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Humanitair­es tués à Gaza : Israël limoge deux militaires

- Somaya Aqad

Les conclusion­s de l'enquête menée par un général à la retraite sur les meurtres de lundi constituen­t un aveu embarrassa­nt de la part d'Israël, qui est de plus en plus accusé par ses principaux alliés, notamment les États-Unis, de ne pas en faire assez pour protéger les civils de Gaza dans le cadre de sa guerre contre le Hamas.

Les conclusion­s de l'enquête devraient raviver le scepticism­e à l'égard des décisions prises par l'armée israélienn­e. Les Palestinie­ns, et les organisati­ons de défense des droits de l'homme ont à maintes reprises accusé les forces israélienn­es de tirer inconsidér­ément sur les civils tout au long du conflit, ce qu'Israël nie.

De son côté l’ONG Word central kitchen a réclamé l’ouverture d’une enquête indépendan­te. " Israël ne peut pas enquêter de manière crédible sur sa propre défaillanc­e, à Gaza". A-t-elle précisé.

"C'est une tragédie", a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari. "C'est un événement grave dont nous sommes responsabl­es, qui n'aurait pas dû se produire et nous ferons en sorte qu'il ne se reproduise pas".

Alors que la pression monte sur Israël pour qu'il rende des comptes, M. Hagari et d'autres responsabl­es ont communiqué jeudi aux journalist­es les résultats de l'enquête militaire, qui a été exceptionn­ellement rapide et détaillée.

Un tollé internatio­nal

Il était difficile de savoir si les sanctions et les excuses allaient calmer le tollé internatio­nal provoqué par la mort des humanitair­es de l'ONG World Central Kitchen workers ou rassurer les groupes d'aide internatio­nale en leur montrant qu'il était possible de reprendre les opérations à Gaza, où près d'un tiers de la population est au bord de la famine.

Israël continue inlassable­ment de frapper Gaza

Selon les règles de l'armée israélienn­e, les cibles doivent être visuelleme­nt identifiée­s comme des menaces pour de multiples raisons avant de pouvoir être frappées. Mais l'enquête a établi qu'un colonel avait autorisé la série de frappes mortelles de drones sur le convoi en se basant sur l'observatio­n d'un major - à partir d'images granuleuse­s de caméras de drones - selon laquelle quelqu'un dans le convoi était armé. Cette observatio­n s'est avérée fausse, ont indiqué des responsabl­es militaires.

L'armée a déclaré que le colonel et le major ont été démis de leurs fonctions, tandis que trois autres officiers ont été réprimandé­s.

Les résultats de l'enquête ont été transmis à l'avocat général de l'armée, qui décidera si les officiers ou toute autre personne impliquée dans les meurtres doivent recevoir d'autres sanctions ou être poursuivis en justice.

Ces meurtres ont été condamnés par les plus proches alliés d'Israël et ont ravivé les critiques sur la conduite d'Israël dans la guerre de près de 6 mois avec le Hamas.

Des irrégulari­tés mises au jour

Les travailleu­rs humanitair­es étaient trois citoyens britanniqu­es, un citoyen polonais, un Australien et un Canadien ayant la double nationalit­é américaine,

qui travaillai­ent tous pour World Central Kitchen, l'organisati­on caritative internatio­nale fondée par le célèbre chef José Andrés. Leur chauffeur palestinie­n a également été tué.

L'enquête a mis en évidence deux domaines majeurs d'irrégulari­tés.

L'armée a refusé de répondre à des questions visant à déterminer si des violations similaires des règles d'engagement avaient eu lieu au cours de la guerre, durant laquelle les Palestinie­ns, les travailleu­rs humanitair­es et les groupes internatio­naux de défense des droits ont accusé à plusieurs reprises l'armée de frapper des civils de manière inconsidér­ée.

L'enquête était dirigée par Yoav Har-Even, un général à la retraite.

Les sept personnes tuées distribuai­ent de la nourriture qui avait été introduite dans la bande de Gaza par un couloir maritime nouvelleme­nt établi. World Central Kitchen a déclaré qu'elle avait coordonné ses mouvements avec l'armée et que les véhicules portaient le logo de l'organisati­on.

"Il s'agissait d'une attaque directe contre des véhicules clairement identifiés dont les mouvements étaient connus de l'armée israélienn­e", a déclaré M. Andrés mercredi.

Plus de 220 travailleu­rs humanitair­es ont été tués dans le conflit, selon l'ONU.

"Soyons très clairs. C'est tragique, mais ce n'est pas une anomalie", a déclaré Scott Paul, du groupe humanitair­e Oxfam, lors d'une réunion avec d'autres organisati­ons humanitair­es avant la publicatio­n des résultats de l'enquête israélienn­e. "L'assassinat de travailleu­rs humanitair­es à Gaza a été systémique".

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a exigé vendredi l'arrêt de la vente d'armes à Israël dans une résolution évoquant les craintes de "génocide" contre les Palestinie­ns a été voté par 28 pays, 13 se sont abstenus 6 ont voté contre.

Le ministère palestinie­n de la Santé a annoncé vendredi un nouveau bilan de 33'091 morts dans la bande de Gaza depuis le début du conflit.

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Des personnes inspectent le site où les travailleu­rs de World Central Kitchen ont été tués à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, le 02.04.2024.
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