Voyage au coeur de la ruche
Si l’abeille a préexisté à l’homme, on trouve leur trace il y plus de cent millions d’années, elle pourrait bien ne pas lui résister.
En vingt ans, le taux de mortalité moyen de l’insecte est passé de 5 % à 30 %. « Un fléau lié à trois éléments dévastateurs », explique Paul Carpentier, président des apiculteurs de l’Eure « au dérèglement climatique, aux méthodes de l’agriculture intensive et au frelon asiatique et le varroa, un acarien parasite. »
Des phénomènes qui s’amplifient chaque année ! Pour preuve, 2016 « a été une année catastrophique pour le secteur ». La récolte de miel n’a été que de 9 000 tonnes, soit un recul de 33,5 % par rapport au volume produit sur l’exercice précédent. « Les miels, d’acacia et de forêt sont les plus touchés, sensibles au changement des températures. À cela se sont ajoutés d’autres facteurs comme un taux de mortalité élevé dans certaines zones », déplore le président.
Les insecticides en cause
En cause, la mortalité des abeilles attribuée en grande partie à l’usage des insecticides de la classe des néonicotinoïdes, toxiques notamment pour les pollinisateurs. Si à l’échelle européenne, trois types de néonicotinoïdes font déjà l’objet de restrictions d’usage, en France, la loi biodiversité promulguée en août 2016 prévoit l’interdiction de ces produits chimiques à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations accordées jusqu’en 2020. Les progrès se font donc encore attendre !
Changer de comportement
À travers une démarche pédagogique, des apiculteurs chevronnés de l’ASPA expliqueront la constitution d’une ruche, la vie des abeilles et le rôle de chacune. Ils s’attacheront aussi à sensibiliser le public sur le rôle essentiel de l’abeille dans la nature.
Les abeilles servent à produire du miel, mais elles ont également une mission trop souvent sous-estimée, pourtant primordiale : la pollinisation ! Celle-ci permet aux plantes de se reproduire. « Pour tout être vivant, l’objectif est de se reproduire et d’assurer la survie de l’espèce. Pour les hommes, il s’agit de mettre au monde des enfants. Pour les plantes la pollinisation est l’opération essentielle à la pérennité des espèces végétales. On estime en effet qu’un tiers de ce que nous consommons dépend de la pollinisation. »
Or, la pérennité des espèces végétales suppose un changement de comportement des collectivités et des particuliers. « Pratiquer une culture raisonnée à base de traitements biologiques, favoriser leur installation à long terme dans les jardins, ne plus utiliser de produits phytosanitaires et s’engager dans un désherbage raisonné. »
La menace du frelon
La menace que représente le frelon asiatique, à l’origine de la destruction de ruches, sera également abordée. « Le frelon à pattes jaunes inquiète les apiculteurs, car il s’attaque aux abeilles domestiques. Les abeilles représentent les deux tiers de ses proies », s’alarme le président des apiculteurs. Enfin, pour joindre l’utile à l’agréable, une dégustation de miel sera proposée !