LA FIN DU GROUPE B
Le 2 mai 1986, Henri Toivonen, pilote superstar Lancia, et son copilote, Sergio Cresto, dominent le Tour de Corse. Jeune, charismatique, rapide et téméraire, enfant chéri du Groupe B, Toivonen est seul parmi l'escadron de pilotes Lancia à proprement apprivoiser la féroce Delta S4, un brin pataude. Une auto qui mêle qualités et défauts pour rouler en Groupe B. L'exacte raison pour laquelle Toivonen et Cresto quittent la route ce jour-là, au milieu d'un virage d'apparence inoffensive, reste un mystère. Mais la Lancia n'a semble-t-il ni freiné ni tourné, avant de chuter à-pic. Elle prendra feu quasi instantanément un peu plus bas, sous l'impact, broyée par des arbres. La S4 a toutefois plus en commun avec un modèle de sport prototype des années 1960. Au coeur d'un basique châssis tubulaire, l'équipage se tient sur les réservoirs de carburant, séparés d'une protection minimale. Funeste combinaison. Suite à cet accident, et à bien d'autres, le Groupe B est banni en fin de saison 1986. La FIA prévoyait déjà de le remplacer par le Groupe S, une catégorie plus sûre, mais celle-ci demeurera à l'état de projet. Encore aujourd'hui le sujet est sensible. Un autre ingénieur de l'époque, resté anonyme, témoigne : « Les règles concernant le poids des voitures : voilà l'origine du mal. Elles étaient ridicules, elles allaient à l'encontre de la sécurité. On ne pouvait simplement pas construire une auto de 960 kg, avec toute la technologie qu'impliquait la mécanique de l'époque, et en même temps avoir des machines sûres. Si l'on avait imposé, disons, 1 180 kg, et certaines normes concernant les cellules de survie, cela aurait pu fonctionner. »
Finalement : un carburant toxique, hautement inflammable ; un règlement offrant une liberté immense mais n'imposant que trop peu de sécurité ; des spectateurs par milliers installés de manière anarchique ; des rallyes bien plus longs que ceux d'aujourd'hui… Autant d'ingrédients qui ont contribué à la disparition du Groupe B. Une folie que l'on ne reverra certainement plus jamais.