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La ministre, « ceux qui s’agitent et ceux qui agissent »

- • Serge Velain L’Éveil normand

Est-ce la mise en cause de l’Etat par un élu d’extrêmedro­ite, sur les réseaux sociaux, dans cette affaire d’incendie du Grand château, qui a incité la (désormais ex) ministre de la Culture Rima Abdul Malak à venir sur place si promptemen­t, quatre jours seulement après le désastre ? La question lui a été posée ce jeudi 4 janvier 2024…

« Non, j’avais prévu de venir », répondit la ministre, qui exprima ensuite le besoin de « dire la vérité ». « Non, le château n’était pas squatté »

et «non, l’Etat ne fait pas rien pour le patrimoine»,

affirma-t-elle à ce propos. Souhaitant ensuite visiblemen­t passer à autre chose, Rima Abdul Malak a estimé que le temps n’était pas venu d’« instrument­aliser » quoi que ce soit, mais qu’il fallait au contraire « unir nos forces ». Et de conclure en ces termes :

Se rangeant dans la deuxième catégorie, Rima Abdul Malak visait dans cette dernière affirmatio­n Florian Philippot, un ancien du Rassemblem­ent national devenu président du parti d’extrême-droite Les Patriotes.

Ce dernier avait «twitté» sur le réseau X, ceci, le 21 décembre dernier : « Le château de Serquigny en Normandie, datant du XVIIe siècle et classé aux Monuments historique­s, en feu depuis ce matin : il n’en reste presque rien ! On apprend d’après la presse locale qu’il était squatté depuis 3 ans ! Malgré son classement ! Nos dirigeants se fichent éperdument du patrimoine national, ils se fichent éperdument de la France ! »

Squat… ou pas squat ?

Ceci mérite quelques explicatio­ns. Pour être précis, le Grand château de Serquigny n’est pas « classé aux Monuments historique­s », il est partiellem­ent inscrit au titre des Monuments historique­s. Quant à la « presse locale », si c’est de l’Eveil et actu.fr dont il parle, il n’a jamais été écrit que le château était «squatté depuis 3 ans». Il a été écrit qu’il avait été « squatté à plusieurs reprises », ce qui est différent.

Sur cette question des squatteurs, la version officielle est la suivante. « Aucun élément recueilli sur place ne permet de confirmer une présence durable. Il est vrai que le château était dans une situation d’abandon et de déshérence et il faisait l’objet de visites régulières, mais nous n’avons aucun état d’un squat durable. » Le préfet Simon Babre l’a affirmé en ces termes dans une vidéo, elle aussi publiée sur le réseau X, le 31 décembre 2023 à 19 h 25.

Selon nos informatio­ns, les gendarmes en charge de l’enquête n’ont effectivem­ent rien trouvé sur place — ni vêtements, ni couverture­s, ni réchauds, ni ustensiles de cuisine… — laissant à penser que le lieu était occupé illégaleme­nt de manière « durable ». Par contre, l’hypothèse de l’origine accidentel­le de l’incendie devrait être écartée, puisqu’il n’y avait pas d’électricit­é au château. La ministre a d’ailleurs indiqué, puisque là aussi il s’agit d’être précis, qu’il y avait «potentiell­ement une présence humaine » au château au moment du déclenchem­ent de l’incendie.

Selon la formule consacrée, une enquête est en cours et permettra peut-être de déterminer les origines de l’incendie du Grand château de Serquigny. En attendant, les réactions politiques dans cette affaire, au sens noble et moins noble du terme, ont été promptes.

❝ Il y a ceux qui parlent et s’agitent sur Twitter et ceux qui agissent. RIMA ABDUL MALAK Ministre de la Culture

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