INITIATIVES & ALTERNATIVES
RÉCIT D'UN VOYAGE HORS DU COMMUN En juillet 2019, Myriam L'hostis, professeure de yoga à Nantes, a réalisé un rêve un peu fou : emmener en voyage, sur un bateau, ses élèves incarcérés dans un centre de détention et ceux de ses cours en ville. Un moment d'
Le projet fou de Myriam L'hostis : emmener des détenus en croisière !
SON ENSEIGNEMENT, tourné vers le coeur, Myriam le partage bénévolement depuis plusieurs années avec des personnes incarcérées. « On se pose tous les mêmes questions. Quel est le sens de cette vie ? Quelle est ma place ici ? Les personnes en prison aussi. Le yoga parle beaucoup de bienveillance. Si on essayait de la mettre en pratique ? ». Après de longues démarches avec l'administration pénitentiaire, 28 personnes, détenues et non détenues, ont embarqué à bord d'un voilier pour 6 jours en mer, au gré des îles du Ponant. Yoga is change
Avec l'association qu'elle a fondée, YOGARTDEVIVRE, Myriam porte des actions d'insertion par le yoga en milieu carcéral et dans la rue. Pensé et préparé comme un séjour de rupture, le projet Lever les Voiles fut la première sortie dans le monde extérieur depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, pour ces détenus purgeant de longues peines. « Pour les autres élèves aussi, il y avait rupture car ils ont dû sortir de leur zone de confort. Le yoga lève le voile sur l'autre. La personnalité peut ne pas être aimable mais l'être en chacun a droit à l'amour véritable. On sait combien le yoga est une philosophie de la responsabilisation. Il ne s'agit pas d'excuser quoi que ce soit. Le yoga a été notre trait d'union, on était là pour faire avancer le bateau ensemble ». Très vite, entre pratique sur le tapis et vie collective, les frontières s'effacent, et la petite communauté goûte la liberté d'aller voir derrière l'horizon.
Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait
Le projet Lever les Voiles a sollicité des niveaux décisionnels multiples. Un an et demi de démarches ont été nécessaires auprès du Procureur de la République de Nantes ou encore du Service d'insertion et de Probation pour sélectionner les élèves du cours de Myriam autorisés à sortir et délivrer les accords. Aucun officier pénitentiaire n'était présent à bord. « Nous avions choisi de placer cette expérience sous le signe de la confiance. Un an avant le départ, mes élèves du centre-ville avaient entretenu une correspondance avec mes élèves du centre de détention. Le yoga permet de repenser notre contrat social. Il est très politique, au sens de “qui fait tenir ensemble” ». Bien au-delà des asanas, le yoga relie les coeurs et invite à larguer les amarres sur les préjugés et les croyances limitantes. Pour Myriam, même si la date n'est pas encore arrêtée, un deuxième voyage aura bien lieu, c'est certain, avec à bord un journaliste de Esprit Yoga.