Le Premier ministre finlandais critiqué pour son alliance avec l'extrême-droite
"Mon gouvernement s'est engagé en faveur d'une Union européenne forte. Une UE qui agit et ne se contente pas de réagir. Nous voulons construire une Union qui prenne soin de notre sécurité commune et qui travaille pour notre économie". Le Premier ministre finlandais a donné sa version de l’UE mercredi à Strasbourg devant les eurodéputés.
Mais le discours Petteri Orpo s'est rapidement transformé en accusations sur son alliance avec le Parti des Finlandais, un parti populiste et eurosceptique qui a été éclaboussé par des scandales de racisme, d'antisémitisme et de néonazisme.
Le Parti des Finlandais appartient au Parlement européen au groupe populiste des Conservateurs et Réformistes européens (CRE). La Coalition nationale de Petteri Orpo appartient au Parti populaire européen (PPE), la formation des chrétiens-démocrates, première force politique dans l’hémicycle.
L'un des ministres du Parti des Finlandais, Vilhelm Junnila, a démissionné l'année dernière après avoir révélé qu'il avait fait des plaisanteries sur le salut nazi et qu'il avait encouragé les avortements en Afrique comme méthode de lutte contre le changement climatique. Le leader du parti, Riikka Purra, a lui été contraint de s'excuser pour avoir fait des remarques racistes sur les immigrés turcs et somaliens par le passé.
Les forces progressistes considèrent le gouvernement finlandais comme une preuve de la frontière de plus en plus floue entre la droite traditionnelle et l'extrême droite, un phénomène qui, selon elles, se répand rapidement dans l'Union européenne et menace la viabilité de l'intégration européenne.
Iratxe García Pérez, chef de file des sociaux-démocrates (S&D), a mené la charge contre Petteri Orpo.
"Votre alliance avec l'extrême droite est la véritable menace pour notre démocratie et pour le projet européen. C'est pourquoi l'avenir de l'Union européenne est en jeu", a dénoncé la responsable espagnole.
"En ces temps d'incertitude et de grandes transformations, il ne suffit pas d'essayer de résister à la vague réactionnaire. Nous devons aller de l'avant", a-t-elle poursuivi.
"M. Orpo, M. Weber (président du PPE) : mettez fin à votre alliance avec ceux qui veulent détruire l'Europe".
La proposition de Petteri Orpo de repenser le Pacte vert après les élections européennes, prévues entre le 6 et le 9 juin, a été un autre point de discorde. Le Premier ministre finlandais a exhorté l'Union à "recalibrer (sa) politique climatique et à s'éloigner d'une réglementation trop détaillée pour encourager l'innovation".
"Nous avons besoin de carottes et d'incitations, pas de bâtons et de bureaucratie", a-t-il souligné, suscitant les applaudissements des eurodéputés du PPE, qui ont adopté une position plus critique à l'égard de la politique climatique menée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Philippe Lamberts, co-président des Verts, a dénoncé le discours de Petteri Orpo et a affirmé que la position "frugale" de la Finlande en matière de dépenses publiques est en "contradiction" avec les objectifs de déploiement des énergies renouvelables, étant donné que cela implique des dépenses importantes pour tous les Etats membres.
"La réglementation nous fixe des objectifs et crée des marchés. On ne peut pas à la fois dire qu'il faut plus de carottes et ne pas vouloir dépenser d'argent pour cela. Je veux dire, que sont les carottes si ce n'est pas de l'argent public ? "
Philippe Lamberts a également critiqué la coalition gouvernementale en Finlande. "Les gens comme nous ne devraient jamais, jamais s'allier avec des gens qui considèrent de facto certains êtres humains comme inférieurs".
"C'est ce que vous avez fait en Finlande. Et je suis heureux, Manfred (Weber), que vos collègues au Portugal ne fassent pas cela", a-t-il insisté, faisant référence au récent résultat des élections législatives au Portugal, où les conservateurs qui l’ont emporté ont exclu de former une coalition avec le parti d'extrême droite Chega.
Les critiques contre Petteri Orpo et ses alliances politiques et ses réformes économiques ont été largement reprises par d'autres députés progressistes au cours du débat, même si elles ont été occasionnellement interrompues par des expressions de soutien de la part des élus de droite et d'extrême-droite.
Nicola Procaccini, co-président du groupe CRE, a chaleureuse