Édito
UN SOURIRE exprime ce que nous ressentons en nous : satisfaction, contentement, bonheur. Dans de nombreuses cultures et religions, cette porte d'accès à notre intériorité joyeuse a été mal vue, rabaissée, parfois interdite. Car le sourire révèle notre intériorité, qui est censée rester privée et surtout il montre notre bonheur, alors que selon certaines cultures ou religions nous devrions vivre dans la culpabilité et la retenue.
Dans la culture asiatique, en revanche, le sourire est bien présent et accepté en tant que tel. Le sourire du Bouddha ou le fameux « sourire d'angkor », dont parlent nos journalistes dans ce numéro, en sont la meilleure preuve. Rien d'étonnant alors que ce soit au sein de la tradition asiatique qu'est apparue la pratique dite du « sourire intérieur ».
C'est une pratique qui puise dans la sagesse du yoga et dans une vision de l'être humain qui n'établit pas de distinction entre corps et esprit. Dans cette tradition, nos attitudes mentales, nos pensées, les dispositions de notre esprit ont un impact direct sur notre corps, son état, son fonctionnement. Envoyer donc des pensées positives à nos organes, les doucher de lumière et de chaleur, leur sourire avec gratitude pour le travail qu'ils accomplissent, tout cela peut avoir un effet apaisant et régénérant, peut apporter à nos organes le soutien et l'encouragement dont ils ont besoin pour enclencher un processus de renouvellement ou même d'autoguérison. On pense à cette belle phrase que Roger Clerc avait posée comme fondement du yoga de l'énergie : « là où va la conscience, va le souffle ; là où va le souffle, va l'énergie ».
Au-delà de ces formidables liens entre corps et esprit, le sourire intérieur est aussi une métaphore puissante qui nous rappelle combien il est important de cultiver une attitude accueillante et positive. C'est un autre enseignement précieux que le yoga nous a transmis. Envisager notre corps, la vie, nos relations aux autres et au monde sous un jour ouvert, confiant, bienveillant. Nul besoin pour cela d'arborer en permanence sur son visage un sourire béat. Il s'agit juste de laisser jaillir l'élan qui vient du coeur, la lumière qui empreigne nos cellules, l'énergie puissante et régénérante qui traverse tout notre corps. Et si à partir de cet élan un joli petit sourire prendra forme sur nos lèvres, laissons les autres en profiter !