présence » ou « pleine-attention », qu'ils considèrent plus adaptés à la réalité de la méditation. La méditation de pleine conscience consiste à revenir au moment présent grâce au retour conscient au souffle et à l'attention au corps. Dans les texte de la tradition, la méditation est considérée comme la septième étape (sur huit) du chemin du yoga. Elle est alors comprise comme « raffinement de l'activité mentale ». C'est un état de pleine conscience sans concentration, apaisé, où l'esprit créé pas ou peu de pensées. S'arrêter quelques minutes par jour pour retrouver la paix de l'esprit et du coeur est l'invitation toute simple de la méditation. Elle nous invite à ralentir, à se dépouiller des encombrements mentaux pour mieux se retrouver. Grâce à une attention portée à la conscience corporelle et à la respiration, elle nous permet de revenir à notre monde intérieur : observer nos souffrances, nos dénis, nos élans étouffés afin de les appréhender, les accepter, s'en libérer et finalement s'apaiser.
2 QU'EST-CE QUE LA MÉDITATION N'EST PAS ?
La méditation, ce n'est pas « se vider la tête », se détacher de tout, ce n'est pas non plus une injonction, ni à rester zen ni à lâcher prise en une seconde. Comme l'enseigne le professeur de méditation zen Fabrice Midal, la méditation est une invitation à déculpabiliser et à ne pas se juger, non à se fixer de nouveaux objectifs ou performances. Elle n'a aucune utilité propre puisqu'il suffit de reconnaître, tel un processus de raffinement, le bijou de notre être profond dans le moment présent. Il s'agit de se libérer de pression de savoir si on va réussir ou pas.
3 COMMENT ÇA MARCHE ?
L'essence de la pratique méditative est infiniment simple. Pour débuter, il faut juste s'asseoir confortablement, le dos bien droit, fermer les yeux et se concentrer sur son souffle. On peut se munir d'un timer de cuisine ou programmer son téléphone sur une durée de 3 min. Au commencement, félicitez-vous intérieurement de vous accorder le droit de vous asseoir les yeux fermés sans « rien faire ». Puis portez votre attention sur l'air qui entre et sort de vos narines. Soyez conscients de votre corps, des sensations physiques de vos pieds sur le sol, de votre bassin sur la chaise. Tout au long de votre séance, observez les pensées qui traversent votre esprit sans chercher à les fuir. Laissez-les partir en ramenant votre attention à la respiration. Ça y est, vous avez pratiqué votre première méditation ! Vous pourrez par la suite allonger progressivement la durée de vos séances.
« Pour débuter, il faut juste s'asseoir, fermer les yeux et se concentrer sur son souffle »
« La méditation ouvre un tout autre champ, celui de l'être dans le moment présent, et c'est un délicieux soulagement »
4 POURQUOI EN PARLE-T-ON TANT ?
D'abord en raison de ses bienfaits pour la santé (voir l'article « La méditation qui soigne », p. 54) et le bien-être, validés par la science. Ensuite, parce qu'au quotidien, le rythme de nos journées se déroule en un flux tendu ponctué d'innombrables tâches à accomplir, de la révision de la voiture à la présentation d'un Powerpoint. Quand on connaît les méfaits du stress sur notre organisme, de l'augmentation du risque d'accident cardio-vasculaire jusqu'aux maux psychologiques comme l'anxiété ou l'insomnie, on ne peut que ressentir le besoin de ralentir. Face à ces exigences, la méditation permet de reprendre haleine. Elle instaure une autre manière d'être, éloignée du culte de la performance régissant trop souvent notre société et nos rapports sociaux. C'est justement ce qui nous fait du bien. On baisse les armes, on lâche les peurs et le stress, exit la compétition. Adieu les injonctions, rien à prouver, rien à chercher, aux oubliettes les comparaisons qui nous gâchent la vie, adieu la quête du « toujours plus ». Alors que la société nous presse « à faire », à nous dépasser en prouvant sans cesse notre utilité, la méditation ouvre un tout autre champ, celui de l'être dans le moment présent. Et c'est un délicieux soulagement.
5
QUELS SONT SES EFFETS ?
Les études scientifiques ont démontré chez les pratiquants une diminution du stress, une amélioration de la stabilité attentionnelle, de la concentration et de l'équilibre émotionnel global. Une étude d'imageries cérébrales a prouvé que la méditation ralentissait les effets du vieillissement cérébral1. Méditer amène à la conscience de soi, un élargissement de la conscience. Opérant comme un garde-fou, la méditation crée de l'espace intérieur, renouvelle le corps et l'esprit, on se sent plus neuf ! En mettant à distance les pensées pour les observer, nous nous relions avec notre être profond, aussi paisible que l'eau immobile d'un lac, mais aussi à notre créativité. Les apports de la méditation sont pluriels, allant jusqu'au développement de qualités positives comme le désir de s'engager, de partager, d'aider et de donner. Méditer est une expérience intime aux effets libérateurs.
6 Y A-T-IL DES OBSTACLES À LA MÉDITATION ?
L'ennui : dans ce cas, revenez à la conscience de votre respiration, mettez à distance la pensée « je m'ennuie », observez votre environnement. Les courbatures, des inconforts physiques, une jambe qui voudrait s'étirer : dans ce cas, posez votre conscience et votre respiration sur cet inconfort physique. Dans tous les cas, vous n'êtes pas tenu à une immobilité parfaite, vous pouvez très bien remuer vos membres mais toujours avec conscience. Le doute, qui se traduit par des pensées comme « cela ne sert à rien ». Dans ce cas, rappelez-vous que justement, l'objet de la méditation consiste à être présent sans aucune fonction, puis revenez à votre souffle.
7MÉDITATION
POURQUOI LA
NOUS REND-ELLE PLUS LIBRES ?
Nous aimons nous raconter en boucle le film de notre vie : nos échecs et nos gloires, nos moments d'émotion amoureuse ou de réussite professionnelle, nos parents imparfaits, cet ami décevant, un amoureux un peu lâche, etc. Le problème est que ressasser, anticiper, et même magnifier le passé, entretient un flot continu de pensées qui, à la longue, nous fait passer à côté de notre existence. De même, devancer sans cesse l'avenir nous empêche de savourer le moment présent. La méditation met de la distance à l'égard de ce récit de notre vie, avec à la clef, la liberté. La liberté d'agir plutôt que de réagir, de s'exprimer plutôt que de répondre, l'ouverture aux événements plutôt que la fermeture et ses inévitables tensions. A terme, cette ouverture nous offre des perceptions plus aiguisées, l'accueil d'intuitions, une écoute plus fine de nous-mêmes, des autres et de notre environnement. Nous nous transformons, nous évoluons. La pratique devient un mode de vie !
8
Y A-T-IL DES CONTREINDICATIONS ?
Tout le monde peut méditer. Toutefois, les personnes qui souffrent de traumatismes graves et diagnostiquées comme tels, de graves dépressions, devraient aborder la méditation dans un cadre de suivi médical.
« La méditation met de la distance à l'égard de ce récit de notre vie, avec à la clef, la liberté »
« Méditer est une expérience intime aux effets libérateurs »