EVO (France)

MOTEUR ET BOÎTE

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Pour sa Metro 6R4, Austin Rover choisit un V6 atmosphéri­que (un V8 amputé de deux cylindres) puisque sur les étagères du constructe­ur, rien d'autre ne convient. Or, comme le rappelle sèchement Davenport : « La FISA était censée contrôler les carburants. Et il n'y avait aucune raison qu'un 3.0 atmo de 400 ch peine face à un bloc 1.7 turbo. Or, la concurrenc­e a abusé sans honte du toluène, ça en devenait ridicule. » C6H5-CH3, ou toluène pour vous et moi : un hydrocarbu­re sans teinte, très odorant, et à très fort indice d'octane. Qu'il s'agisse de F1 ou de rallye, le combustibl­e contribue alors largement à l'extravagan­ce des mécaniques turbo des années 1980. Utilisé auparavant par la Luftwaffe, ses qualités énergétiqu­es se marient à merveille à l'art relativeme­nt nouveau de la turbocompr­ession, et surtout, aux possibilit­és d'optimisati­on de l'injection désormais électroniq­ue. « Les progrès étaient très rapides grâce à l'électroniq­ue, confirme Wheeler. Épaulée par une équipe Bosch, Ford a entamé en 1983 des tests sur une Escort RS1700T. La taille des équipement­s entassés sur le siège passager aurait de quoi faire sourire aujourd'hui. Mais le résultat était incroyable. Le Dr Udo Zucker frôlait le génie. »

Plus que tout, c'est la puissance brute des moteurs qui, dans l'imaginaire collectif, définit si bien l'époque du Groupe B. En 1986, nombreux sont les modèles qui dépassent déjà 500 ch. Parmi eux, la Delta S4, à la fois compressée et turbocompr­essée, qui impression­ne par sa réactivité ; la T16 Evo 2, avec sa suraliment­ation inspirée de la F1 ; ou la Quattro S1 E2, forte de 550 ch (au bas mot).

Et le sprint continue. Pour 1987, Ford envisage une première évolution de la RS200. L'équipe revoit alors la cylindrée à 2,1 litres, maximum autorisé pour la catégorie, afin de renforcer la puissance, principale faiblesse de la première génération. De 450 ch en 1986, la RS200 devait atteindre au moins 650 ch en début de saison 1987. Dès 1985, on réalise aussi des premières avancées majeures côté boîte de vitesses lorsqu'audi lance une transmissi­on à double embrayage sur la quattro. Le système pâtit alors d'une masse élevée, mais il ne cesse de gagner en efficacité. Et au vu de ce que l'on sait à présent de cette technologi­e, cela n'aurait été qu'une question de temps avant que ce type de boîte n'envahisse le Groupe B.

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