Faire grandir les graines de compassion
« L'écoute n'a qu'un seul but : permettre à l'autre de vider son coeur. Si vous pratiquez ainsi, la compassion sera toujours là. »
Sans véritable écoute, point d'amour, point de compassion. Ecouter les autres, leurs récits, leurs peurs, leurs joies, leurs expériences est non seulement une source intarissable d'enseignement, mais un moyen de poser un baume de paix sur nos liens avec autrui. Nous avons besoin de nous exprimer autant que d'être écouté, nous avons besoin de nous sentir apprécié tel que nous sommes. Mais l'écoute véritable est un art. Elle demande une présence totale à l'autre, presque une affinité. Sans écoute, la compréhension n'est pas possible. Comprendre, c'est s'identifier, c'est accepter un autre prisme que le mien.
L'art de l'écoute est riche d'effets. Elle ouvre à de meilleures relations, plus qualitatives, avec celles et ceux qui nous entourent. Comprendre les difficultés des autres, les rouages qui les poussent à agir de telle ou telle manière est un chemin de paix. Thich Nhat Hanh n'a cessé d'insister tout au long de sa vie, de la guerre au Vietnam aux attentats du 11 septembre 2001, sur la nécessité de comprendre ses adversaires. Des siècles de conflit nous ont livré leur lot de réactions, de peurs et de souffrances, de comportements démesurés, de valorisation de l'ego et de domination. Ces habitudes, hélas très ancrées, jouent contre l'avènement d'un monde plus pacifié. Dans le domaine individuel, nous héritons des peurs, des manques, des conditionnements mentaux de nos ancêtres. Être en paix, plutôt que faire la paix, est un acte de guérison. Faire advenir une culture de paix demande un effort qui commence par soimême. Aujourd'hui, nous avons la chance, grâce à notre conscience, de pouvoir les transformer. L'enseignement de Thich Nhat Hanh propose ainsi de désamorcer et de guérir ces schémas. Nous avons le choix entre la réaction conditionnée par nos programmes du passé et l’action véritable qui est une réponse créative, bienveillante et libre. Peut-être croyons-nous que nos transformations ne changent pas la face du monde, et pourtant c'est la somme de ces changements qui permettra un jour que nos sociétés envisagent sérieusement de faire la paix avec elles-mêmes.