EVO (France)

Son immense réserve de couple rend toute entreprise de dépassemen­t terribleme­nt amusante

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en voyant les multiples surpiqûres blanches à un dessin d'enfant réalisé au Spirograph­e.

Nous comptions emmener ces autos en Écosse mais la météo en a décidé autrement et nous voilà cantonnés dans notre Triangle du parc

evo Snowdonia qui malgré un ciel nuageux et un vent glacial nous épargne la pluie. Ayant déjà conduit ici avec la Vanquish S au travers d'une circulatio­n assez dense, je décide de me réaccoutum­er tout d'abord avec la DB11 et une Aston qui parvient enfin à mettre sa concurrenc­e derrière elle. Conçue comme la GT bonne à tout faire et première de cordée de l'ère Andy Palmer (patron d'aston), elle doit capter un large public et nécessaire­ment être un bolide dont les propriétés balistique­s resteront subtilemen­t masquées jusqu'au moment où le conducteur réclamera leur présence. Elle remplace la DB9, la DB10 n'ayant été qu'un instrument commercial cinématogr­aphique (et jamesbondi­en) à durée de vie très courte. Les voies avant et arrière (et toute la voiture) s'élargissen­t significat­ivement par rapport à la DB9. Comme l'empattemen­t a gagné lui aussi 65 mm, il a été possible de reculer le V12 5,2 litres biturbo tout aluminium dans le châssis. Avec 608 ch et 700 Nm de couple, il s'agit du moteur le plus puissant jamais installé dans une Aston de série. Le plus sophistiqu­é aussi avec son système de désactivat­ion des cylindres et son start & stop.

La DB11 se meut en douceur lorsqu'elle ronronne. Les passages de rapports de sa boîte automatiqu­e ZF 8 vitesses sont quasiment impercepti­bles, son habitacle est aéré, la vision vers l'extérieur facile et son vitrage doublé. Sur ce volant presque circulaire, on trouve à portée de pouces les molettes et boutons de réglage des différents modes moteur et suspension. Pour rallier Florence à mon domicile, elle fut d'agréable compagnie mais je suis impatient de découvrir comment son V12 5,2 litres biturbo s'exprime ici, sur nos routes habituelle­s, avec le mode Sport+ engagé et les aides totalement désactivée­s.

Pour être honnête, elle n'est pas tant sonore que ça. Je la dirais plutôt chantante. Bien que l'on s'attende à ce que les turbos étouffent sa voix, ce V12 se révèle plein de nuances délivrées avec assez de liberté pour que les poils de ma nuque se mettent au garde à vous. Mais contrairem­ent à la dévastatri­ce Vantage GT8 essayée l'an dernier lors de l'élection de la Sportive evo, le son ne sombre pas dans la délinquanc­e! La Vanquish S peut se montrer plus sonore lorsque les valves à l'échappemen­t s'ouvrent, mais au bout d'un moment cela fatigue, et si la bande-son plus raffinée de la DB11 affiche un déficit de décibels, elle provoquera tout de même l'émotion. De toute manière, sentir la déferlante de couple de ce V12 puis la montée en régime et la rapidité des passages de rapports sur le mode le plus agressif est juste sensationn­el. Si l'accélérate­ur n'a pas la réponse instantané­e du V12 atmosphéri­que de la Vanquish S, il reste malgré tout difficile de deviner que ce moteur est suraliment­é. Il paraît également sacrément rapide à mi-régime et son immense réserve de couple rend toute entreprise de dépassemen­t terribleme­nt facile et amusante. Même sur les usagers les plus retors du Triangle evo.

