Du talent et beaucoup de stéréotypes (trop ?)
Mercredi dernier, le Jamel Comedy Club est venu poser ses tréteaux au Cadran, devant une salle remplie à plus de la moitié. Avec un public composé des « habitués » du Cadran, passés la quarantaine, plus environ deux cents jeunes, réellement « fans ».
Ces jeunes comédiens ont exprimé leur talent (et ils en ont) chacun à leur tour pendant plus d’une heure et demie. Que des garçons : le nonchalant et attachant Jason Brokerss avec ses histoires loufoques. Nick Mukoko, à la gestuelle hiphop. Wary Nichen à l’humour subtil. Foudil Kaibou est passé en dernier, il est, sans doute, celui qui pratique l’humour le plus facilement partagé avec de très fines observations du quotidien. Restent les deux présentateurs, stars du web, Younes et Bambi. Beaucoup d’abattage et le public pris à partie. Avec ce duo, et la troupe en général, l’adage « on peut rire de tout » pourrait se vérifier. Leur public s’attend à de l’excessif, c’est leur fonds de commerce, et il n’a pas été déçu. Mais les textes se révèlent souvent manichéens et manipulent trop facilement les stéréotypes : les pédés lubriques, les reubeus victimisés, les renois excentriques, le feuj rapace qui doit se tourner vers Wall Street pour prier… La longue séquence du curé qui officie à un enterrement en cumulant les vices finit par mettre mal à l’aise : pédophile, il cherche les enfants présents dans la salle et se révèle cupide pour donner l’absolution à un musulman candide. On a attendu, en vain, la même caricature acérée d’un imam salafiste ou djihadiste…