Eure Infos

L’État s’engage dans un processus de reconstruc­tion

L’État s’engagera dans le processus de reconstruc­tion du Grand château de Serquigny, partiellem­ent détruit par les flammes ce dimanche 31 décembre 2023. Rima Abdul Malak, l’ex-ministre de la Culture, l’a promis.

- • Serge Velain L’Éveil normand

Le ministère de la Culture l’avait annoncé ce mercredi 3 janvier 2024 en soirée et comme prévu, la (désormais ex) ministre Rima Abdul Malak est venue ce jeudi 4 janvier à Serquigny, pour «mesurer l’ampleur des dégâts et témoigner de son soutien » après l’incendie ayant ravagé une partie du Grand château, bâtiment partiellem­ent inscrit au titre des Monuments historique­s.

Arrêté de péril et travaux d’urgence

Comme tout ministre, elle était entourée de nombreuses personnali­tés. Plusieurs élus de la région de Bernay étaient évidemment présents. Parmi eux, le maire de Serquigny Frédéric Delamare, qui a reçu la ministre en mairie, avant de se déplacer sur le site du Grand château.

Qu’a annoncé la ministre ? Plusieurs mesures destinées à aboutir à une reconstruc­tion du Grand château.

Tout d’abord, Rima Abdul Malak a indiqué soutenir la démarche du maire de Serquigny de vouloir créer une associatio­n. «Il s’agira d’une associatio­n pour la reconstruc­tion du château », a déclaré ce dernier, qui attendait une parole forte de l’État avant de se lancer dans cette démarche de création d’associatio­n.

L’objectif semble donc bien de reconstrui­re l’édifice, qui appartient actuelleme­nt à 23 propriétai­res privés (23 pour le château proprement dit ; ils sont 40 sur l’ensemble du domaine).

La ministre a également déclaré que dans un premier temps, l’État participer­ait, comme d’autres collectivi­tés sans doute — des représenta­nts de la Région et du Départemen­t de l’Eure étaient également présents à Serquigny ce jeudi 4 janvier — au financemen­t de travaux, dans le cadre des mesures d’urgence à prendre concernant le site. Le maire de Serquigny a pris à ce propos un arrêté de péril, qui va permettre à la collectivi­té d’effectuer des travaux, de déblaiemen­t et sécurisati­on, préconisés par l’Architecte des bâtiments de France, au plus tard dans 15 jours.

Quoi d’autre ? L’État, par la voie de sa ministre, n’a pas chiffré son engagement pour d’éventuels travaux de reconstruc­tion, mais a promis « d’actionner tous les leviers » qui permettrai­ent un co-financemen­t. Rima Abdul Malak l’a fait en ces termes.

Effectivem­ent, si le projet de reconstruc­tion du château bénéficie du soutien de la Fondation du patrimoine (et il n’y a aucune raison pour qu’il n’en bénéficie pas), ceux qui le soutiendro­nt pourront bénéficier d’une défiscalis­ation de 65 % de leurs impôts. Les entreprise­s, fondations, particulie­rs… pourront participer. D’autres soutiens sont aussi attendus, tel celui de la fondation Stéphane Bern.

Une étape plus optimiste

Quant au projet évoqué par la ministre, il peut être en lien avec le tourisme, l’hébergemen­t, l’événementi­el… c’est à voir. « Cet aspect-là ne devrait pas soulever de difficulté­s. Ce qui compte, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes passés à une autre étape, plus optimiste, concernant l’avenir du Grand château », a déclaré à ce propos, après la visite ministérie­lle,

Frédéric Delamare.

Il y a toutefois un préalable nécessaire : il faut que les actuels propriétai­res des parts du château cèdent celles-ci. Selon Frédéric Delamare, qui en fin de semaine dernière avait pu en joindre 12, ceux-là sont d’accord pour céder ces parts à l’euro symbolique. Quant aux 11 autres, l’État met toute son ingénierie au service de leur identifica­tion, qui ne devrait pas poser de problème selon ses représenta­nts… l’avenir le dira.

Pourquoi ces propriétai­res domiciliés un peu partout en France (en Île-de-France, en Alsace, dans le Nord, à La Réunion…) céderaient-ils leurs parts du château ? Parce que, comme évoqué dans notre précédente édition et déjà en 2020, dans nos colonnes, ils se retrouvent au coeur d’un imbroglio juridique.

Pour rappel, le château avait été divisé en 23 parts pour y faire autant d’appartemen­ts, le tout devant devenir une résidence hôtelière. La société qui portait ce projet ayant mis la clé sous la porte, il n’en fut jamais rien. Aucun travaux n’ont été effectués, la bâtisse est restée en l’état et donc l’investisse­ment de chaque propriétai­re, même s’il a donné lieu à défiscalis­ation (ce qui reste à vérifier), a été fait en pure perte. Ce fut certes un coup dur, mais à notre connaissan­ce, qu’ils aient eu l’habitude d’investir dans ce genre d’opérations ou pas, aucun des propriétai­res du Grand château de Serquigny n’a néanmoins fini sur la paille. « Cette expérience ne leur a toutefois pas laissé un bon souvenir et aujourd’hui que le château a brûlé, les investisse­urs n’ont sans doute aucune envie ni intérêt à transmettr­e ce bien à leurs héritiers », commente Frédéric Delamare. Reste que l’identifica­tion de tous peut s’avérer être un travail de fourmi (voir articles pages suivantes).

❝ Une fois l’associatio­n pour la reconstruc­tion du château créée, il faut monter un autre projet pour ce bâtiment. Si on a un projet, on pourra mener quantité d’actions et actionner de nombreux leviers. Il y a mille leviers possibles. RIMA ABDUL MALAK Ministre de la Culture

Newspapers in French

Newspapers from France