EVO (France)

PAROLE DONNÉE

Chaque mois, nous mettons en avant les paroles d’une personnali­té du milieu automobile ou d’ailleurs. Anecdotes, explicatio­ns, ambitions, visions, tous les sujets peuvent être abordés dans Parole donnée.

- CHRISTIAN ESTROSI Président du GIP Grand Prix de France – Le Castellet Propos recueillis par Pat Panick

Christian Estrosi, le Président du GIP Grand Prix F1-LE Castellet s’est exprimé récemment sur le retour du GP de France. Nous y étions.

« Je me félicite du retour du Grand Prix de France au calendrier F1 qui plus est sur une des plus belles pistes du monde. Le secret que nous avons su garder durant les négociatio­ns fut un élément clé de notre réussite dans un pays où malheureus­ement on préfère s’opposer plutôt qu’encourager les initiative­s. Du fait des nombreux ratés précédents, il existait une vraie défiance envers la France de la part de Bernie Ecclestone, mais nous avons finalement réussi à le convaincre du sérieux de notre projet. Je remercie d’ailleurs Eric Boullier pour son aide précieuse.

Si le gouverneme­nt précédent n’était pas du tout intéressé, Emmanuel Macron a compris l’intérêt de cet événement et a promis de regarder comment l’état pourra accompagne­r ce retour de la F1 en France. Nous allons donner une touche provençale et frenchy à ce Grand Prix, nous avons l’envie de surprendre mais surtout nous souhaitons que la France ne fasse pas honte à la F1. Initialeme­nt, nous pensions à une date entre le 14 juillet et la fin août mais c’est une période où les capacités hôtelières de notre région sont déjà saturées. De ce point de vue, la période du 24 juin, date du Grand Prix, se situe durant l’avant-saison et sera par conséquent plus adaptée. Cela va permettre de doper les réservatio­ns et remplir les hôtels.

J’ai désespéré de revoir ce magnifique circuit au calendrier. Je dois avouer que j’ai vécu comme une injustice le départ du Grand Prix de France à Magny-cours. Jusqu’au début des années 80, je courais à moto et notamment à Magny-cours. Le député de la circonscri­ption qui s’appelait François Mitterrand donnait le départ de toutes les courses. En 1988, chemin faisant, je deviens député pour la première fois, dans l’opposition. Mon groupe d’alors jugeant que j’étais un sportif de haut niveau me demande d’étudier le budget des Sports de la loi de finances du gouverneme­nt. J’y découvre l’affectatio­n de 200 millions de francs pour racheter le circuit de Magny-cours et essayer d’enlever l’organisati­on du Grand Prix de France au Paul Ricard. Que devais-je faire ? C’était compliqué, j’ai fait connaître ma désapproba­tion, toujours inscrite au Journal Officiel, mais n’ai pu que constater le succès de cette opération qui consistait à enlever à un circuit privé, celui de M. Paul Ricard, un des Grand Prix les plus prestigieu­x, qui représenta­it la France avec dignité, pour l’amener dans la Nièvre, ancienne circonscri­ption d’un François Mitterrand devenu Président de la République. Ça me fait du bien de raconter cette histoire aujourd’hui, et ce n’est pas sans plaisir que, modestemen­t, j’ai joué mon rôle afin de rendre justice à ma région et au circuit Paul Ricard. »

Pour avoir connu autrefois des paniques monstrueus­es autour du circuit lors de l’arrivée et surtout pour la sortie des spectateur­s, avezvous déjà travaillé sur le sujet ?

« Nous y travaillon­s beaucoup avec le Préfet du Var mais je pose une question : est-ce que d’après vous il y aura plus de panique pour venir ici que pour arriver au Stade Vélodrome quand on y attend 75 000 spectateur­s ? Je ne pense pas. évidemment, ce genre de compétitio­n n’attire pas que 3 spectateur­s et on ne va pas créer 6 files d’autoroute pour une simple manifestat­ion sportive. Si on compare la situation du Paul Ricard avec celle de Magny-cours, pardon, mais ça n’a rien à voir. Et si on compare avec la situation lors du dernier Grand Prix qui a eu lieu ici en 1992 quand l’autoroute s’arrêtait au Luc, l’accès et la qualité des transports sont bien meilleurs.

Il y aura forcément la queue et des contrôles, de plus nous sommes toujours en plan Vigipirate tandis que la loi antiterror­isme à venir va élever le niveau d’exigence du filtrage des entrées mais aussi des sorties de tous les événements culturels et sportifs. Mais ce qui m’importe surtout, c’est la desserte internatio­nale.

Certes, il y aura des locaux qui constituer­ont 60 à 70 % du public, mais le fait que nous soyons le premier Grand Prix du vrai retour en Europe (après le Canada) devrait permettre de faire venir les 30 à 35 % de public étranger. Et de ce point de vue, là aussi, nous sommes bien mieux dotés que Magny-cours avec nos deux plateforme­s aéroportua­ires internatio­nales, Marseille et Nice-côte d’azur qui offrent plus de 130 destinatio­ns directes sans escale à Paris. Il y a aussi le TGV. Je veux bien qu’on parle des derniers kilomètres pour accéder au circuit et nous allons y travailler sérieuseme­nt, mais ce qui compte aussi, ce sont les gens qui viendront de toutes les grandes destinatio­ns européenne­s ou de la Russie. Et de ce point de vue, notre situation est exceptionn­elle. À ce propos, la billetteri­e ouvrira minovembre, la tarificati­on se situera dans la moyenne des autres Grand Prix européens. Une entrée samedi-dimanche non nominative tournera autour de 150 euros dans les enceintes générales, les essais du vendredi seront accessible­s à partir de 20 euros. »

Nous souhaitons que la France ne fasse pas honte à la F1

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