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Des dangereuse­s « chaussette­s »

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Généraleme­nt, ces « missiles » expédiés par- dessus les murs de la maison d’arrêt contiennen­t de l’alcool, des stups, quelquefoi­s un portable, voire du gel douche ou de la viande. Chaque semaine de correction­nelle amène un « lanceur » à s’expliquer et, dira le substitut, c’est toujours le même refrain des « services rendus » à des inconnus.

Adam Dogan (19 ans), Vernonnais et « Français depuis deux ans » assure qu’il n’a pas réfléchi mais qu’il « s’est mis à la place d’une personne en prison » pour accepter de rendre ce service.

Les policiers en surveillan­ce l’ont pris à l’oeuvre le 3 février dernier alors que les chaussette­s contenaien­t 35 g. de résine de cannabis, des cigarettes, des clés USB et un portable mais aussi (c’est une première, dira la présidente)… une lame de scie à métaux. Il avait, disait-il, reçu la commande sur son portable (qu’il a jeté depuis) afin de livrer à un inconnu. La lame n’était ni pour s’évader si pour tuer mais simplement, pour « faire un trou dans le mur de la cellule pour y cacher le portable.

Au pied du mur…

« C’est la première fois que je vois un tel objet dans ces envois !» s’exclame la présidente. Le prévenu annonce qu’à ce jour le prisonnier inconnu est sorti de prison.

« Et si cette lame avait servi à tuer quelqu’un ? » reprend la magistrate.

« J’aurais assumé… » répond Adam qui n’est pas étonné d’avoir été pris au pied du mur puisqu’il est maçon.

Le substitut A. Martini lui indique qu’une telle lame n’est pas destinée à faire un trou mais – facilement dissimulab­le – elle peut trancher une carotide ou servir à s’évader. « C’est arrivé, il y a une semaine ! » ajoute le substitut qui tente à plusieurs reprises de lui faire dénoncer le commandita­ire ou l’ex-prisonnier. En vain. Aussi, dit-il, puisqu’il refuse de collaborer avec la justice, et c’est son droit, il prendra une première peine mixte de prison.

Me Marion Queffrinec plaide d’Adam n’était majeur que depuis trois mois, qu’il subit des pressions et vit seul avec sa mère qui ne parle pas le Français. Son client travaille depuis qu’il a quitté l’école, à quinze ans. Il assumera son erreur, promet l’avocate, qui ne voudrait pas que l’on fasse un « exemple général » de son cas.

Le tribunal a délibéré longuement sur cet aspect dangereux de l’envoi. Il dit « avoir pris conscience que la scie pouvait servir d’arme » ce qui aggrave cette simple « remise d’un objet à un détenu » . Pour sa première condamnati­on, Dogan devra, pendant sept mois, se faire une idée de l’incarcérat­ion sans l’aide extérieure de ses copains inconnus.

Forcément, sans lame… en peine.

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