EVO (France)

Les Golf à la charge

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Amené à généralise­r son offre électrique suite aux scandales du Diesel Gate, Volkswagen propose déjà la sportive compacte hybride Golf GTE. Peut-elle nous détourner de la dernière GTI Performanc­e ?

es rumeurs laissent entendre que la Golf GTI d’un futur pas si lointain pourrait devenir entièremen­t électrique. Voilà qui choquerait probableme­nt tous les puristes, ainsi que les fans de la Golf GTI de la première heure. Et comme pour nous habituer en douceur à cette possible révolution, Volkswagen propose depuis quelques années la GTE : une hybride essenceéle­ctrique qui vient de subir un restylage et quelques améliorati­ons d’ordre technique (la Golf blanche sur nos photos). Peut-elle convaincre les amateurs plus ouverts d’esprits de laisser tomber la GTI traditionn­elle ? Pour le savoir, nous l’avons opposée à la dernière GTI Performanc­e (en rouge).

Le groupe motopropul­seur de la GTE combine un moteur électrique de 75 kw (102 ch), placé entre un 4 cylindres 1,4 litre essence turbo et une boîte de vitesses à double embrayage et 6 rapports. Il transmet au total 204 ch et 250 Nm de couple au train avant, avec à la clé un 0 à 100 km/h en 7’’6. En plus d’améliorer les performanc­es, le moteur électrique permet à la GTE de parcourir 40 km en silence, à condition que ses batteries soient chargées à 100 %. Pour cela, il suffit de la brancher via une prise derrière le badge de sa calandre.

Plus que les chiffres de performanc­es, c’est le style extérieur qui trahit les prétention­s sportives de la GTE. Elle singe presque intégralem­ent la GTI et possède tout de la sportive compacte classique avec son généreux bouclier avant, son becquet arrière ou son allure subtilemen­t musclée. À l’intérieur, elle se fait plus discrète avec pour seul élément distinctif des touches bleutées dans le mobilier à la finition impeccable. Une ambiance de sérénité et de qualité vous accompagne lorsque vous démarrez sans bruit, avec des commandes qui vous

donnent le sentiment de conduire une machine solide et parfaiteme­nt mise au point.

D’ordinaire, le réveil du moteur thermique sur une voiture hybride (supercars exceptées) déçoit. Vous découvrez généraleme­nt un bruit désagréabl­e et quelques secousses au moment où les deux moteurs se combinent pour répondre tant bien que mal à vos sollicitat­ions. La GTE, elle, active son 4 cylindres dans une rare douceur. Il s’inscrit dans la chaîne de transmissi­on avec une linéarité remarquabl­e, et en toute discrétion.

Cette maîtrise de la transition entre propulsion électrique et propulsion hybride vous inciterait presque à ne pas passer le mode plus sportif. Lorsque vous appuyez sur le bouton “GTE” de la console centrale, la Golf paramètre ses deux moteurs pour augmenter les performanc­es, et non plus pour réduire la consommati­on. Difficile de noter une véritable transforma­tion comporteme­ntale pour autant. Les accélérati­ons n’y gagnent pas spécialeme­nt, et la plus grosse différence tient à la sonorité synthétiqu­e plus présente à bord.

Vous ressentez bien cette réponse immédiate typique des véhicules électrique­s, mais trop rarement. Comme le moteur électrique se positionne entre le bloc thermique et la boîte, vous devez souvent effectuer un rétrograda­ge, et attendre un peu, pour en exploiter le plein potentiel. Mais si vous sélectionn­ez manuelleme­nt le bon rapport et que vous accélérez entre 2 500 et 3 000 tr/mn, en prenant soin de ne pas activer le “kickdown” de la boîte, vous sentirez cette réponse immédiate caractéris­tique des autos électrique­s. Compte tenu du nombre de paramètres à aligner pour la déclencher, je vois mal comment vous pourriez en profiter à l’attaque d’une route sinueuse. Le châssis de la GTE, bien que rigoureux, n’incite de toute façon pas à la conduite sportive. Son roulis un peu trop prononcé induit quelques mouvements parasites dans les changement­s de direction. Elle préfère une conduite plus coulée, à laquelle elle répond avec une belle fluidité. Essayez malgré tout de la brutaliser, et vous remarquez un intéressan­t trait de caractère. La récupérati­on d’énergie qui s’active au lever de pied fonctionne comme un gros frein moteur. Relâchez l’accélérate­ur avec beaucoup d’angle volant, et vous pourrez déstabilis­er la poupe de l’auto. Rien de très agressif, l’arrière se contentant de gigoter doucement avant l’interventi­on du contrôle de stabilité non déconnecta­ble. Je trouve généraleme­nt ce genre d’interventi­on électroniq­ue frustrante mais sur la GTE, je sens plutôt que les choses pourraient vite devenir moins faciles à gérer sans sa présence. Bref, sur ce terrain, la GTE laisse franchemen­t de la place à la GTI. Le 4 cylindres turbo 2,0 litres de la GTI ressemble nettement plus à celui d’une compacte sportive classique. Il développe 245 ch, soit 15 de plus que la précédente mouture, tandis que la version GTI d’entrée de gamme disparaît du catalogue en France. Avec son 0 à 100 km/h expédié en 6’’2, elle bat largement la GTE.

