« Cette histoire de record du tour n’a jamais eu aucun sens »
DER NÜRBURGRING… QUELS SOUVENIRS ! Je me souviens lorsqu’on roulait jusqu’à ce qu’un pneu ou la voiture nous lâche, ou encore de l’homme à la sacoche posté dans les anciens stands, qui recueillait l’argent avant chaque tour de touristenfahrten. Mais le lieu n’est plus ce qu’il était. Les journées ouvertes au public sont trop chères et on passe plus de temps sur le parking à attendre que l’équipe de nettoyage balaye les restes d’une voiture en miettes. Mais le pire est la campagne des constructeurs visant à convertir le circuit en outil marketing. Je ne mentionne jamais qu’une voiture a été “développée au Nürburgring”, ou qu’elle a établi ici un nouveau record car cela n’a aucun sens. Qui peut affirmer qu’elles sont bien d’origine ? Le marketing dira que ça aide au développement. Foutaises. Matt Becker, ingénieur châssis, d’abord chez Lotus puis chez Aston Martin explique: « Récemment, nous avons roulé sur le Ring, mais généralement pour une tâche bien précise comme l’analyse du freinage ou de la stabilité à grande vitesse. Le problème, c’est que si l’on met au point une voiture afin qu’elle excelle sur le Ring, on se retrouve ensuite à retoucher les réglages pour l’adapter à un usage routier. » J’ai également contacté Porsche afin de connaître le temps passé sur le Ring lors du développement. « Pas énorme », fut la réponse.
Quant à Chris Goodwin de chez Mclaren : « Il fait 28 °C ici, à Barcelone, et je viens de regarder la météo à Nürburg. Il pleut. Nos meilleures voitures, les 675LT et 570S, n’ont jamais roulé sur le Ring. C’est amusant
d’y aller en tant que pilote, mais l’intérêt en mise au point reste limité. » Ces marques ont en commun d’avoir construit leur réputation sur leurs produits sans avoir besoin de faire allusion au Nürburgring à chaque communiqué contrairement à Seat, Honda ou Renault. Porsche l’a fait dans le passé mais cela venait plus du département marketing que de l’équipe de metteurs au point.
Plus largement, le marketing prend insidieusement le pas sur l’ingénierie, et je n’aime pas cela. Il oblige les ingénieurs à privilégier la puissance à l’agilité. L’abus de références au Nürburgring est un autre symptôme de cette maladie du tout marketing.