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«Dix ans de purgatoire»

- • Propos recueillis par Florent Lemaire

GUILLAUME ROUGER, chef de file de la liste Évreux Avance

➜ Quel bilan dressez-vous des dix ans de mandat de Guy Lefrand à la Ville et à l’agglo ?

Ç’a été dix ans de purgatoire. Dix ans, c’est long. Je les résumerai comme ceci : un premier mandat au cours duquel tout n’a pas été mauvais, mais qui a posé les bases de nombreuses erreurs, de mauvais paris, et une incapacité à faire les bons choix pour Évreux, et un deuxième mandat qui est le mandat d’une forme de délitement, d’affaisseme­nt et de déclasseme­nt pour Évreux. Je pense que Guy Lefrand a isolé Évreux, méthodique­ment, et il a persisté dans cette erreur pendant dix ans. Cet isolement d’Évreux par rapport à ses partenaire­s, territoria­ux, nationaux, s’est accéléré au cours des dernières années. On voit les villes alentour se développer beaucoup plus solidement que notre cité. Je ne pense pas qu’on puisse se développer en marge du territoire et dans l’isolement le plus total.

Conches a décidé de sortir du contrat de territoire qui la liait à Évreux au motif qu’Évreux tirait Conches vers le bas et n’était plus en capacité de porter les projets. Louviers est sorti du partenaria­t dans le Tangram. On peut citer Vernon et Val-deReuil qui ont un développem­ent économique, culturel et sportif bien plus dynamique que notre ville. On devrait être la locomotive du départemen­t, mais plus personne ne veut travailler avec Guy Lefrand au bout de dix ans. C’est sans doute lié à un trait de personnali­té qui n’est pas le bon quand on veut développer un territoire, mais je crois que ce sont avant tout de mauvais choix et un refus de voir la réalité en face et de voir quels axes prioritair­es nous devons développer à Évreux. Guy Lefrand a hérité d’un capital qu’il a dilapidé. Il a hérité de Jean-Louis Debré d’un hôpital public flambant neuf. Au bout de dix ans, on est passé d’un hôpital public à la pointe, qui collaborai­t avec deux grandes cliniques privées, à une situation du système de santé catastroph­ique.

➜ Estimez-vous qu’il y a eu des réussites au cours de cette décennie ?

Tout n’est pas à jeter, mais le fait d’aménager le coeur de ville comme il l’a fait, avec des réalisatio­ns plutôt réussies, ça ne suffit pas. On le voit sur le plan du développem­ent économique. On a une dislocatio­n lente, mais continue de notre attractivi­té, à la fois économique et commercial­e. Il n’est qu’à voir le déficit abyssal des zones d’activité, sur le Long Buisson notamment. On a un coeur de ville en déshérence, malgré les investisse­ments. Quand le commerce en coeur de ville disparaît, les trafics prennent le relais.

« Besoin d’une nouvelle ère »

➜ Guy Lefrand vous présente, Isabelle Collin et vous, comme des opposants qui connaissen­t et travaillen­t leurs dossiers. Est-il possible de travailler avec lui en tant qu’opposant ?

Je pars du principe que nous devons travailler avec les personnes qui sont en responsabi­lité. Comme le reconnaît Guy Lefrand, nous travaillon­s nos dossiers avec Isabelle Collin. Je voudrais souligner que Guy Lefrand est un maire qui travaille, qui connaît ses dossiers. Mais force est de constater que la situation dans laquelle il laisse notre territoire depuis dix ans n’est pas acceptable. La pauvreté s’est installée, la fraternité qui faisait l’ADN d’Évreux par le passé a laissé la place à un communauta­risme qui s’est développé. Après ces dix années d’une forme de purgatoire, Guy Lefrand nous laisse une dette abyssale, qu’il va falloir résorber, un isolement mortifère, un patrimoine communal dans un état catastroph­ique. Ce purgatoire, Guy Lefrand voudrait nous le vendre au prix d’un paradis, un prix fort qui est celui des hausses d’impôts imposées au niveau de l’agglomérat­ion parce que nous sommes étranglés par ces choix et ces mauvais paris. Aujourd’hui, on a besoin d’air, et d’une nouvelle ère à Évreux.

➜ Guy Lefrand sera candidat en 2026 : serez-vous présent pour l’affronter, et peut-il être battu ?

C’est une bonne chose qu’il soit candidat : il a à défendre son bilan. On a besoin d’une autre alternativ­e. Nous avons une autre vision pour Évreux. Avec Isabelle Collin, nous sommes en capacité de porter un autre projet, beaucoup plus ambitieux pour Évreux. C’est notre ville de coeur, nous y vivons. Nous sommes en capacité de travailler avec l’ensemble des maires aux alentours, l’ensemble des échelons, départemen­taux, régionaux et nationaux. On a besoin de ça pour qu’Évreux retrouve cette aspiration au développem­ent et cette capacité d’entraîneme­nt du territoire qui lui manque aujourd’hui. Évidemment, nous serons au rendez-vous. Je crois et je pense qu’il sera battu en 2026, car son bilan n’est pas bon et que les Ébroïciens ont bien vu qu’au bout de dix ans, il a placé notre ville dans une impasse. Il faut en sortir, c’est ce que nous proposeron­s dans les mois et années qui viennent.

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Archives Ch.G. Guillaume Rouger est élu à Évreux Avance à la ville et à l’agglo avec Isabelle Collin.

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