"Le destin de l'Europe est lié à celui de l'Ukraine", déclare la cheffe des libéraux de l'UE à Kiev
Valérie Hayer, qui dirige le groupe Re‐ new Europe et a été présentée comme l'un de ses trois principaux candidats aux élections, a déclaré à Euronews qu'elle voulait "aller sur le terrain" pour mieux comprendre la réalité "po‐ litique" et "militaire" en Ukraine.
"Nous devons expliquer aux ci‐ toyens européens que cette guerre en Ukraine a un impact énorme sur nous, et que la sécurité du peuple ukrainien est notre sécurité", a déclaré Valérie Hayer mercredi, ajoutant que "notre destin est lié".
Cette visite intervient alors que l'on craint que le président russe Vladimir Poutine n'intensifie ses attaques contre l'Ukraine après avoir tenté d'impliquer Kiev dans l'attentat terroriste perpétré vendredi dernier dans une salle de concert de Moscou, qui a fait au moins 143 victimes.
Selon des sources militaires ukrai‐ niennes, la Russie a tiré au moins 26 missiles balistiques sur Kiev au cours de la semaine dernière, touchant des infrastructures civiles.
Face à l'incertitude quant à l'avenir du soutien américain après l'élection présidentielle de novembre et à l'épui‐ sement rapide des stocks de munitions, Kiev compte de plus en plus sur ses al‐ liés européens pour reconstituer ses stocks.
"La plus grande crainte en matière de sécurité est l'écart croissant dans notre puissance de feu d'artillerie", a déclaré à Euronews le vice-ministre ukrainien de la défense, Yuriy Dzhy‐ gyr.
"Nous avons le soutien, nous sen‐ tons le soutien, nous comprenons qu'il y a des problèmes techniques avec la reconstitution des stocks, mais nous sentons votre solidarité et nous l'ap‐ précions beaucoup".
Cela signifie que les partis poli‐ tiques ont fait du soutien à l'Ukraine - et du renforcement des capacités dé‐ fensives de l'Europe - une pièce maî‐ tresse de leurs programmes électoraux.
Un document d'orientation sur la défense européenne, dévoilé mercredi par le groupe Renew, propose de "ren‐ forcer radicalement" l'achat conjoint d'armes par l'Europe et d'augmenter les dépenses dans la défense tant au niveau européen que national.
Les revers subis par l'Ukraine sur le champ de bataille au cours des der‐ nières semaines ont fait naître un senti‐ ment d'urgence chez les dirigeants de l'UE, qui ont rompu avec les précé‐ dents en augmentant le flux d'aide mili‐ taire et financière à leur voisin touché par la guerre.
L'Union européenne s'apprête à uti‐ liser les bénéfices exceptionnels tirés des actifs russes immobilisés dans l'UE pour acheter davantage d'armes, et ouvre même un dialogue difficile sur la perspective d'augmenter la dette com‐ mune de l'UE pour financer les besoins en matière de défense, ce qui suscite des divisions.
S'exprimant depuis l'Ukraine, Mme. Hayer a déclaré qu'il était temps de faire un "bond en avant dans la dé‐ fense européenne".
"Une véritable Union européenne de la défense permettra d'économiser de l'argent en mettant fin à la duplica‐ tion et au gaspillage, mais pour ce faire, nous devons investir maintenant et investir dans la base industrielle de défense de l'Europe", a-t-elle déclaré.
Le groupe Renew est en passe d'at‐ teindre de justesse la position de troi‐ sième plus grand groupe du Parlement européen, selon un sondage exclusif réalisé par Ipsos.
Mme Hayer est l'un des principaux candidats de Renew pour l'UE et elle est également tête de liste du parti Re‐ naissance d'Emmanuel Macron en France.
Les projections les plus récentes de notre sondage placent Renew à 87 sièges, et le parti d'extrême droite Iden‐ tité et Démocratie (ID) en quatrième position avec 80 sièges.
Le bond de 31 sièges prévu pour ID est propulsé par le succès du Rassem‐ blement national français et de son principal candidat, Jordan Bardella, 28 ans, qui rivalisera avec Valérie Hayer pour le vote français et qui a rompu avec les liens historiquement étroits de son parti avec la Russie en adoptant une ligne dure à l'égard de Moscou.
Coup de pouce à la candidature de Kiev à l'adhésion à l'UE
Valérie Hayer a également promis de faire avancer l'Ukraine sur la voie de l'adhésion à l'UE en proposant d'accor‐ der le statut d'observateur aux législa‐ teurs ukrainiens au Parlement européen
"dès que possible".
Le processus d'adhésion à l'Union européenne est notoirement long et, bien que les dirigeants européens aient donné leur feu vert à l'ouverture de né‐ gociations officielles avec l'Ukraine en décembre dernier, la route vers une adhésion à part entière à l'UE est longue.
Cela a incité l'Union européenne à proposer des moyens d'intégration pro‐ gressive, notamment en réunissant les responsables politiques des pays candi‐ dats autour de la table de décision avant que le processus d'adhésion ne soit achevé.
"Nous voulons que des hommes po‐ litiques ukrainiens siègent au Parle‐ ment européen en tant qu'observateurs dès que possible, mais nous ne devons pas attendre qu'un statut d'observateur officiel soit accordé pour commencer sérieusement à travailler ensemble", a déclaré Mme. Hayer.
"En signe de soutien et de visibilité, et comme outil de dissuasion contre l'agresseur russe, les hommes poli‐ tiques ukrainiens seront régulièrement invités au groupe "Renew Europe" du Parlement européen et à nos réunions de pré-sommet avec les dirigeants eu‐ ropéens", a-t-elle ajouté.
Ces sommets rassemblent des chefs d'État et de gouvernement centristes de l'UE, dont le président français Emma‐ nuel Macron et le premier ministre es‐ tonien Kaja Kallas.
Le parti ukrainien Serviteur du peuple, auquel appartient le président Volodymyr Zelenskyy, s'est vu accor‐ der le statut de membre de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE), l'une des trois fac‐ tions politiques qui forment le groupe Renew Europe, peu après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.