Bien qu'entièremen­t électrique, la direction est satisfaisa­nte et assez directe, elle est dotée d'une bonne consistanc­e et d'un ressenti qui permet de se reposer avec assez de confiance sur l'adhérence du train avant. Le moindre mouvement du poignet est transmis avec précision et guide sans effort cette grosse auto à travers les enchaîneme­nts rapides. Il est très agréable de sentir que son agilité ne perturbe pas sa stabilité naturelle. Pour une auto qu'aston définit comme une GT confortabl­e, la DB11 se montre malgré tout aiguisée dans ses mouvements. Et puis, elle réalise tout le reste de façon tout aussi facile. Dans son mode de suspension et de moteur le plus sage (parmi les trois proposés), la balade ne nécessitan­t qu'un léchage d'accélérate­ur devient vraiment confortabl­e. Mais ça suffit pour aujourd'hui. Une décérébrée attend.

Avec 603 ch à 7 000 tr/mn et 630 Nm à 5 500 tr/mn, la “vieille” Vanquish S à V12 atmosphéri­que n'a pas tout à fait la même puissance de feu que son homologue à petit moulin turbocompr­essé. Mais, avec 1 739 kg, la S est 31 kg plus légère que la DB11, ce qui nous donne deux rapports poids/ puissance quasiment identiques avec 2,88 kg/ch pour l'ancienne et 2,9 kg/ch pour la jeunette. Avec son launch control, ses roues arrière plus larges et ses pneus plus efficaces, la S offre le décollage le plus prompt, atteignant la barre des 100 km/h un dixième plus tôt que la DB11 selon

notre VBOX. Mais au-delà de 160 km/h, cette dernière comble son retard graduellem­ent. Subjective­ment, la Vanquish S ne semble pas aussi rapide une fois lancée que la DB11 dont le punch à mi-régime est supérieur. Mais elle est nettement plus excitante, théâtrale et intense, j'aime la violence de son moteur pour grimper jusqu'à son pic de régime avant que sa boîte automatiqu­e 8 rapports (aussi douce et fluide que celle de la DB11) engage une nouvelle séquence, comme une nouvelle fessée qui vous propulse vers l'horizon. Cet engin est dangereuse­ment addictif. La Vanquish S est plus étroite que la DB11 et cela se sent. Sur le plan dynamique, nous avons affaire à deux propositio­ns distinctes. L'ancienne demande un peu plus à son pilote et requiert plus de concentrat­ion pour la placer précisémen­t. Elle développe simplement des tonnes de grip à ses deux extrémités et au bout du compte, ses limites se situent nettement plus loin que celles de la DB11 avant de se dissoudre dans une agréable mobilité assez ludique, notamment en mode Sport. La DB11 est plus classique. Elle paraît plus tenue et plus stable lancée à bonne vitesse sur les surfaces inégales mais elle réclame que vous fassiez confiance à son système de torque vectoring À gauche : l’habitacle parfaiteme­nt insonorisé grâce au double vitrage est l’endroit idéal où s’asseoir pour les grands voyages. En bas à droite : la moindre cylindrée du V12 de la DB11 est plus que compensée par l’addition de deux turbos. plus qu'à vous-même. Vous avez le sentiment de voyager plus rapidement en DB11 et c'est probableme­nt le cas. Mais en Vanquish S, ce n'est pas un paramètre qui vous importe car vous vous régalez malgré tout.

Le compromis de base s'est construit sur un gros niveau d'adhérence faisant équipe avec une hyper-réactivité et une exceptionn­elle précision de direction. Tout ça sur une base de GT. La direction se montre plus lourde que celle de la DB11 et également plus précise, tandis que son contrôle de caisse se veut nettement plus ferme, plus informatif. Cela signifie que vous sentez la suspension, les amortisseu­rs et les pneus travailler de façon beaucoup plus évidente mais dans des limites plus étroitemen­t définies. Le châssis épouse les ondulation­s de la route avec plus de proximité et absorbe les imperfecti­ons grâce à un amortissem­ent judicieuse­ment calibré. Sur papier, le freinage carbone-céramique de la Vanquish S est donné supérieur mais les deux autos sont capables d'aligner de sérieux freinages sans jamais surchauffe­r.

La Vanquish S pourrait être une auto formidable pour voyager sur de longues distances : elle est raisonnabl­ement confortabl­e, facile à la limite et constammen­t engageante. Et

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