EVO (France)

EN PISTE : CIRCUIT D’ANGLESEY

- Par RICHARD MEADEN ET PATRICK GARCIA Photos ASTON PARROTT

Selon vos affinités, vous pouvez aborder cet engin en vous disant : « Wouah, formidable ! C'est la nouvelle 911 GT3 ! » ou bien : « Wouah formidable. C'est la nouvelle 911 GT3 ». Naturellem­ent, venant de notre part, nous qui sommes directemen­t payés par Porsche pour dire du bien d'eux (c'est ce qui se dit sur Internet), nous faisons partie des premiers cités, ceux qui mettent des points d'exclamatio­n. Mais nous ne vous en voudrons pas si vous pensez que la 991 GT3 n'existe que depuis 5 minutes alors qu'elle est née il y a déjà 4 ans. La grande nouvelle avec cette Phase 2, c'est que Porsche a décidé d'introduire à nouveau une boîte manuelle au catalogue à côté de la PDK double embrayage. Pour sûr, il s'agit d'une décision bienvenue même si les mérites d'un levier face aux palettes restent relatifs, mais c'est un autre débat, pour plus tard. Reste que pour établir un temps au tour sur circuit, une PDK sera meilleure qu'une boîte manuelle, et c'est bien d'une version PDK dont nous disposons aujourd'hui.

De derrière le volant, pas grand-chose n'a changé mis à part le volant lui-même, désormais plus petit. Avec son demi-arceau cage et ses disques en carbone-céramique, notre modèle est paré pour la piste. Grâce à un nouvel aileron arrière positionné plus haut et plus en arrière afin de travailler dans un flux d'air plus “propre” ainsi qu'à un nouveau fond plat plus efficace, la nouvelle GT3 dispose d'un style plus épuré et plus doux mais surtout de plus d'appui. Le scalpel n'a jamais été aussi bien aiguisé.

Nous avons passé la journée à filmer sans trop de stress mais, quand vient le moment de faire un temps, la pression monte d'un cran. Il ne s'agit pas de partir sur une séance de qualificat­ion de F1 mais comme ce fut le cas pour la 458 Speciale, la 991 GT3 RS ou d'autres engins du même type, la fenêtre de tir est assez étroite : je dispose de 4 tours grand maximum avant que les pneus commencent à surchauffe­r et que l'adhérence s'évapore. Pour faire monter la pression et ajouter un peu de frisson à l'exercice, il n'y a pas mieux, mais cela vous oblige aussi à être pleinement concentré et à élever votre niveau de jeu. Une auto du calibre de la GT3 ne demande rien d'autre, tout est donc paramétré comme il se doit. Après avoir utilisé votre tour de sortie des stands pour chauffer les pneus et repérer les trajectoir­es, il ne vous reste plus qu'à prendre une grande inspiratio­n pour vous relaxer, soigner la sortie du dernier virage et vous lancer.

La GT3 accélère énergiquem­ent, d'un bond, la seconde claque et le compte-tours est intégralem­ent balayé. Dans la courte ligne droite de départ, en troisième, on lève 1 000 tr/mn avant la zone rouge pour la difficile entrée dans le Turn 1. Ce virage

à gauche assez rapide s'avère complexe car il ne requiert pas un gros ralentisse­ment. Comme vous n'avez pas de repère (il se situe avant la sortie des stands), vous ne savez pas vraiment si au moment d'inscrire la voiture, celle-ci va pointer le nez vers la corde. Avec la vitesse d'entrée, l'auto veut tout de suite élargir, il faut travailler au volant pour la garder sur sa ligne puis en léger survirage après avoir repris les gaz. Ensuite, il faut garder son calme dans cette phase délicate et laisser aller l'auto jusque sur le vibreur. Vous n'avez que peu de temps pour apprécier tout ce qui vient de se passer car il faut alors tout de suite rejoindre la partie gauche de la piste et écraser les freins pour l'épingle pile au moment où vous touchez les 9 000 tr/mn en troisième. Ce Banking fait partie de ces virages que l'on adore quand on les passe correcteme­nt, et que l'on déteste dans le cas contraire. Il est très facile en fait de retarder le freinage pour conserver un peu plus de vitesse à la corde puis de perdre patience au moment de reprendre les gaz. On peut gagner quelques fractions de seconde en cherchant à entrer vite mais ce n'est rien comparé au temps que vous perdrez dans la ligne droite qui suit si vous ratez votre sortie. Mais si vous êtes trop timide, vous perdrez aussi de précieux dixièmes.

La motricité est fabuleuse, même avec les assistance­s débranchée­s. La montée en régime en seconde, troisième puis quatrième est percutante juste avant un petit moment délicat à gérer entre accélérate­ur et volant dans le rapide virage de Church. Comme pour le Turn 1, il faut trouver le juste milieu entre survirage en entrée et sous-virage en sortie.

Le rush dans la longue courbe en montée vers l'épingle de Rocket vous colle des frissons, notamment la compressio­n prise pied au plancher à 225 km/h compteur juste avant de sauter sur les freins et rétrograde­r en seconde pour entrer dans la double épingle gauche-droite. Sur le plateau, gare aux excès d'optimisme sur le freinage mais dès que votre nez pointe bien vers la sortie vous pouvez écraser la pédale de droite pour vous projeter vers le délicat virage de Peel. Un peu trop rapide pour le prendre en seconde, trop lent pour l'aborder en troisième, j'opte pour le rapport le plus petit pour faire pivoter l'auto à la réaccéléra­tion et tout de suite repasser en troisième quand l'angle du virage s'ouvre, juste avant la plongée face à la mer d'irlande. La GT3 reste parfaiteme­nt équilibrée et excessivem­ent rapide, cette répartitio­n du poids centrée sur l'arrière l'aide vraiment à s'ancrer dans le sol pour se projeter vers l'avant avec une absolue conviction. Le freinage en descente pour le Corkscrew se révèle compliqué pour bon nombre de voitures. On pouvait penser que la 911 allait s'y montrer délicate à contrôler mais sa poupe ne cesse jamais de mordre le bitume. Du moins, tant que vous n'en faites pas trop car il y a plus à perdre qu'à gagner en essayant d'entrer trop fort ici. Pour le droite très serré qui suit, il faut privilégie­r la sortie et donc toucher la corde très tard. Il ne reste plus qu'à mettre pied dedans en seconde jusqu'au dernier virage où la GT3 parvient à conserver suffisamme­nt de vitesse à l'inscriptio­n grâce à un train avant accrocheur. Les pneus hurlent, la motricité est immense, juste le temps de passer la troisième que l'on franchit la ligne d'arrivée.

Résultat : 1'13''4. Sachez que c'est deux dixièmes plus rapide que la 991 GT3 RS et la Turbo S et une seconde derrière la 918 Spyder.

Que cette Porsche ait amélioré les performanc­es de la précédente génération déjà très efficace n'est pas surprenant. Qu'elle accompagne cela d'un ressenti encore plus détaillé, d'un plaisir de pilotage encore plus important et qu'elle progresse partout, voilà son plus grand mérite. Cette GT3 est sensationn­elle et sensationn­ellement efficace, c'est un vrai exploit.

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Ci-dessous et ci-contre : les Michelin Cup 2 offrent le genre de motricité qui va grandement vous aider lorsque vous cherchez à claquer un chrono sur piste. Lorsqu’ils entrent en surchauffe, c’est que le moment d’explorer les limites de la tenue de...

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