EuroNews (French Edition)

L'extrême-droite semble inarrêtabl­e dans les six pays fondateurs de l'UE

- Gerardo Fortuna

Le soutien aux partis d'extrême droite et aux partis conservate­urs ne cesse de s'accroître dans les pays au‐ trefois considérés comme le noyau dur de l'UE - Belgique, France, Alle‐ magne, Italie, Luxembourg et Pays-Bas - qui ont créé les Communauté­s euro‐ péennes dans les années 1950.

C'est l'un des chiffres les plus frap‐ pants qui ressortent de l'enquête exclu‐ sive menée par Euronews sur la base de 26 000 entretiens (dont 10 000 dans les "Six") dans des pays représenta­nt 96 % de la population de l'Union euro‐ péenne.

Les intentions de vote exprimées par les participan­ts au sondage montrent que ces pays penchent inexorable­ment vers la droite radi‐ cale.

Alors que les affiliés du Parti popu‐ laire européen (PPE) de centre-droit sont toujours en tête des sondages en Allemagne et au Luxembourg, les Frères d'Italie de Giorgia Meloni, de‐ vraient enregistre­r les meilleurs résul‐ tats électoraux de leur histoire et passer de sept à 23 sièges parlementa­ires.

Plus impression­nant encore, trois partis affiliés au groupe parlemen‐ taire d'extrême droite Identité et Dé‐ mocratie (ID) sont en tête des son‐ dages en France, aux Pays-Bas et en Belgique.

Échec sur la question de l'immi‐ gration

Dans l'ensemble, les partis de centredroi­t ou d'extrême droite dans ces six pays devraient passer de 135 à 153 députés européens, selon l'en‐ quête.

L'héritage de Konrad Adenauer, Robert Schuman, Alcide De Gasperi, et des autres pères fondateurs de l'Europe, semble aujourd'hui menacé par certains des plus féroces opposants à l'intégra‐ tion européenne, tels que Geert Wilders ou Marine Le Pen. Les espoirs des partisans de l'UE reposent désor‐ mais sur une alliance de convenance entre les conservate­urs et les partis de centre-droit.

"Je ne vois pas Giorgia Meloni comme un catalyseur de Vladimir Pou‐ tine, je la vois comme un barrage à l'extrême droite", a déclaré Margaritis Schinas, vice-président de la Commis‐ sion et membre éminent du PPE, à Eu‐ ronews On Air mardi (19 mars).

Ce changement de paysage poli‐ tique semble être lié principale­ment aux questions d'immigratio­n, un grand nombre de personnes interrogée­s en France (62 %), en Allemagne (53 %), aux Pays-Bas (50 %), en Italie (54 %) et en Belgique (48 %) considé‐ rant que l'UE a eu un impact négatif sur la politique d'immigratio­n.

Les Pays-Bas et l'Allemagne ar‐ rivent en tête des pays qui estiment que la lutte contre l'immigratio­n clandes‐ tine devrait être une priorité (respecti‐ vement 70 % et 65 %), suivis de près par la Belgique, la France et l'Italie (62 %, 59 % et 54 %).

Autres gagnants et perdants

Selon le sondage d'Euronews, les fac‐ tions progressis­tes pourraient connaître une baisse substantie­lle de leur représenta­tion au sein des six nations.

Celle-ci est largement attribuée au scepticism­e croissant à l'égard des par‐ tis sortants, y compris les Verts alle‐ mands - qui devraient passer de 47 à 32 sièges - et le mouvement Renew Eu‐ rope du président français Emmanuel Macron - dont les 47 sièges actuels de‐ vraient se réduire à 36.

Selon les sondages, les partis so‐ cialistes italiens et allemands de‐ vraient rester solides.

Toutefois, les performanc­es des partis socialiste­s devraient s'améliorer en France, en Belgique et aux PaysBas, galvanisés par le retour de l'ancien vice-président de la Commission, Frans Timmermans, sur la scène poli‐ tique nationale.

La croissance des partis actuelle‐ ment non affiliés sera également cru‐ ciale dans le groupe des "Six". En par‐ ticulier, deux partis populistes - l'Al‐ liance Sahra Wagenknech­t en Alle‐ magne et le Mouvement 5 étoiles en Italie - pourraient faire pencher la balance dans la future compositio­n du Parlement.

L'Alliance Sahra Wagenknech­t s'est séparée de la gauche allemande en adoptant une position plus dure sur l'immigratio­n et en mettant davantage l'accent sur les conditions sociales.

Les pays nordiques pourraient de‐ venir le bastion social-démocrate de l'Europe après les élections de juin Elections européenne­s : quelles sont les priorités des électeurs de l'UE ?

Après un mariage difficile avec l'UKIP de Nigel Farage et une lutte in‐ fructueuse pour trouver un foyer poli‐ tique dans ce mandat législatif, les 16 eurodéputé­s potentiels du Mouve‐ ment 5 étoiles italien pourraient en‐ fin obtenir une alliance, qu'ils dési‐ rent depuis longtemps, avec les Verts.

720 eurodéputé­s seront nommés lors des élections européenne­s, prévues du 6 au 9 juin 2024, qui constituer­ont un des plus grands événements démo‐ cratiques au monde.

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Globalemen­t, les députés européens liés à des partis de centre-droit ou d'extrême-droite dans les pays des "Six" passeront de 135 à 153, selon l'enquête.

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