Ursula von der Leyen souhaite renforcer les capacités militaires de l’UE
L'Union européenne doit démultiplier au cours des cinq prochaines années ses capacités de production en matière de défense pour faire face à la menace de la Russie.
C'est l'avertissement lancé mercredi à Strasbourg par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les eurodéputés. Les achats conjoints d'équipements militaires représentent le point clé de la stratégie industrielle européenne de défense qu'elle présentera prochainement.
"L'un des principaux objectifs de la stratégie, et du programme européen d'investissement dans la défense qui l'accompagnera, sera de donner la priorité aux acquisitions conjointes dans le domaine de la défense. Tout comme nous l'avons fait avec succès pour les vaccins ou, par exemple, pour le gaz naturel", explique la responsable allemande.
"Cela nous aidera à réduire la fragmentation et à accroître l'interopérabilité. Mais pour ce faire, nous devons collectivement envoyer un signal fort à l'industrie".
L'une des idées principales est de faciliter les accords d'achat anticipé avec l'industrie de la défense afin de lui donner des commandes stables et prévisibles à long terme, et ainsi reconstruire, reconstituer et moderniser les forces armées des États membres.
Ce projet peut compter sur le soutien de la première force politique du Parlement, le Parti populaire européen.
"Actuellement, les États membres dépensent beaucoup trop au niveau national. Nous devons coopérer plus étroitement en Europe. Nous avons besoin de plus de technologie et d'expertise en matière de défense", constate l’eurodéputé David McAllister (PPE).
"Nous devons acheter plus d'équipements de défense ensemble. Et si l'Union européenne peut lancer ce processus, en faisant en sorte que les États membres travaillent plus étroitement ensemble, alors c'est tout à fait dans notre intérêt", ajoute-t-il.
Mais la proposition ne fait pas l'unanimité au Parlement européen. La gauche radicale est très critique.
"Cela aura tout d'abord un impact très important sur l'industrie européenne, parce que nous allons sponsoriser la production d'armes. Et cela, d'une part, va pousser certaines entreprises, les entreprises d'armement, au détriment d'autres entreprises", juge Marc Botenga (La Gauche).
"D'autre part, certaines entreprises, celles qui pourraient produire par exemple des avions Canadair, des avions de lutte contre les incendies, seront poussées et encouragées à produire des armes. Ce n'est pas le genre d'Europe que nous voulons".
La présidente de la Commission souhaite aussi utiliser les bénéfices exceptionnels des avoirs russes gelés pour acheter des équipements militaires en faveur de l'Ukraine. Toutefois, la voie juridique pour réaliser ce projet reste incertaine.