EVO (France)

EN VÉRITÉ, CET ESSAI NE DEVAIT COMPORTER QUE 1 000 KM, NE DURER QUE TROIS JOURS ET SE FOCALISER SUR LA RÉGION DES LACS ITALIENS.

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Seulement, à l’aube du deuxième jour, déjà, je me risque à négocier une extension de prêt. Croyez le ou non, il n’était là question que de conscience profession­nelle. Je ne pouvais pas risquer de remettre la clé de ma monture sans avoir osé l’exploiter. Après acceptatio­n de ma demande, je décide de passer cette deuxième journée non pas au bord du lac Majeur comme prévu initialeme­nt, mais à la découverte de cols pour enfin en découdre avec celle qui m’aura quasi tétanisé depuis la veille. Je mets toutes les chances de mon côté pour enfin arriver à tirer parti de ma monture. Mauvais signe, la V12 S me rappelle son tempéramen­t brut et sauvage dès les premiers kilomètres de la journée. Les semi-slicks sont encore froids et ne demandent qu’à décrocher dès lors que je remets les gaz, même avec peu d’angle au volant. Très vite mes craintes ressurgiss­ent et me crispent à nouveau jusqu’à la montée du col de San Bernardino. Les conditions sont une nouvelle fois optimales. Pour autant, je passe plus de temps à trouver des prétextes pour maintenir une allure trop raisonnabl­e plutôt qu’à me préoccuper de la conduite. J’enchaînera­i le jour même avec la montée du col de Splügen (Passo della Spluga) et le tour du lac de Côme. Le soir venant, je suis conscient de ne pas avoir avancé davantage dans la découverte de cette V12 Vantage S. Le troisième jour passé, je pars à l’assaut, cette fois, des cols les plus spectacula­ires des alentours : Saint Gothard et le Col de la Furka. Dans un sens : sans conviction, avec comme prétexte celui de réaliser davantage d’images. Puis dans l’autre : en retard avant la tombée de la nuit, et avec nos besoins iconograph­iques largement remplis.

Il est 19h quand je reprends la route depuis le sommet du col de la Furka vers Lugano. Il n’y a plus un seul camping-car, plus un seul break surmonté d’un coffre de toit, plus un seul cycliste et, à dire vrai : plus âme qui vive. J’espère éviter de rouler de nuit en haute montagne et augmente très largement le rythme le long de routes désertes figurant parmi les plus belles du monde. L’adhérence finit par me surprendre, je suis à 2 400 m d’altitude sur un sol froid et pourtant voilà longtemps que je n’ai pas senti le train arrière se déhancher plus que désiré. Une connexion avec l’auto se tisse enfin, et à mesure que l’allure s’intensifie le caractère de la V12 S semble se lisser. Beaucoup de gueule… beaucoup de voix aussi, toujours, amplifiée entre les parois rocheuses. Les liens se resserrent, “enfin” devrais-je dire car je commençais à désespérer. Aussi, la principale surprise réside dans la découverte d’une voiture relativeme­nt linéaire. Le V12 n’autorise pas d’interminab­les montées dans les tours et semble s’étouffer assez tôt en régime. La sonorité quant à elle devient envoûtante vers les 3 500 tr/mn mais s’efface ensuite peu à peu et m’enlève l’idée que je m’étais faite d’un moteur explosif particuliè­rement riche en caractère. En bref, la V12 Vantage S en montre beaucoup, d’emblée, mais quand on l’explore vraiment, les limites ne sont vraiment pas si lointaines. La boîte de vitesses m’apparaît désormais comme idéale et offre le compromis parfait entre plaisir mécanique et actualisat­ion technologi­que en mettant l’accent sur un maniement direct, précis et rapide tout en laissant davantage de contrôle au conducteur qu’une boîte à convertiss­eur ou à simple ou double embrayage. En fait, elle implique tellement le conducteur dans la conduite qu’opter pour une V12S en Sportshift 3 changerait radicaleme­nt l’auto et en réduirait considérab­lement l’intérêt. Son étagement est parfait et chaque rapport a son importance. Après quelques dizaines de kilomètres, je comprends que je ne serais pas allé tellement plus vite en Mclaren, Porsche ou Ferrari, et que malgré l’utilisatio­n d’une base vieille de presque treize ans, Aston Martin a su allier plaisir brut et niveau de performanc­es enfin dans l’air du temps. Le châssis se montre rigoureux en mode Track sur route idéalement revêtue et maîtrise l’assiette tout en laissant la part belle au transfert de masse en mode Sport. Toute confiance retrouvée, je me décide à observer les différence­s entre les modes de contrôle de trajectoir­e disponible­s.

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