EuroNews (French Edition)

Le Parlement européen "examine" les allégation­s selon lesquelles des membres ont été payés pour diffuser de la propagande russe

- Mared Gwyn Jones

Le Premier ministre belge Alexander De Croo a déclaré jeudi que "la Russie avait approché des législateu­rs de l'UE" et les avait payés pour "promou‐ voir la propagande russe" en Europe, dans le cadre d'une opération décou‐ verte par une enquête tchèque.

Les services du Parlement n'ont pas été en mesure de confirmer le nombre d'eurodéputé­s concernés, mais ont dé‐ claré vendredi qu'ils travaillai­ent "en coordinati­on avec leurs partenaire­s institutio­nnels" en réponse à ces alléga‐ tions explosives.

Dans une lettre adressée à la prési‐ dente du Parlement, Roberta Metsola, la cheffe du groupe centriste Renew Europe, Valérie Hayer, décrit les allé‐ gations comme une "attaque claire" contre le Parlement et son "mandat dé‐ mocratique".

"Si des députés européens ou des candidats aux prochaines élections eu‐ ropéennes ont reçu de l'argent ou ont été corrompus par le gouverneme­nt russe ou ses mandataire­s, ils doivent être démasqués", a déclaré Mme Hayer.

Cette déclaratio­n intervient un peu plus de deux mois avant que les élec‐ teurs européens ne se rendent aux urnes pour élire 720 membres du Parle‐ ment européen, et alors que l'on craint de plus en plus que les mandataire­s du Kremlin n'utilisent la manipulati­on de l'informatio­n pour fausser le vote dé‐ mocratique.

S'exprimant lors d'un débat sur l'in‐ gérence étrangère au Parlement belge jeudi, M. De Croo a confirmé que les services de renseignem­ent belges avaient été informés par les services secrets tchèques des allégation­s concernant des députés européens.

Selon les médias tchèques citant des responsabl­es des services de ren‐ seignement, les allégation­s concernent des hommes politiques d'Allemagne, de France, de Pologne, de Belgique, des Pays-Bas et de Hongrie.

Au coeur de l'opération démantelée par les autorités tchèques se trouvait la société d'informatio­n Voice of Europe, qui a été sanctionné­e par la République tchèque, ainsi que deux personnes.

L'une des personnes sanctionné­es est Viktor Medvedchuk, homme poli‐ tique ukrainien pro-Kremlin, qui, selon le ministère tchèque des affaires étran‐ gères, a utilisé Voice of Europe pour diffuser de la propagande visant à por‐ ter atteinte à "l'intégrité territoria­le, la souveraine­té et l'indépendan­ce" de l'Ukraine.

Le premier ministre tchèque, Petr Fiala, a déclaré que l'opération décou‐ verte visait à déstabilis­er l'ensemble de l'Europe et a révélé que d'autres pays européens avaient ouvert des enquêtes à la suite des efforts de la République tchèque.

L'agence polonaise de sécurité inté‐

rieure a déclaré jeudi qu'elle effectuait également des perquisiti­ons dans la ca‐ pitale Varsovie et dans la ville de Ty‐ chy dans le cadre d'une enquête com‐ mune "coordonnée" avec d'autres pays européens.

S'exprimant depuis New York jeudi soir, la vice-présidente de la Commis‐ sion européenne, Věra Jourová, a confirmé que l'enquête polonaise pour‐ rait bientôt déboucher sur d'autres ac‐ cusations et a accusé M. Poutine d'uti‐ liser des "canaux douteux" pour exer‐ cer son influence et des "partis natio‐ naux" pour se faire le porte-parole.

Voice of Europe au coeur des al‐ légations

Le média au coeur de l'enquête est Voice of Europe, une société néerlan‐ daise cotée en bourse dont le siège offi‐ ciel se trouve dans un petit village de la province du Brabant-Septentrio­nal.

Il y a 11 jours, elle a organisé un débat au Parlement européen à Stras‐ bourg lors d'une session plénière, ac‐ cueillant des députés européens de Vox (Espagne) et du Forum voor Democra‐ tie (Pays-Bas), un parti d'extrême droite.

Le site web de la société est indis‐ ponible depuis mercredi soir, selon les archives du site. Alors que ses comptes

X, Facebook et YouTube sont inactifs depuis le 27 mars, son compte Tele‐ gram est toujours actif.

Mais son contenu montre claire‐ ment qu'elle avait un accès total au par‐ lement et à ses membres. Ses vidéos sur les médias sociaux mettent en scène une série d'eurodéputé­s, princi‐ palement du groupe d'extrême droite Identité et Démocratie (ID) ou des membres non-inscrits.

Dans sa lettre à Roberta Metsola, Mme Hayer demande que l'accès de Voice of Europe aux locaux du Parle‐ ment européen soit suspendu et que l'Union européenne suive l'exemple de la République tchèque en imposant des sanctions à l'échelle de l'UE à la so‐ ciété.

Les autres groupes parlementa­ires et la présidente du Parlement n'ont pas encore commenté ces allégation­s.

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Le Parlement européen à Strasbourg
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