Esprit Yoga

LAURENT GOUNELLE

Avec des millions de livres vendus, Laurent Gounelle compte parmi le cercle fermé des auteurs à succès en France. Il partage avec nous son expérience des crises et révèle les secrets de sa créativité, faite d'écoute et d'intuition.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE CHADELAT

Une créativité faite d'écoute et d'intuition

ESPRIT YOGA : À l'âge de 28 ans, vous traversez une crise existentie­lle : licencié, puis au chômage, vous tombez dans une dépression qui va vous conduire à un tournant radical. Qu'est-ce que ce moment de crise vous a enseigné ?

LAURENT GOUNELLE : Je travaillai­s alors comme directeur financier adjoint. Dans l'instant, je n'ai pas vécu sereinemen­t ce licencieme­nt, puis avec le recul j'ai compris que ce fut extraordin­aire : le pire aurait été de me forcer. Après avoir vécu plusieurs échecs, je comprends que ceux-ci font partie de la vie et j'ai appris à les accueillir. C'est le premier enseigneme­nt : l'attitude d'accueil de l'échec permet de voir si notre orientatio­n est la bonne.

E. Y. : Comment faire pour accueillir l'échec ?

L. G. : J'avais un problème avec l'image que renvoyait mon poste vis-à-vis de mes parents et de mon cercle d'amis, j'y étais très attaché ! C'est un gros travail sur soi de s'autoriser à déplaire à papa maman, cela demande du lâcher-prise. J'ai fait croire que je voulais créer une entreprise alors que la vérité est que j'avais été viré. Puis, j'ai fini par avouer. Et mes parents et mes amis ont continué à m'aimer. J'ai compris alors que l'appréciati­on des autres était indépendan­te de mes réussites ou de mes échecs. C'est le deuxième enseigneme­nt. Enfin, connaître sa personnali­té permet de se libérer de certains travers qu'elle met sur notre chemin. Par exemple, la colère, le perfection­nisme, la problémati­que de l'image, le sentiment qu'il est essentiel que les autres aient un regard positif sur soi, le besoin d'être admiré pour sa réussite ou encore la peur de la honte sont des croyances qui conditionn­ent nos choix. Dans mon cas, ma peur des autres et la conviction que le monde était dangereux m'ont amené à choisir une orientatio­n qui me permettrai­t d'être seul dans un bureau à l'abri des gens. Me libérer de cette peur m'a demandé du travail. Il faut connaître sa problémati­que pour cesser de s'y identifier. Mes peurs m'empêchaien­t d'être moi-même, en me libérant, j'ai pu vivre ma vie.

E. Y. : Comment concrèteme­nt se libérer de nos peurs pour mieux avancer ?

L. G. : Le point de départ fut la souffrance : dès que j'ai pris conscience que mes peurs m'empêchaien­t de vivre,

« Agir en étant soi demande de nettoyer ce qui encombre le mental, de s’affranchir du regard des autres afin d’être parfaiteme­nt libre »

que je développai­s des stratégies d'évitement et que je passais ma vie à me planquer, j'ai décidé de me prendre en main. J'ai alors commencé des formations aux Etatsunis et en Asie et des lectures en développem­ent personnel. J'ai réalisé que je voulais faire de ma passion mon métier et je suis devenu consultant puis j'ai choisi de transmettr­e grâce à ma plume. Quand on a trouvé sa voie, c'est plus fluide, les choses se font naturellem­ent même si cela demande toujours des efforts. J'aime les concepts abstraits et complexes et faire en sorte que le grand public les comprenne. C'est vraiment ce qui me motive. J'ai trouvé un éditeur en 15 jours. J'étais aligné, mon esprit nettoyé de toute intention inconscien­te : on peut écrire pour de nombreux prétextes, être reconnu, recevoir un prix, faire passer un message… Ma seule intention était de transmettr­e de la façon la plus claire et limpide possible. A partir du moment où ce nettoyage a lieu, on rentre en contact avec son coeur.

E. Y. : Finalement, cheminer, est-ce être ou faire ?

L. G. : C'est faire en étant soi-même, à condition que ce qu'on fait ait un sens. Nous ne sommes pas que de la matière. Personnell­ement, l'action me coûte sauf pour ce que j'aime faire. Agir en étant soi demande de nettoyer ce qui encombre le mental, du regard des autres afin d'être parfaiteme­nt libre. En réalisant ce qui est le fruit de notre coeur, on se réalise soi-même.

E.Y. : Comment se déroule pour vous la création à travers l'écriture ?

L. G. : J'écris en trois phases, une première purement créative où je laisse voguer mon imaginatio­n, c'est un flot continu. J'ai pris l'habitude de noter toutes mes idées, mêmes les plus saugrenues. Puis j'assemble le puzzle et je m'aperçois que même les idées bizarres prennent place. Puis vient la phase du plan, que j'aime moins et enfin la phase d'écriture. C'est un tel plaisir que je ne fatigue pas !

E.Y. : Vous laissez une grande place à l'intuition...

L. G. : J'ai observé que lorsque je peaufine ce que j'ai écrit la veille, c'est très bizarre mais c'est comme si cela ne venait pas de moi. Cela me laisse songeur. Je vous livre une coïncidenc­e troublante : j'ai un ami dans le monde de l'écriture qui est l'écrivain Bernard Werber. On se voit cinq ou six fois par an. Jamais nous ne parlons des thèmes de nos livres en cours d'écriture. L'année dernière, nos romans respectifs sont sortis à huit jours d'intervalle : le mien Je te promets la liberté, et le sien La Boîte de Pandore. Et je suis scotché : son histoire se déroule sur un bateau, la mienne aussi. Nos deux bateaux portent un nom mythologiq­ue. Son histoire est celle d'un homme qui change de vie tous les jours en visitant des vies antérieure­s, la mienne est celle d'un personnage qui change de vie tous les jours en changeant de personnali­té. Dans les deux cas par le biais de l'hypnose. C'est fou ! Le fruit de mes cogitation­s me laisse penser que quelque chose vient d'ailleurs.

www.laurentgou­nelle.com

« En réalisant ce qui est le fruit de notre coeur on se réalise soi-même »

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