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LE PORTEL, C’EST DÉJÀ DEMAIN

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Le Portel a bien mérité son accession en Pro A. Malgré une saison beaucoup moins aboutie que celle d’Evreux (6e au classement final), son équipe a su se remobilise­r juste avant les play-offs et enchaîner ensuite les succès (6 en 8 rencontres) sans jamais bénéficier de l’avantage du terrain. Chapeau bas donc à Eric Girard, dont la maladie n’a altéré en rien la soif de vaincre, et à une équipe dont les vertus défensives ont su annihiler, surtout lors du dernier match, le jeu chatoyant déployé cette saison par l’équipe de Laurent Pluvy.

La beauté du Portel, il faut la chercher ailleurs. Ce n’est pas bien dur, en fait. Il n’y a qu’à ouvrir grands ses oreilles et ses yeux pour admirer la force populaire dégagée par le public nordiste.

Un véritable 6e homme haut en couleurs et fort en gueule, qui, durant deux matches, a également fait taire les fidèles soutiens de l’ALM en les noyant sous les chants, les instrument­s, le Vert et le Blanc, et sous des litres de bières tout simplement joyeuses.

Le houblon est au Portel une sorte de potion magique, qui rapporte 80 000 euros au club et qui finance donc, à lui seul, un joueur majeur durant une saison. Le contraste avec la triste petite buvette d’Evreux où il faut attendre 15 minutes pour se faire servir, est saisissant…

Le Portel est, par ailleurs, une bourgade de 9 900 habitants (5 fois moins qu’Evreux) où le travail est aussi rare que le commerce est rude mais qui n’a pourtant pas attendu 20 ans pour se faire construire une salle moderne de 17 millions d’euros où peut se nicher, comme vendredi dernier, près de la moitié de la ville ! Son ennemi intime ne se situe pas à 50 km, lui, mais juste à portée d’un tir à trois points, puisque Boulogne/Mer, également en Pro B, n’est rien d’autre que le riche et vilain voisin.

Et pourtant, oui, c’est Le Portel qui est bel et bien aujourd’hui en Pro A !

L’ALM, ses partenaire­s et la municipali­té d’Evreux peuvent méditer cela. Se poser les bonnes questions, chercher de nouvelles méthodes, regarder ce qui se fait ailleurs et prêter l’oreille aussi à d’autres discours. C’est le prix à payer si réellement le club et la ville veulent conserver un coach et leurs meilleurs joueurs, pour retrouver un jour l’élite du basket français, quitté voici 16 ans et qui n’a jamais semblé aussi proche cette saison. Mais qui sera malheureus­ement toujours de plus en plus loin demain.

Philippe Guinchard

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