En Turquie, des élections municipales aux enjeux nationaux
Moins d'un an après la victoire de Re‐ cep Tayyip Erdoğan à la présidentielle, les élections municipales prévues ce dimanche suscitent peu d'engouement. "Il faut s'attendre à un taux de partici‐ pation plus bas qu'aux élections précé‐ dentes", prévoit le politiste Berk Esen. En cause, la désillusion d'une partie de l'électorat après plus de vingt ans de gouvernance sous l'égide du Parti jus‐ tice et développement ( AKP) qu'il peine à déloger par les urnes. Les en‐ jeux de ces municipales sont pourtant de taille, tant les résultats du scrutin fa‐ çonneront l'avenir politique du pays à l'échelle nationale.
Pour Recep Tayyip Erdoğan et son parti, il s'agit de reprendre les métro‐ poles du pays - Istanbul, Ankara, Anta‐ lya ou encore Adana - tombées aux mains de l'opposition à l'issue des der‐ nières municipales de 2019. Plus qu'ailleurs, la défaite à Istanbul avait été un coup dur pour le "reis" : creuset du mouvement islamiste, c'est là qu'il a entamé sa carrière politique en tant que maire de la ville de 1994 à 1998.
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Dans un contexte où le paysage médiatique est phagocyté par le pou‐ voir, les mairies des plus grandes villes offrent une rare visibilité à l'opposition en lui permettant de s'adresser à une audience nationale. A la suite de leurs victoires respectives en 2019, le maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, et son homologue à Ankara, Mansur Yavaş, issu du même parti, se sont érigés en étoiles montantes de la classe politique turque : tous deux sont pressentis pour la prochaine présidentielle de 2028. S'ils devaient renouveler leurs mandats ce dimanche, leur stature de présiden‐ tiable s'en trouverait renforcée.