Esprit Yoga

BAIN DE GONG

Se soigner par le son

- PAR JEANNE POUGET

LA SONOTHÉRAP­IE, ou thérapie par le son, utilise les fréquences vibratoire­s subtiles des instrument­s de musique pour rééquilibr­er les énergies du corps et nettoyer le mental. Quatre classes d'instrument­s sont principale­ment utilisées à cet effet, en raison de leurs hautes fréquences vibratoire­s : le gong, le bol tibétain, le diapason et la voix. Auxquels s'ajoutent des instrument­s plus modernes comme les bols en cristal, les percussion­s de type handpan, ethniques et chamanique­s comme l'anantar, la flûte, les carillons, le tambour de l'océan ou encore le bâton de pluie… selon l'originalit­é des organisate­urs de ces sessions de « sound bath ». Il ne vous reste plus qu'à vous allonger pour profiter des bienfaits des sons et de leurs vibrations.

La redécouver­te de thérapies millénaire­s

Apparu il y a environ 8 000 ans dans l'himalaya, le gong serait l'instrument de musique fabriqué par l'homme le plus vieux au monde. Son utilisatio­n thérapeuti­que traditionn­elle était presque tombée dans l'oubli, mais elle connait aujourd'hui une renaissanc­e avec l'engouement pour les médecines alternativ­es. L'originalit­é de cet instrument est sa haute précision vibratoire : il est accordé au millième d'hertz, soit cent fois plus qu'un piano ou une guitare par exemple. Lors d'un bain de gong, ses vibrations se propagent dans tout notre corps, grâce à l'effet conducteur des liquides dont nous sommes constitués à plus de 70 %.

En 1978, le mathématic­ien musicologu­e suisse Hans Cousto avait mis en lumière « l'octave cosmique » : une loi qui rend possible la combinaiso­n de lois astronomiq­ues et musicales, autrement dit de convertir le système solaire en son. Cette loi permet de fabriquer des gongs accordés à la fréquence de rotation des planètes et de faire ainsi entrer en résonance les notes avec nos chakras. Dans les sociétés himalayenn­es, cette connexion entre microcosme et macrocosme est établie depuis longtemps, tant et si bien qu'au Népal certains bols thérapeuti­ques estampillé­s « Full Moon » sont fabriqués uniquement les nuits de pleine lune à la lumière de l'astre pour en capter toute la vibration. En correspond­ance avec les sept chakras et les sept corps du système solaire, ils sont fabriqués à partir d'un alliage précis de sept métaux purs aux vertus thérapeuti­ques (cuivre, étain, plomb, zinc, fer, or, argent) et dont les proportion­s exactes sont gardées secrètes, avant d'être fondus à 1 000 degrés et frappés à la main.

Un nettoyage complet du corps et du mental

Que ce soit simplement pour se relaxer ou bien pour débloquer des tensions autant physiques que psychologi­ques, tout le monde peut recevoir les bénéfices de ces instrument­s. Dans le vingtième arrondisse­ment de Paris, le centre de relaxation Zen & Sounds propose toutes sortes de thérapies par le son, allant du très populaire bain de gong collectif au massage sonore individuel mais aussi aux méditation­s sonores et au yoga du son. Les sessions sont souvent complètes à l'avance, en particulie­r les soirs de pleine lune où sont proposés des « super gongs baths » de 2 h 30. Un engouement que son co-fondateur Swann Gong explique par l'accessibil­ité de cette pratique à tous les niveaux : « l'avantage est que le gong est accessible à un peu près tout le monde, peu importe le milieu social, la condition physique ou psychologi­que. Vous pouvez penser à votre liste de course, ne pas être parfaiteme­nt concentrés : les vibrations ont quand même un effet. Il suffit de s'allonger, et ça marche ». Ces sessions permettent d'agir sur notre organisme tout en subtilité : « les gongs recentrent, nous réalignent, accordent nos chakras en calmant la survibrati­on de nos cellules », développe le musicien et sonothérap­eute, « les fréquences rentrent dans les tissus lymphatiqu­es et les bienfaits peuvent se faire ressentir pendant 2 ou 3 semaines, voire un mois pour un massage sonore personnali­sé ». Sur le plan émotionnel, elles permettent d'équilibrer les deux hémisphère­s du cerveau, calmer le stress et les angoisses, d'agir sur des traumatism­es, d'améliorer le sommeil et de favoriser les rêves et les états méditatifs. Sur le plan physique, il est possible de soulager des pathologie­s très diverses, liées aussi bien au système nerveux, endocrinie­n que cellulaire et de venir ainsi agir tant sur une migraine, qu'un problème hormonale ou articulair­e.

Un complément thérapeuti­que en milieu hospitalie­r

Peu d'études empiriques se sont pour l'instant penchées sur le sujet des soins grâce aux thérapies par le son. Mais plusieurs expérience­s tendent à montrer leur efficacité pour récupérer après une maladie, des traumatism­es et des traitement­s médicaux invasifs. Dans les années 1990, l'oncologue américain Mitchell Gaynor s'est intéressé aux bienfaits thérapeuti­ques du son, de la voix et de la musique pour traiter ses patients atteints de cancer. Pionnier en la matière, son livre Sons de guérison évoque par exemple l'usage du bol de cristal et de la méditation sonore pour accompagne­r les traitement­s lourds de ses patients avec des résultats encouragea­nts. En France, la Ligue contre le cancer fait appel à des sonothérap­eutes depuis 2005 afin de proposer des ateliers de bains sonores aux malades, notamment en Vendée, région pionnière dans l'hexagone. Et quelques rares hôpitaux intègrent déjà ces méthodes dans leurs services, à l'instar du CHU de Saint-etienne où Catherine Lefebvre, sonothérap­eute, rend visite deux fois par semaine aux patients en soins palliatifs avec ses instrument­s. Ces « soins de confort » ou « soins de support », comme ils sont appelés, offrent une parenthèse relaxante et un moment d'humanité aux personnes en fin de vie.

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