Le Département va investir 1,5 million d’euros pour «réveiller» la Filature Levavasseur
Le Département veut redonner vie aux ruines de la Filature Levavasseur, à Pont-Saint-Pierre. Une enveloppe d’1,5 million d’euros d’ici 2028 sera dévolue au chantier. Une collecte de témoignages et des événements culturels ont été annoncés.
Le long de l’Andelle, les ruines de la Filature Levavasseur sommeillent depuis bientôt 90 ans et la fin de l’exploitation de ce site industriel remarquable en 1946. «Nous voulons réveiller et révéler cette belle endormie », a lancé Alexandre Rassaërt, président du Département de l’Eure, lundi 8 avril, lors de la conférence de presse qu’il a tenue depuis la salle des machines en compagnie d’Yvette Petit-Decroix, déléguée départementale de la Fondation du patrimoine, de Thierry Plouvier et Françoise Collemare, conseillers départementaux, et Jean-Luc Romet, président de la Communauté de communes Lyons Andelle.
Bientôt classé Monument historique ?
Une visite qui a permis d’annoncer un plan en trois temps pour faire renaître cette cathédrale industrielle de style néogothique unique en Europe, propriété du Département depuis 1999. Alexandre Rassaërt s’est voulu toutefois modeste : «Nous n’allons pas reconstruire le site, mais assurer sa préservation », a-t-il prévenu au moment d’annoncer une enveloppe d’1,5 million d’euros pour financer les travaux d’ici 2028 et la fin du mandat du conseil départemental.
« Nous allons aussi demander le classement de la Filature aux Monuments historiques. Les élus se prononceront sur ce sujet lors de la prochaine session plénière le 14 juin », a ajouté le président.
Des annonces qui étaient attendues de très longue date dans le secteur. En témoigne Yvette Petit-Decroix : « Cela fait 40 ou 50 ans que j’habite dans les environs et cela fait autant de temps que l’on m’annonce que des travaux vont avoir lieu ici. J’espère ne pas avoir à attendre encore 50 ans pour que cela démarre », a glissé, sur le ton de la plaisanterie, la représentante de la Fondation du patrimoine.
Début des travaux en fin d’année
Une boutade à laquelle
Alexandre Rassaërt a vite répondu : « Une première tranche de travaux doit démarrer en fin d’année et vise à la consolidation du site afin de le rendre accessible au public ». Cette partie du chantier, déjà envisagée en 2021, mais qui avait dû être reportée, dispose d’un budget de 500000 euros. Elle comprend aussi la dévégétalisation des ruines. « De nombreuses entreprises avaient reculé devant la nature complexe et la technicité du site. Cette fois, nous avons établi un cahier des charges plus complet auquel, on l’espère, des entreprises seront en mesure de répondre rapidement »,a expliqué Alexandre Rassaërt.
Pour abonder ce chantier d’ampleur, le Département peut compter sur l’aide financière de la Fondation du patrimoine par le biais de la Mission Bern à hauteur de 250 000 euros. Par ailleurs, l’assureur Axa participe à hauteur de 100 000 € dans le cadre du système de mécénat d’entreprise développé par la Fondation.
Recherche témoignages
La sauvegarde de la Filature revêt, selon Yvette Petit-Decroix, un intérêt historique et mémoriel : « Le site témoigne de l’histoire économique de la vallée, mais plus largement de la Haute-Normandie, région la plus productrice de textile en France, à la fin du XIXe », a-t-elle précisé.
Dans cette optique, une collecte d’archives et de témoignages est organisée pour retracer l’histoire du site et permettre de mieux appréhender le quotidien des ouvriers et ouvrières, qui ont été jusqu’à 300 à filer le coton sur le site. « Il est important que les habitants du secteur ou les descendants de ces ouvriers qui ont des informations ou des témoignages à nous fournir nous contactent. Nous sommes aussi à la recherche d’archives et d’objets permettant de retracer l’histoire de la Filature », a appuyé Thierry Plouvier.
La Filature est remarquable « d’un point de vue architectural », a repris Yvette PetitDecroix. « C’est la plus grande d’Europe et elle comporte des tours à la fois fonctionnelles et esthétiques ».
Réaliser des travaux permettraient, par ailleurs, de donner « un avenir touristique» au site qui pourrait s’intégrer dans un parcours de visite en lien avec l’Abbaye de FontaineGuérard, à Radepont. Avant ces travaux, mais toujours dans l’optique de redonner vie aux ruines de la Filature, deux temps forts culturels et un projet de création artistique vont être mis sur pied par le Département (lire encadré cidessous).
■ Les personnes souhaitant partager des témoignages, images et autres documents autour de la Filature Levavasseur sont invitées à contacter la direction de la culture et du patrimoine du Département de l’Eure. Contact : 02 27 34 00 69 ou filaturelevavasseurinfo@eure.fr