Esprit Yoga

ANATOMIE POSTURALE

Situé entre les côtes basses, à l'avant, l'épigastre est une région aux multiples viscères qu'il faut penser à mobiliser. Certaines postures sont particuliè­rement indiquées pour le mettre en mouvement.

- TEXTE & ILLUSTRATI­ON BLANDINE CALAIS-GERMAIN

Mobiliser l'épigastre pour une pratique plus fluide dans les postures debout

PLACEZ-VOUS EN position debout ou allongée sur le dos et posez vos mains en bas de la cage thoracique, sur les côtés, en cherchant la limite la plus basse des côtes. Puis venez vers l'avant et continuez à suivre le bord, en venant vert le milieu. Observez qu'ici le contour de la cage n'est pas rectiligne, mais que les cartilages costaux de droite et de gauche dessinent une grande échancrure qui remonte jusqu'à la pointe du sternum. Si vous placez vos doigts entre les deux, vous êtes dans le haut de l'abdomen, entre la pointe du sternum et le nombril (FIG. 1), dans une région appelée l'épigastre (autour de l'estomac).

De nombreux viscères

Cette zone abrite des viscères bien connus. Juste en arrière de la peau se trouvent l'estomac (au milieu/ gauche), le foie (à droite, en grande partie sous les côtes), et la partie transversa­le du colon. En arrière d'eux se placent le pancréas et le duodénum (début de l'intestin grêle). Et si on visitait plus en arrière encore, on trouverait deux gros vaisseaux juste devant les vertèbres (l'aorte abdominale, la veine cave), longés en avant par les filets nerveux du plexus solaire, et, de chaque côté, le haut des reins. Cette région abrite donc de nombreux viscères appartenan­t à plusieurs systèmes différents.

Dans la vie courante, il est fréquent que nous nous installion­s en position assise avec le tronc un peu enroulé vers l'avant. L'épigastre est alors un peu tassé sur lui-même et tous ces viscères sont confinés. Dans cette configurat­ion, la micro-circulatio­n est entravée et l'état des tissus, à terme, s'en ressent. À l'inverse, donner du mouvement à l'épigastre favorise la circulatio­n et le bon état tissulaire des viscères qui s'y trouvent. Au cours des séances de mouvement, il est donc intéressan­t de faire passer les côtes basses en position plus ouverte, ou d'alterner des positions fermées avec des positions ouvertes, pour le bienfait de chaque viscère de l'épigastre.

Côtes et bras, mains jointes

Pour cela, on peut explorer ce qu'apportent à la cage thoracique les mouvements des bras. Faisons l'expérience d'abord en position allongée, dos bien étendu sur le tapis, les hanches, genoux et chevilles fléchis,

pieds à plat. Dans cette position, joignez les deux mains et levez les mains et bras vers la tête et au-delà, jusqu'à emmener les mains quasiment jusqu'au sol (FIG. 2). Sentez qu'au cours de ce mouvement des bras, le sternum monte en direction de la tête et s'éloigne de la colonne vertébrale : votre cage thoracique a gagné en profondeur. Imaginez ce qui se passe pour le contenu du bas de la cage : les viscères de l'épigastre se sont replacés, différemme­nt. Revenez de ce mouvement, et refaites-le plusieurs fois dans les deux sens pour bien sentir et comprendre comment la transforma­tion du contenant (la cage thoracique) entraîne un déplacemen­t du contenu (les viscères). Dans certaines postures de yoga, on retrouve cet effet. Ce sont par exemple le début de la Salutation au soleil ou la fente basse (Anjaneyasa­na) et toutes celles où les bras sont levés avec les mains jointes (FIG. 3).

Côtes et bras, mouvements latéraux

Reprenons l'expérience au sol. Cette fois-ci, vous montez les bras par les côtés, en glissant les mains sur le sol à droite et à gauche, jusqu'à arriver au-delà de la tête (FIG. 4). Vous sentez maintenant que votre cage a réagi latéraleme­nt : l'angle de l'épigastre s'ouvre, les

côtes montent et aussi s'écartent les unes des autres. Votre cage thoracique a gagné en largeur. A nouveau, imaginez les viscères en bas de la cage : ils se sont replacés, mais différemme­nt de la première expérience. Revenez de ce mouvement, et pratiquez plusieurs fois en aller-retour pour sentir et comprendre la transforma­tion de la cage et des viscères.

D'autres postures offrent cet effet « élargissan­t » pour le bas de la cage. Ce sont par exemple la charnière / parighasan­a pour le côté où on lève le bras (FIG. 5), la demi-lune debout/ardha ahandrasan­a, et toutes celles où on élève les bras (ou un bras) par les côtés.

En alternant des postures qui « approfondi­ssent » l'épigastre avec celles qui l'« élargissen­t », on peut créer, lors d'une séance, une mobilisati­on des viscères de la région. On peut aussi les alterner avec des postures qui, au contraire, resserrent cette zone : postures en torsion comme Marichiasa­na, postures en flexion comme l'enfant. Les viscères passeront alors de positions profondes ou larges à positions rétrécies. Les viscères bougent parce qu'ils sont déformable­s et se disposent facilement en prenant la forme de leur contenant : le bas des côtes.

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