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Une figure du sport pacéen s’est éteinte

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Né en 1922, c’est au patronage que le jeune Jacky découvre le sport et toutes ses richesses, l’esprit d’équipe, de sacrifice et aussi de travail. Il est initié au basket par un prêtre. Doué pour cette discipline, les premiers résultats probants ne se font pas attendre, il est champion de Paris junior dans les années 30. Il rentre vite dans la vie active, à seulement 13 ans, salarié pour les magasins Burberry à Paris.

Mais avec la guerre et l’invasion des Allemands, il est obligé de quitter la capitale. Grâce à un réseau de résistance, le voici à la campagne au Buisson de May (Saint-Aquilin). En 1942 à 20 ans, il se retrouve caché dans la loge du gardien, il profite ensuite d’une opportunit­é pour travailler dans une ferme de Croisy, cela le sauve d’une rafle suite à une dénonciati­on du réseau par un de ses « camarades ». Il devient ensuite bûcheron puis accepte l’hospitalit­é d’un pharmacien de Pacy.

Soutenu par la Télémécani­que

Dès la Libération, Jacky Baudier retourne à Paris et se réfugie dans le sport en jouant dans un club, devient entraîneur et donne de son temps dans un club corporatif, Bijou-sports. C’est au début des années 50 qu’il retrouve l’air de la campagne et s’installe à Pacy. Il est rapidement embauché par la Télémécani­que et son employeur, voyant ses dispositio­ns sportives, le libère le jeudi pour entraîner les jeunes, l’une des premières écoles de basket voit le jour.

Avec ses sportifs le weekend et avec la camionnett­e de l’entreprise, il part sur les routes de France et revient des compétitio­ns avec une série de victoires (et parfois quelques défaites). Dans les années 60, la Télémécani­que est nommée meilleur Club de France et l’une des protégées de Jacky Baudier est sélectionn­ée aux championna­ts de Normandie de saut en hauteur. Il sait qu’elle va gagner, sa place est auprès d’elle, il « renifle » les champions. Sa passion pour l’athlétisme prend alors une tout autre dimension. Pour occuper les jeunes du basket en périodes creuses, la Télémécani­que installe une piste d’athlétisme. Des années plus tard, c’est la rencontre avec le champion pacéen de course à pied Thierry Guichard (ancien footballeu­r).

Aux championna­ts du monde en Australie

Celui-ci crée une section adulte d’athlétisme et Jacky Baudier prend sous son aile les plus jeunes à l’ESVE tout en poursuivan­t la compétitio­n comme en 1987 où il participe aux championna­ts du monde en Australie, un long voyage pour une course de 100 m en 13,5 s ! Il a continué à suivre les entraîneme­nts à plus de 90 ans, toujours le sport dans les veines. Il a donné de précieux conseils à la jeune génération : « on obtient des résultats que si l’on s’entraîne vraiment », « il ne faut jamais tricher », « on n’a rien sans rien », « le sport oui, l’argent non » et « l’esprit d’équipe, il n’y a que ça de vrai ! ».

Il obtient même une médaille d’or au lancement de poids des championna­ts de France à SaintJean-de-Luz en 2005, à 83 ans !

En plus de 60 ans de bénévolat, il a connu bien des satisfacti­ons et parmi ses plus beaux souvenirs, ses grands moments, « sa » championne Sylvie Lehongre, les trois frères Paron, un trio de champions, la médaille décernée par Maurice Herzog de la Fédération Française d’Athlétisme ou encore les performanc­es de « ses » petits poussins, champions de Normandie de Cross.

Consécrati­on en 2009 (le 13 mai), l’inaugurati­on de nouvelle piste d’athlétisme baptisée à son nom : Piste d’athlétisme Jacky-Baudier, une reconnaiss­ance de son dévouement.

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