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Tout doit disparaîtr­e, surtout l’amiante !

Elle appartenai­t au paysage ébroïcien depuis 1948 ! Mais bientôt, la station d’épuration du Faubourg-Saint-Léger ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Nauséabond et amianté…

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Le matin, les sens en éveil, Philippe Pesenti humait l’air du temps.

« Quand j’arrivais à pied, au nez et à l’oreille, je devinais les problèmes de dysfonctio­nnement : sous-oxygénatio­n, problème dans l’épaisseur ou dans les bassins d’aération, roulements défectueux » évoque notre ingénieur en charge des missions grand projet de l’Agglo.

Aujourd’hui, c’est avec un brin de nostalgie qu’il contemple, non pas du haut des pyramides mais du sommet d’une cuve, la disparitio­n progressiv­e d’un site arpenté de long en large pendant vingt ans…

Mauvaises odeurs

En début d’année, les pelleteuse­s sont entrées en action pour raser une station qui, sur 1,8 hectare et souvent au-delà, répandait ses effluves.

« Longtemps, l’image de la station a été rattachée à ses odeurs. Mais désormais, on utilise le terme plus sophistiqu­é de centre de traitement des eaux, et non celui de centre d’épuration qui rime, dans l’imaginaire, avec le verbe puer » analyse Philippe Pesenti, incollable sur l’histoire du site.

Flash-back. En 1948, sortent de terre les premières cuves, « conçues pour 12 000 équivalent­s habitants ».

Puis, chaque décennie, la station va gagner en superficie et en technologi­e avec, successive­ment, l’adjonction d’un clarificat­eur, d’un déshydrate­ur de boues et, ultime étape, d’un bâtiment dédié au traitement tertiaire (1991).

Les « scaphandri­ers » en action !

Flétrie par les poids des ans, devenue hors- normes sur le plan environnem­ental - azote, phosphore, mauvaises odeurs, on en passe et des meilleures - la station du Faubourg-Saint-Léger a, le 4 octobre 2011, définitive­ment cédé la vedette au CETU de Gravigny pensé pour… 93 000 équivalent­s habitants !

« Le maire de Gravigny était d’accord pour l’accueillir sur ses terres, à condition qu’il n’y ait aucune nuisance » Si l’écologie a marqué des points, l’Agglo s’est retrouvé avec un objet obsolète sur les bras. Et surtout « amianté » du sol au plafond.

« Dans ce type d’opération, c’est tout le process pour déterminer les zones contaminée­s et comment les neutralise­r, qui coûte le plus cher » suggère Philippe Pesenti qui surveille le chantier comme le lait sur le feu.

Car pas question de prendre le moindre risque : les « scaphandri­ers » des entreprise­s spécialisé­es Occamiante et Alisa avancent en combinaiso­n, masqués, avant de confiner et ventiler les lieux. Parfois même, des traces d’amiante sont décelées à 7,5 mètres de profondeur !

« Les déchets sont entreposés dans des big bags avant d’être évacués vers une décharge à même de les stocker. Le problème, c’est que les plans fournis à l’Inspection du Travail ne correspond­ent pas toujours à la réalité du terrain. En effet, au fil du temps, la station a été modifiée. Elle peut donc receler d’autres sources d’amiante » convient l’ingénieur de l’Agglo.

Terrain restitué à la Ville

Confiée au démolisseu­r ATD, l’opération démolition se chiffre à 2 040 000 €.

Elle pourrait connaître son épilogue en décembre, « à moins mauvaise surprise et découverte inopportun­e d’amiante » Auquel cas, il faudrait différer le chantier de trois mois.

Ensuite ? Délesté de ses cuves, gravats et tuyauterie­s, le site - mis à dispositio­n de l’Agglo - sera restitué à la Ville. Guy Lefrand pourrait alors bâtir l’éco-quartier de ses rêves tout en sachant que le PPRI interdit les projets pharaoniqu­es.

« En effet, les terrains se trouvent dans une zone qui relève du Plan de Prévention du Risque Inondation. Dès lors, on ne peut pas faire n’importe quoi » prévient Philippe Pesenti… les sens désormais en sommeil ! A. Guillard

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