La silhouette de l’auto nous harponne, la Huracán dégage une aura qui m’évoque l’aube des supercars, jusqu’à la Miura
Durant la présentation multimédia savamment orchestrée de la récente Lamborghini Huracán Performante, sur l'écran géant s'affiche un majestueux 6'52''01. Détail subtil mais acide qui assassine une poignée d'hypercars hybrides. Comme tous les amateurs de la Nordschleife présents dans l'audience ce jour-là, cela ne m'a pas échappé. J'ai en effet moi-même réalisé un tour de la Boucle nord du Nürburgring en passager d'une P1 menée par Chris Goodwin, pilote d'essai Mclaren. Une expérience bouleversante. En moins de 7 minutes ? Mclaren nous assure que oui, toutefois l'exact chrono de la bête sur le Ring n'a jamais été révélé. Je m'en tiendrai donc à “peut-être bien”. Je me souviens également de la Porsche 918 Spyder de 887 ch et 1 280 Nm (livrée Martini et pack Weissach), qui m'a offert le tour de piste le plus étourdissant de ma carrière. C'était il y a quelques années à l'occasion d'un dossier Sainte Trinité, P1-918-laferrari. La 918 tournait à l'époque en 6'57''00. Une prouesse, s'enorgueillissait Porsche, qui sous-entendait également par là tous les bienfaits d'une motorisation hybride intelligemment mise au point. Seulement, au printemps dernier, une Huracán Performante a surpris tout le monde lorsqu'elle a écourté de cinq secondes l'impressionnant chrono de l'allemande. Non pas cinq dixièmes (on aurait déjà applaudi). Cinq secondes. Et ce, avec une motorisation tout ce qu'il y a de traditionnel, sans même une suralimentation, et sans que Lamborghini n'entretienne un lien étroit avec le Nürburgring. Une surprise d'autant plus grande d'ailleurs que, malgré ses qualités, dès sa sortie la Huracán n'a dynamiquement soulevé aucun enthousiasme particulier. Alors, escroquerie ? Une poignée de Huracán Performante a été réunie pour nous à Imola. Avec un peu de chance, quelques éléments de réponse nous y attendent aussi. Dès notre descente de l'audi Q7 qui nous Ci-dessous à droite : la Performante présente l’aérodynamique la plus sophistiquée jamais vue sur une Lamborghini. Cette technologie permet sur demande d’augmenter l’appui ou de diminuer la traînée. mène à l'hôtel spa, lieu de présentation, une Performante orange mat trône devant la réception. Effet garanti. L'auto nous stoppe dans notre élan, et l'on commence à lui tourner autour, à observer, pointer du doigt, examiner. Si le diable se cache dans les détails, ceux-là sont si nombreux chez la belle qu'on en oublie tout le reste. Les vitres fumées du bâtiment ne parviennent pas à cacher l'exaspération du personnel de la réception. On nous attend pour le check-in, avant la nuit si possible. La silhouette de l'auto est la première à nous harponner. Elle a beau articuler un langage moderne, rappelant la Reventón et ses clins d'oeil aux avions de chasse, la Huracán dégage une aura qui m'évoque l'aube des supercars, jusqu'à la Miura. Pour sa part, Lamborghini nous dit la Huracán « modelée par le vent », référence appuyée à la présence d'une aérodynamique active, on y reviendra. Mais la raison pour laquelle l'auto attire tant le regard réside sans doute ailleurs. Comme bien des Lamborghini, je pense qu'elle éveille l'enfant en chacun de nous. Elle est de ces machines qui ralentissent le temps, nous invite à nous perdre, émerveillés, dans un univers fantastique.
Autre point qui excite à coup sûr l'intérêt : la fascinante sophistication de cette nouvelle aérodynamique active, ou Aerodinamica Lamborghini Attiva. Un système censé avoir largement contribué au remarquable chrono de Marco Mapelli sur le Nürburgring. Pourtant, à moins de se pencher sous la voiture, on ne découvre de l'extérieur qu'un traditionnel aileron arrière fixe, semble-t-il. Or, le dispositif A.L.A. s'étend sur toute la longueur de l'auto. Dès le spoiler avant qui en son sommet, possède deux volets actifs prêts à s'ouvrir et se fermer au gré de l'électronique. Ces volets opèrent de concert avec un dispositif destiné à conduire l'air jusqu'à des canaux logés directement dans l'aileron arrière. Ce dernier présente ensuite des stries, sur sa face inférieure, par où s'échappe l'air guidé jusque-là . Lorsque les volets sont fermés, l'aileron arrière agit comme un appendice traditionnel, offrant selon la marque jusqu'à 750 % d'appui supplémentaire comparé à une Huracán standard dépourvue d'aileron. Idéal au freinage ou en courbe moyenne et rapide. Mais lorsque les volets s'ouvrent, l'air aspiré à l'avant est conduit le long des soubassements et ressort par les stries situées sous l'aileron. L'effet aérodynamique qui en découle réduit d'une part l'appui et