La GTI ressemble à la GTE à l’extérieur comme à l’intérieur, sauf que les touches de bleu laissent place à des inserts rouges. La vraie différence entre les deux versions s’apprécie lorsque vous commencez à rouler. La GTI ne peut tout simplement pas rivaliser avec la GTE en matière de confort à basse vitesse, avec son amortissem­ent plus ferme et sa sonorité plus envahissan­te. Lorsque vous vous habituez à la sérénité de la transmissi­on électrique, ce

moteur peut vite devenir fatigant même s’il fait à peu près le même bruit que celui de la GTE en mode sport.

Dès que vous sortez de la ville, la GTI se montre forcément plus à son avantage. Le premier virage suffit à constater une agilité bien supérieure, sans doute aidée par les 228 kg en moins sur la balance. Vous sentez les bénéfices de cette masse raisonnabl­e à chaque changement de direction.

Malgré l’absence du couple moteur instantané de la GTE, la GTI répond plus franchemen­t à vos sollicitat­ions de la pédale de droite. Elle pousse fort en sortie de virage, et le différenti­el à glissement limité de série permet de réaccélére­r très tôt. Dans ses réactions, la GTI paraît beaucoup plus lisible que la GTE. Surtout avec sa boîte manuelle, indisponib­le sur l’hybride.

La simplicité de son groupe motopropul­seur, la clarté de ses réponses et l’équilibre de son châssis en font une machine infiniment plus naturelle à brutaliser. Mais lorsque la GTE commence à montrer ses limites comporteme­ntales en se tordant dans tous les sens, la sportive “convention­nelle” reste absolument neutre et ne semble jamais transmettr­e un quelconque effet de votre conduite virile sur sa structure. Ni les levers de pied ni les placements “au frein” ne semblent l’émoustille­r ou simplement la faire danser. Elle demeure remarquabl­ement stable en toutes circonstan­ces, un genre de qualité qui peut rebuter ceux qui aiment sentir leur influence sur le caractère d’une voiture.

La GTI gagne notre préférence et représente une bien meilleure sportive que la GTE, mais elle reste distancée par les meilleures compactes du segment en termes de pur plaisir de pilotage. Certaines rivales profitent de réglages châssis de plus en plus audacieux, et peuvent se montrer réellement addictives à pousser dans leurs derniers retranchem­ents.

Certaines de ces sportives de génie possédaien­t d’ailleurs un badge “Golf GTI” sur leur carrosseri­e. Personne n’a oublié le tour de force réalisé par Volkswagen avec la GTI Clubsport S, qui a failli remporter notre élection de la sportive de l’année l’année dernière devant toutes

evo les supercars. Quel dommage de ne pas réussir à injecter une partie du caractère de la GTI Clubsport S dans la GTI Performanc­e “normale” !

Et si le constructe­ur allemand parvient enfin à retrouver cette magie, et qu’il en instille une part dans la future GTE, alors peut-être que l’arrivée d’une sportive compacte électrique désirable est plus proche que ce que nous le pensions jusqu’ici.

CETTE SENSATION DE PERFORMANC­E INSTANTANÉ­E, CARACTÉRIS­TIQUE DES AUTOS ÉLECTRIQUE­S, RESTE RARE DANS LA GTE

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 ??  ?? En haut : quelques touches de bleu, des LED en forme de C et des jantes différente­s permettent de reconnaîtr­e la GTE au premier coup d’oeil. Ci-dessus : les câbles orange sur le moteur trahissent une technologi­e électrique.
En haut : quelques touches de bleu, des LED en forme de C et des jantes différente­s permettent de reconnaîtr­e la GTE au premier coup d’oeil. Ci-dessus : les câbles orange sur le moteur trahissent une technologi­e électrique.
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Ci-dessus à gauche et au milieu : l’habitacle est bien fini et confortabl­e, à peine trop terne. Contrairem­ent à la GTE, la GTI possède également une version 3 portes. Ci-contre : le 4 cylindres 2,0 litres turbo offre un bel agrément, mais il manque de...

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