EVO (France)

TRANSMISSI­ON ET CHÂSSIS

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« Avant Audi et sa quattro, personne n'avait sérieuseme­nt envisagé la transmissi­on intégrale comme solution technique, explique Davenport. Jusque-là, quatre roues motrices semblaient superflues. » À l'aube du Groupe B, Lancia exploite en effet l'efficace 037, et Ford travaille sur une nouvelle Escort propulsion à moteur turbo (la RS1700T). Cependant, Ford perd son temps, l'histoire le révélera bien vite. Car la transmissi­on intégrale va tout chambouler. Elle va rapidement écourter les spéciales de plusieurs dizaines de secondes, de minutes parfois, et permettre une bien meilleure exploitati­on de la puissance en rallye.

Parmi la concurrenc­e, les ingénieurs estiment néanmoins l'approche allemande largement incomplète. Audi a longtemps conservé un simple blocage du différenti­el central et, fidèle à ses origines routières, la quattro porte son 5 cylindres en ligne très en avant du train directeur, malmenant ainsi l'équilibre dynamique. Or en Groupe B, une distributi­on des masses favorable tient de la priorité. Dans ce domaine, Ford ou Austin Rover ont bien expériment­é des architectu­res à moteur central avant, mais ils considèren­t vite l'implantati­on trop complexe. Tous deux optent pour la position centrale arrière. La Ford RS200 embarque même sa boîte à l'avant pour une répartitio­n optimale.

Cependant, la Peugeot 205 T16 reste celle qui, la première, démontre toute l'étendue des possibilit­és en matière d'architectu­re

au sein du Groupe B. La Française fait ses débuts au Tour de Corse 1984. Compacte, dotée d'un moteur central transversa­l et de quatre roues motrices, la T16, même sous sa forme originelle, s'impose rapidement comme LA supercar du rallye. Peugeot remportera d'ailleurs avec elle les titres pilote et constructe­ur en 1985 et 1986.

Cela dit, ce qui permet de millésimer au mieux une Groupe B, au-delà de son appétit grandissan­t pour le danger, reste sa suspension et son système de transmissi­on intégrale. Dans les années 1980, l'art des quatre roues motrices en est encore à ses balbutieme­nts. De fait, même au volant d'une merveille telle que la RS200 illustrée dans ces pages, on ressent aujourd'hui la nature primitive d'une transmissi­on intégrale de l'époque. Par ailleurs, la Ford présente sans doute l'une des suspension­s les plus abouties du plateau, avec ses doubles combinés ressort-amortisseu­r par demitrain. Mais face aux capacités étourdissa­ntes d'une WRC 2017, au toucher de route sans pareil, là encore, même la RS200 apparaît aujourd'hui presque millénaire. Pas étonnant que les chronos des spéciales du Groupe B aient depuis longtemps été effacés par les autos modernes.

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