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De nouveaux agents à quatre pattes dans les services de la mairie

Et si vous veniez au bureau avec votre chien ? Depuis début avril, c’est ce que propose la Ville à ses agents, dans le cadre d’une expériment­ation sur la qualité de vie au travail et le bien-être animal.

- • Aurélien Delavaud Le Journal d’Elbeuf

Elle part fureter de bureau en bureau, revient dans celui de sa maîtresse, saute pour réclamer un câlin ou une caresse. De toute évidence, Taïga s’est déjà faite à son nouveau rythme de travail. Car oui, depuis quelques jours, ce jeune berger américain d’un an et demi suit des horaires de bureau, quand elle suit Mélanie Duflos à la mairie de Saint-Pierre-lès-Elbeuf. Une intrusion en douce pour rejoindre sa maîtresse ? Un accompagne­ment autorisé pour une personne handicapée ? Rien de tout ça ! Taïga est maintenant la bienvenue dans la mairie, dans le cadre d’une expériment­ation sur le bien-être animal et la qualité de vie au travail. Et elle n’est pas la seule.

Unique en Seine-Maritime

« Nous avons identifié une dizaine d’agents qui peuvent être intéressés et quatre ont déjà essayé, précise Stéphane Castrale Bela, le directeur général des services de la mairie. Nous avons lancé cette expériment­ation début avril et pour une durée de trois

mois. » Cette phase de test sera forcément nécessaire pour comprendre les bienfaits et les défauts de cette démarche très peu répandue pour le moment. « J’ai fait beaucoup de recherches sur Internet, j’ai trouvé des initiative­s d’entreprise­s privées, mais presque rien sur des collectivi­tés. Il y a Lyon, Grenoble et Suresnes. Je suis presque sûr que nous sommes les seuls à l’essayer en Seine-Maritime », poursuit le directeur.

Si la ville de Saint-Pierre-lèsElbeuf s’est lancée dans cette aventure, ce n’est pas pour le plaisir d’innover, mais parce qu’elle pense que ses employés peuvent en tirer profit. Et elle aussi par la même occasion, avec plus d’efficacité et moins d’absentéism­e chez les agents. Pour cela, la mairie s’appuie sur une étude Ipsos de 2017, qui annonce que 45 % des personnes interrogée­s pensent que la présence d’un chien sur leur lieu de travail permet de réduire le stress et 40 % de ces sondés estiment que cela favorise un meilleur équilibre entre vie privée et vie profession­nelle. Des chiffres validés par l’avis de Carine Gillot, qui travaille dans le cabinet de la maire, et qui est déjà venue avec deux de ses chiens au bureau : « Quand on a un chien, s’il faut rester un peu plus tard le soir, c’est un peu plus cool, on est un petit peu moins stressé et pressé de rentrer pour le sortir. »

Un cadre strict à respecter

Après une petite semaine d’expériment­ation, l’avis des propriétai­res canins et de leurs collègues est pour le moment unanime. « Ça fait des sujets de conversati­on, ça met une bonne ambiance. Même quand le chien n’est pas là, on prend de ses nouvelles », illustre Stéphane Castrale Bela. « C’est assez agréable, car ça donne une bonne dynamique avec les collègues», apprécie Mélanie Duflos, maîtresse de Taïga et directrice de la cohésion sociale et des proximités. « Maintenant, on ne va plus à la pause café, on prend la laisse et on va à la pause pipi », s’amuse Carine Gillot, sa chienne Naïla sur les genoux.

Sur le papier, l’idée semble presque parfaite. D’autant qu’elle ne coûte pas un euro à la Ville. Mais de nombreuses règles ont été établies en amont, pour que l’expérience

profite à tous. « Le plus important, c’est que pour ramener son chien, il faut l’accord de tous les autres agents de l’étage. Il est hors de question d’imposer son animal aux autres », assure Stéphane Castrale Bela. Et pour ceux qui donnent leur accord, mais qui ne veulent pas forcément être en contact avec les chiens, une signalétiq­ue a été déployée pour que les agents puissent indiquer si leur compagnon à quatre pattes se trouve dans leur bureau.

Le temps de l’expériment­ation, la décision a été prise de n’autoriser qu’un chien à la fois par étage, en roulement entre les agents, et dans la limite de trois jours par personne et par semaine. « Il vaut mieux le faire de façon mesurée, mais le faire bien, assume le directeur général des services. On ne doit pas non plus passer sa journée à gérer le chien ! »

Des chiens, oui, mais pas partout

Un règlement intérieur a d’ailleurs été édité, pour rappeler la bonne conduite à tenir et les obligation­s à respecter : les agents doivent apporter le matériel nécessaire au bien-être de leur chien, ils sont responsabl­es d’éventuelle­s salissures ou dégradatio­ns, le chien doit être à jour dans ses vaccins, chaque propriétai­re doit avoir une assurance couvrant les éventuels dégâts causés par son chien…

Malheureus­ement, malgré ce règlement, certains agents sont exclus d’office de l’expériment­ation. « On ne peut pas ramener un chien dans les services de petite enfance, dans les écoles et dans la restaurati­on, pour des raisons d’hygiène », précise Stéphane Castrale Bela. C’est également

le cas pour les services d’accueil ou en lien avec le public. Mais parfois, des adaptation­s sont possibles. C’est le cas pour Pierre-André, le chef de la police municipale, qui est déjà venu plusieurs fois au bureau

avec son labrador. « Quand je dois aller sur le terrain, je ne peux pas le prendre avec moi. Dans ces moments-là, ma collègue le garde au pied de son bureau et ça se passe très bien. Il est déjà un peu devenu la mascotte du service », apprécie l’agent. En juin, après trois mois de phase de test, les élus et les agents de la Ville feront le bilan de l’expériment­ation. Ils décideront ensuite de la rendre permanente, ou pas. « Ça passera par un vote en Comité social territoria­l puis

au conseil municipal », ajoute Stéphane Castrale Bela. Si le vote est favorable, il deviendra de plus en plus banal de croiser des chiens dans les couloirs de l’hôtel de ville. Et pourquoi pas d’autres animaux, comme des chats ? Pour le moment, la Ville ne semble pas favorable à une ouverture du dispositif à d’autres espèces. « Un chat, ça pose d’autres questions, comme celles des allergènes ou de l’hygiène, avec le bac à litière », conclut le directeur général des services.

❝ Ça fait des sujets de conversati­on, ça met une bonne ambiance. Même quand le chien n’est pas là, on prend de ses nouvelles.

STÉPHANE CASTRALE BELA,

directeur général des services

 ?? Aurélien Delavaud ?? Quand elle en a envie et comme ses collègues, Mélanie Duflos peut maintenant venir travailler à la mairie de Saint-Pierre-lès-Elbeuf avec sa chienne Taïga.
Aurélien Delavaud Quand elle en a envie et comme ses collègues, Mélanie Duflos peut maintenant venir travailler à la mairie de Saint-Pierre-lès-Elbeuf avec sa chienne Taïga.
 ?? Aurélien Delavaud ?? Dans le bureau de sa maîtresse, Naïla coule des journées paisibles.
Aurélien Delavaud Dans le bureau de sa maîtresse, Naïla coule des journées paisibles.

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