Victime d’une arnaque, elle ne peut sortir sa voiture du garage depuis 4 ans !
Le rêve de Jenna Toilliez a rapidement tourné au cauchemar. En août 2013, alors que la jeune femme cherche une voiture sur le site Internet Leboncoin, elle tombe sur une annonce pour le moins séduisante. Une Audi A3, la voiture de ses rêves, est en vente à Val-de-Reuil.
Ni une ni deux, elle contacte la personne qui a posté l’annonce. Rendez-vous est pris à la gare de Val-de-Reuil.
« Là, je fais la connaissance d’une dame adorable, qui dit travailler dans une banque. Elle m’emmène dans la cour d’une maison, qui appartient à sa famille. J’ai appris par la suite que c’était une maison abandonnée. Elle m’a fait essayer le véhicule sur des petites routes de campagne donc pas plus de 80 km/h. Pour moi, tout allait bien, le moteur tournait bien. Je n’avais aucune raison de ne pas l’acheter », raconte l’Andelysienne.
Tous les voyants allumés
Après avoir conclu l’affaire, elle repart donc au volant de son Audi A3. Elle roule à 90 km/h maximum, le trajet se passe sans problème. À peine rentrée chez elle, Jenna se met à nettoyer de fond en comble son petit bijou. Son père bricoleur se décide alors à aller essayer la bête et voir ce qu’elle a dans le ventre.
« Il est allé sur la grande route et l’a poussée un petit peu jusqu’à 110 km/h. Et arrivée à 110, la pédale de l’accélérateur était à fond mais la voiture s’était mise en sécurité, plus de puissance. Il l’a éteinte et quand il l’a rallumée tous les voyants du tableau de bord se sont illuminés à leur tour ».
Une main courante
Voyant cela, Jenna Toilliez tente immédiatement d’appeler la vendeuse. En vain. Celle-ci est partie le soir même en vacances en Espagne. « J’ai envoyé des mails qui sont restés sans réponse. J’ai laissé passer le week-end et le 21 août, j’ai déposé une main courante au commissariat de Vernon car aux Andelys, ils ne voulaient pas prendre ma plainte pour litige commercial. Après cela, on a échangé par messages pour tenter de s’arranger à l’amiable. Elle récupère son véhicule et elle me redonne mon argent. Elle m’a dit qu’elle n’était pas dans le moteur, qu’elle n’était pas responsable. Elle m’a proposé de nous rencontrer en septembre avec un ami qui travaille chez Audi. Et quand je lui ai dit que je serai avec mon père, elle a refusé ».
35 affaires pour escroqueries
Les ennuis ne s’arrêtent pas là. Jenna se rend à la gendarmerie des Andelys à deux reprises mais elle se heurte à un mur. Dans le véhicule, elle retrouve des pièces étranges : un relevé de compte et un relevé d’identité bancaire qui ne sont pas au nom de la vendeuse. Avec un ami policier en civil, elle obtient enfin des gendarmes qu’ils prennent sa plainte. Les gendarmes lui annoncent alors que la dame qu’elle trouvait si gentille a un casier judiciaire avec trente-cinq affaires pour escroqueries. Puis en continuant leur enquête, ils vont découvrir qu’elle est mêlée à un réseau de trafic de stupéfiants international. « Chaque semaine, j’apprenais de nouvelles choses. La voiture a été commercialisée en Allemagne, elle est restée six mois en Belgique sans que l’on n’en ait aucune trace ».
Véhicule gagé
Manque de chance, sa plainte, qui a été transférée à Val-de-Reuil, s’est perdue dans les services. « Entre-temps, le procureur de la République a prévenu la gendarmerie que je ne pouvais pas rouler avec ma voiture car elle était gagée. Je risquais de me retrouver sous mandat de dépôt ». Et Jenna de poursuivre : « Pour que ça aille plus vite, sur les conseils de ma protection juridique, j’ai adressé une plainte directement au procureur. J’ai envoyé je ne sais combien de lettres, de dossiers, j’ai envoyé un mail tous les mois pour savoir ce qu’il en était ».
Dépression, chômage
Au bout de presque quatre années de procédure, l’affaire a été classée faute de preuve.
« Elle m’a arnaquée de 5 700€ et elle n’est pas inquiétée. Et moi je me bats depuis quatre ans pour retrouver une vie normale car j’ai eu des problèmes de santé, j’ai fait une dépression, j’ai perdu mon travail de préparatrice de commande. Aujourd’hui, je suis au chômage alors que j’avais l’ambition de devenir coach sportif ». Elle espère que son histoire pourra servir à d’autres et les mettre en garde contre les sites de vente.
Guillaume Voisenet