ANATOMIE POSTURALE
Elles sont littéralement des remparts à l'arrière du genou, l'empêchant de « plier vers l'avant ». Mais, surtout, elles protègent les ligaments croisés.
Les coques condyliennes protègent les ligaments croisés
Expérience en position debout
Nous n'avons pas tous la même façon d'aligner les membres inférieurs. Observons cela en position debout de profil : chez certaines personnes, la cuisse et la jambe sont dans le prolongement l'une de l'autre (FIG. 1A). Chez d'autres, le genou reste toujours un peu fléchi — pas vraiment étendu — : c'est ce qu'on appelle le flexum de genou (FIG. 1B), tandis que chez certaines autres encore, le genou s'installe en hyperextension, ce qu'on appelle le recurvatum (FIG. 1C). Il est important pour chacun de faire ce test, car la conduite à tenir lors des postures n'est pas du tout la même.
Le frein du genou
Nous nous intéresserons ici au troisième type, le recurvatum, avec une question : qu'est-ce qui arrête le genou ? Qu'est-ce qui l'empêche de s'étendre davantage ? Ce n'est pas une butée osseuse (comme pour le coude), ni la rotule, qui le bloquerait en avant. C'est une disposition particulière de la capsule articulaire.
En effet, en profondeur, l'articulation du genou est enveloppée dans un manchon fibreux qui l'entoure de très près, appelé la capsule. Or celle-ci est extrêmement épaisse à l'arrière, formant une zone dense appelée les coques condyliennes. Ce sont ces épaississements fibreux, résistants, qui se tendent quand on étend le genou et finissent par l'arrêter complètement. Chez certaines personnes, ces coques sont un peu plus longues, et laissent la possibilité au genou d'aller plus loin : c'est là qu'il y a un recurvatum.
Le recurvatum présente un avantage : on peut se « caler » passivement sur son genou tendu, et tenir debout sans effort musculaire. C'est confortable. Mais il a aussi un inconvénient : il peut s'augmenter dans certaines circonstances. Que se passe-t-il s'il devient trop important ? L'articulation a tendance à s'ouvrir excessivement en arrière. Et cela risque, à son tour, de surmener deux autres éléments très importants : les ligaments croisés (FIG. 2 pour le ligament croisé postérieur).
Coques condyliennes et ligaments croisés
Le rôle des coques condyliennes est d'empêcher le recurvatum, celui des ligaments croisés est d'empêcher tout dérapage des deux grands os du genou entre eux, soit vers l'avant, soit vers l'arrière. Ceci est capital pour un genou stable en station debout. C'est pourquoi il faut absolument éviter de les distendre. Conclusion : si on possède un recurvatum, il faut éviter de l'augmenter, de le « forcer », pour protéger les ligaments croisés. Et pour cela il convient de repérer les situations où on risque
d'augmenter l'hyperextension : en yoga, ce sont celles où le membre inférieur est oblique, en appui, et où le poids du tronc passe en avant de la hanche.
Observons une posture où ceci peut avoir lieu : le triangle inversé (FIG. 3)
Dans cette posture, on est à la fois en appui sur les deux pieds écartés et en flexion torsion du tronc. Les deux bras sont écartés, une main placée au sol, près du pied de la jambe avant. Le genou de cette jambe est en extension complète. Les deux os fémur/tibia forment une ligne oblique. Le poids du tronc pèse complètement sur cette ligne. Si la personne a un recurvatum, ce poids va l'accentuer et tirer sur les coques condyliennes et ligaments croisés, risquant de les surmener. Il est donc important de ne pas laisser s'installer cette hyperextension.
Plusieurs aménagements possibles :
• On peut apprendre à retrouver le bon alignement fémur/tibia. C'est moins évident qu'il n'y paraît : habituellement, une sensation de blocage du genou se ressent lorsque l'on tend la jambe à fond. Mais chez les personnes qui ont un recurvatum, elle intervient beaucoup plus tard, alors que les genoux sont déjà en hyperextension. Aligner fémur/tibia leur semble étrange (elles ont l'impression que le genou est fléchi quand est aligné). Il faut donc apprendre cet alignement.
• On peut chercher à contracter les muscles fléchisseurs du genou : au-dessus du genou, on cherche une intention de flexion à l'arrière de la cuisse afin d'activer les ischio-jambiers. En dessous du genou, on peut appuyer l'avant du pied sur le sol afin d'activer les muscles jumeaux.
• On peut décharger le poids du corps sur la main d'appui, au besoin à l'aide d'un bloc ou d'une chaise.