Le forcené de retour en correctionnelle pour outrages
Incarcéré depuis juillet 2015, Olivier B.(48 ans) avait été mis en examen dans une procédure judiciaire criminelle. Mais son séjour provisoire en prison n’est pas de tout repos pour le personnel pénitentiaire. Aussi, il se trouvait en comparution immédiate le 14 mars dernier pour la deuxième fois depuis les outrages proférés à l’encontre de gardiens de prison. C’était après un parloir accordé à sa fille et à sa compagne. Le Lovérien avait déjà usé à l’envi d’expressions injurieuses contenant ses parties génitales que l’on tentait de casser.
Cette fois, à l’audience, B. exigeait un avocat qui lui était refusé. C’est alors que le prévenu se mit à outrager et injurier le président de l’audience puis la magistrate substitut du Procureur. Tout le monde eut droit aux nombreuses expressions portant sur ses attributs de mâle, par exemple : « Vous n’allez pas me casser les couilles avec votre merde ! » . Mais aussi des conseils d’arrêter de « prendre du Viagra » et autres accusations de « corruptions de matons » .
La métamorphose
Le forcené cognant dans tout le box et sur les policiers d’escorte avait du être évacué avec le supplément d’outrages à magistrats pour la prochaine comparution. Or, à la vue d’un substitut, au « second tour » , les mêmes injures plus « personnalisées » reprirent comme les hurlements et les coups redoublés sur l’escorte – plusieurs blessés – avant que le tribunal décide d’autres examens psychiatriques et un autre renvoi de l’affaire. Traîné dans le couloir, il était incontrôlable.
Enfin, le 7 juin, toutes précautions prises, B. est de retour. Il a refusé de rencontrer le psychiatre désigné pour l’expertise ; il a accepté le psychologue clinicien à qui il a décrit son enfance douloureuse et compliquée suivie d’une précoce toxicomanie.
Beaucoup de peines courtes ont émaillé son casier judiciaire avec, toutefois une peine criminelle de huit ans de réclusion. Le rapport indique une « disponibilité psychologique satisfaisante mais avec des problèmes émotionnels » . De toutes ces explosions de rouge incontrôlables, le prévenu ne se souvient de rien. Totalement calme et méconnaissable dans ce comportement nouveau de brave type, il constate, à la lecture des faits : « On m’a raconté mais je prenais des antidépresseurs… » .
À la limite du raisonnement
Cette fois, il insiste pour présenter des excuses aux magistrats injuriés : « Je n’ai pas d’explication à donner, pas d’excuse… » .
La présidente doit rappeler la vingtaine de condamnations surtout prononcée pour les armes, stupéfiants, alcoolémies au volant, etc.
Le substitut Aurélie Martini explique que « l’injure devient outrage lorsqu’elle s’adresse à l’institution républicaine. Il faut qu’une distance soit respectée avec l’autorité. Les outrages en public pendant une audience publique sont le sommet de ce genre de délit » . Il ne veut pas « faire d’exemple » , dit-il, « mais faire savoir le sens de la sanction : cinq mois de prison » .
Me Christophe Beauvalet plaide pour « un homme déséquilibré, grand héroïnomane et drogué depuis l’âge de quatorze ans » .
Elle rapelle le cumul des peines et « cette dernière incarcération qui ne passait pas » et pense que cette crise à l’audience n’était que l’expression d’un grand désarroi psychologique. Il n’a pas eu la totale maîtrise de ses paroles car il est reconnu « limite » dans son raisonnement, conclut l’avocate demandant une relaxe pour des actes « sans intention » .
Le tribunal reconnaît l’altération du discernement et prononce la peine ferme de trois mois.