Un Yoga pour tous ou un Yoga pour chacun ?
TOUS LES yogis se ressemblent. Tous ont un corps, un souffle, des émotions. Le plus souvent un tapis, pas toujours. Et pourtant, tous les yogis ne sont pas identiques. Alors pourquoi quand on regarde les représentations du yoga dans les médias est-ce que on trouve généralement des images plutôt lisses, uniformes ? Pourquoi est-ce qu'on montre le plus souvent, des femmes jeunes, minces, musclées, tatouées, dans de jolies tenues de yoga, entourée de paysages magnifiques ou pratiquant dans un appartement décoré avec goût ? Est-ce que c'est toujours comme ça, le yoga ?
Quand on s'y penche de plus près, la réalité du terrain est bien plus riche, variée et nuancée. De nombreux yogis et yoginis sortent de la « norme » parce qu'ils ont des limitations : blessures, douleurs, opérations, handicaps, troubles, ou parce qu'ils n'ont plus 20 ans. Souvent, ils pratiquent assidûment et incarnent à merveille certaines valeurs du yoga : Ahimsa, la non-violence, Satya, la vérité, ou encore Samtosha, le contentement.
À mon sens, les yogis et yoginis qu'on voit le moins mériteraient qu'on leur donne plus de visibilité, qu'on s'intéresse à leurs expériences, à leurs ressentis, à leurs paroles de sagesse. Enseigner le yoga à des gens jeunes et en bonne santé, c'est facile, n'est-ce pas ? Mais comment s'adapter aux élèves différents, aux prises avec des difficultés, traversant des étapes charnières dans leur vie ou que la vie a « cabossés » ?
Depuis quelques années, je me questionne sur les valeurs et les qualités essentielles que les enseignants de yoga peuvent cultiver pour enseigner un yoga plus adapté, en prenant mieux en compte les différence(s) et les besoins spécifiques. Quel yoga proposer aux bébés ? Aux ados ? Aux futurs et aux jeunes parents ? Mais aussi aux seniors et aux personnes porteuses de handicap ou ayant un trouble ? Comment partager un yoga différent, adapté et inclusif ?
Et aussi comment veiller à rester dans l'ouverture et dans la circulation, en créant des liens entre les différents publics, sans jamais cloisonner, séparer, marginaliser ? Comment par exemple créer de la magie grâce à un atelier pour personnes porteuses de handicap ?
En tant qu'enseignant, voir la personne dans sa totalité, sans la réduire à ses problématiques et à ses défis mais, au contraire, pour lui permettre de trouver ses propres forces est une très belle mission de vie. Et c'est très gratifiant ! Nous avons besoin de professeurs de yoga prêts à mettre toute leur énergie, leurs compétences, leur bienveillance, leur humilité (et n'oublions pas une touche d'humour) au service de ces publics.