Évreux a joué aux montagnes béarnaises
Dominateur tout au long du match, mais incapable de tenir le score, l’ALM s’est fait peur vendredi soir face à Pau-Orthez. Vainqueurs 74-73, les Ébroïciens s’emparent de la 8e place.
Comme bien (trop ?) souvent avec leurs protégés, les 1 800 spectateurs assis dans les gradins de la salle Jean-Fourré vendredi soir ont dû avoir le coeur bien accroché, tant les Eurois auront fait les montagnes russes, ou plutôt béarnaises, face à de vaillants Palois, toujours amputés de leurs deux arrières habituellement titulaires (le meneur Kendall Anthony et l’arrière Michael Oguine).
Deux quarts-temps maîtrisés, qui les voyaient s’envoler au tableau d’affichage, et deux autres où un mélange de pertes de balles et une furia béarnaise retrouvée permettaient à ces derniers de fondre sur leurs adversaires. Après quarante minutes d’une bataille parfois intense, à défaut d’être très belle à voir (que de ballons perdus et d’imprécisions !), l’ALM empochait la victoire d’un tout petit point d’avance (74-73), après en avoir compté jusqu’à 21…
Un début de match réussi
En ralliant la Normandie après un périple de plus de 800 km, le coach de Pau-Orthez Eric Bartecheky avait une petite idée derrière la tête. « Tenter des choses », pour revenir d’Évreux avec la victoire dans les soutes. Pas simple, alors qu’il présentait une nouvelle fois une équipe amoindrie par les absences de ses deux arrières majeurs, le meneur Kendall Anthony et l’arrière Michael Oguine (blessés). Avec le retour sur le parquet de Travis Munnings et l’envie de mettre le même engagement que face à Rouen, fin décembre, l’Élan se disait que la partie serait difficile, mais jouable, dans l’antre de l’ALM Evreux.
Les Pyrénéens ont — presque — réussi leur pari. Il aurait sans doute pour cela fallu mieux démarrer la rencontre. À l’issue de cinq minutes équilibrées (10-9, 5e), Évreux prenait le match en main, et commençait à creuser l’écart, profitant des errements défensifs et des balles perdues (8 en 10 minutes !) de Palois aux abois, et de leur maladresse de l’autre côté du terrain (25 % de réussite aux tirs seulement à l’issue du premier quart-temps). Sous pression, le jeune meneur remplaçant Dalil Hadi ratait son entame. Les Verts restaient englués avec 9 points au compteur, quand Évreux enfilait les paniers dans la raquette (24-9, 10e).
Le mirage de la victoire facile
La soirée promettait d’être relativement tranquille. Killian Malwaya plantait deux triples consécutivement, faisant gonfler le compteur ébroïcien. En face, l’Élan continuait de faire le coup de la panne… offensive. Sané puis Bruyas échouaient à 3 points coup sur coup. Rien n’allait chez les Béarnais, qui voyaient les Ébroïciens prendre leurs aises (36-17, 17e). À l’approche de la mi-temps, on se disait que l’ALM allait s’envoler vers une victoire facile.
Trop facile ? Les Ébroïciens auraient pu mettre la tête de Pau sous l’eau, ils ont fait tout le contraire. Les coéquipiers de Joe Burton se mettaient tout seuls dans la panade, bafouillant leur basket comme des grands. En face, les Palois, enfin, rentraient leurs tirs. En deux minutes, l’écart fondait comme neige euroise au soleil, sous la houlette d’Affo Mama (qui se rappelait aux bons souvenirs du public de Jean-Fourré d’un dunk autoritaire), Ba et surtout Bruyas qui commençait son festival (7 points en fin de période, 24 points au total). À la mi-temps, Pau ne comptait plus que sept points de retard (39-32).
Pau retrouve de l’élan
Pas satisfait du visage de son équipe (lire réaction page suivante), Neno Asceric a dû rappeler ses joueurs à leurs obligations dans le vestiaire. Au retour, les Ébroïciens avaient remis le bleu de chauffe et repartaient à l’attaque, pendant que les Palois rataient à peu près tout, de loin comme de près. Tout le monde ou presque y allait de son panier. Seul à trois points, Paul Rigot offrait un confortable matelas à l’ALM (56-35, 26e). 21 points, on gère ? Pensezvous ! Dos au mur, les Béarnais se révoltaient en fin de période.
Arthur Bruyas, par deux tirs longue distance, Munnings, Kasmil et Affo Mama à 3 points ramenaient l’Élan à 8 points avant le dernier quart-temps.
Pau-Lacq-Orthez avait raté son entame ; il n’allait pas rater sa fin de match, y mettant une folle énergie malgré des rotations forcément limitées (Hadi et Bruyas auront passé respectivement près de 39 et 38 minutes sur le parquet !). Bruyas puis Sané ramenaient les Verts à deux longueurs à cinq minutes du buzzer (60-58, 35e), faisant passer un premier frisson dans le dos du public.
Munnings refroidit Jean-Fourré
Le jeune papa Travis Munnings (tout juste revenu de congé paternité) choisissait ce moment pour sortir de sa torpeur et enquiller les triples, galvanisant ses coéquipiers. Le troisième permettait aux Palois d’égaliser à 43 secondes de la fin du match. Le momentum était clairement du côté des visiteurs, mais le moneytime allait pourtant sourire à Évreux. Burton et Parmentelot se chargeaient de réchauffer l’ambiance une dernière fois. L’ultime tir à trois points d’Arthur Bruyas, au buzzer, ne servait qu’à attiser les regrets de Palois qui repartaient dans le Béarn avec une nouvelle défaite en poche, la quatrième consécutive, la troisième de quelques points après avoir rudement bataillé.
Pour l’ALM, à défaut d’être très belle sur le plan du jeu, cette victoire lui permet de passer devant son adversaire du soir et d’intégrer le top 8, avant de se rendre vendredi soir face à l’avant-dernier de la classe, Angers, pour confirmer.