RÉCRÉ YOGA
Le silence est rare dans notre monde et n'a pas bonne presse auprès des jeunes, il est surtout méconnu, cette séance offre une occasion de l'apprivoiser.
Écoutons le silence
ENSEIGNANTS COMME élèves, tous constatent que le niveau sonore élevé dans les établissements scolaires est source de fatigue, alors que des temps de silence dans la classe sont indispensables pour un apprentissage efficace et une plus grande créativité. D'un point de vue pédagogique, « le silence est indispensable à l'écoute, et non seulement le silence de la voix, mais encore le silence intérieur, qui se manifeste par un délai avant que l'on puisse répondre. En effet, une réponse immédiate témoigne du fait qu'on n'écoutait pas, mais qu'on préparait ce qu'on allait dire » (1).
Pour les enseignants, obtenir le silence représente une gageure, qui demande souvent beaucoup d'énergie. Pour les élèves, il est difficile de s'abstraire des sollicitations sonores extérieures envahissant constamment leur boîte crânienne par le canal du conduit auditif toujours ouvert ! Résister aux bavardages avec les voisins est ardu, certes, mais couper court aux bavardages intérieurs l'est tout autant, sinon plus. Ruminations et rêveries sont des bruits intérieurs qui peuvent être assourdissants dans un cerveau enfantin…
Les exercices de yoga contribuent à faire comprendre aux enfants le rôle du silence. Non pas le silence du vide — qui, parfois, peut leur faire peur — mais un silence de plénitude. La séance d'aujourd'hui est décrite dans le contexte de la classe, car quel meilleur contexte que celui du milieu scolaire pour faire découvrir et expérimenter le silence ? Toutefois, elle peut être proposée en atelier ou à la maison.
VÉRONIQUE MAINGUY enseigne en collège et lycée, participe à la formation des enseignants en Ile de France. Elle est professeure de yoga et formatrice au RYE (Recherche sur le Yoga dans l’éducation).
L'arrêt des fluctuations mentales et du dialogue intérieur est une visée essentielle du yoga, et le yoga du son est une voie efficace pour y parvenir. C'est pourquoi notre séance propose l'écoute du chant d'un bol tibétain jusqu'à la limite de l'inaudible. Pourquoi faire écouter un son dans une séance consacrée au silence ? Parce que ce son continu et décroissant offre un point de focalisation de l'écoute et restreint l'impact des autres stimuli extérieurs.
La séance commence avec des mouvements répétés des membres supérieurs, qui éliminent les toxines et assouplissent les articulations. Pour préparer le silence qui va suivre, on guide l'exercice sans explication parlée, uniquement par imitation des gestes. Ensuite on prépare les oreilles à bien écouter en en massant le contour et on termine par le lobe. Les enfants sont alors prêts pour la « respiration de l'abeille ». Avec celle-ci, « l'élève s'entoure d'un mur protecteur de silence. Le système nerveux est tranquillisé, la tension cérébrale est soulagée, la mémoire et la concentration s'en trouvent favorisées » (2).
On fait ensuite résonner le son du bol après avoir dit par exemple : « vous allez maintenant écouter le son jusqu'à ce qu'on ne l'entende plus du tout, puis vous écouterez le silence pendant quelques instants ». Oui, oui, le silence s'écoute !
1. Assis le dos droit et les épaules basses, faites remonter les épaules très haut jusqu'à les rapprocher des oreilles en inspirant (1a), puis abaissez-les rapidement en expirant avec un bon soupir (1b). Recommencez 3 à 5 fois.
2. Les mains posées à plat sur les épaules, tracez des cercles avec les coudes afin de faire tourner les épaules.
3. Massez soigneusement tout le contour des oreilles du bout des doigts en terminant par le lobe, avec délicatesse.
4. Bouchez-vous les oreilles avec douceur, prononcez et écoutez intérieurement le son « mmmmmmmh », longuement, plusieurs fois de suite.