EVO (France)

R-R WRAITH BLACKBADGE

Rock and Rolls. La nouvelle Wraith Black Badge veut nous faire croire qu’une Rolls-royce peut être méchante. Est-ce vraiment possible ?

- Texte et photos © Arnaud Taquet Remercieme­nts à Olivier Montreuil & Yvan Lambert

Au-delà de l’odeur du cuir pleine fleur, ma Wraith un peu spéciale fleure bon le marketing. Comme son nom l’indique, cette finition se reconnaît à sa couleur. Ou pas, puisque les 4 000 teintes disponible­s dans le reste de la gamme persistent au configurat­eur. En vérité, la Black Badge se distingue d’abord par ses jantes noires partiellem­ent en fibre de carbone. Aussi, les éléments traditionn­ellement chromés comme la calandre, le Spirit Of Ecstasy ou encore le double R sur la proue se parent de noir ou plutôt de “sombre” via un traitement façon céramique. À l’intérieur, on notera la présence d’un nouveau revêtement composite en fibres de carbone et fils d’aluminium en remplaceme­nt du bois précieux. D’apparence, c’est à peu près tout. En vérité, la marque ne fait là que répondre aux attentes d’une cible plus jeune à laquelle on doit non seulement l’existence du coupé Wraith mais aussi cette dernière version Black Badge désormais disponible sur l’ensemble de la gamme. D’ailleurs, si la puissance de la limousine Ghost augmente par rapport à la version standard, notre Wraith, elle, conserve ses

632 ch et se contente de 70 Nm de couple en plus. Avec deux tonnes et demie à sec et presque 5,30 m de long pour 2 m de large, je doute avant même de prendre la route de percevoir la moindre différence face à la Wraith “Silver Badge”.

Préjugés ? Clairement, oui. Mais difficile d’en démordre alors que le V12 démarre en tremblant à peine dans un calme absolu. Le pavillon étoilé me replonge dans l’ambiance raffinée et toute particuliè­re propre aux Rolls-royce modernes, mais toujours pas dans un potentiel dérivé façon “Black Badge”. Une pression sur la commande “Door” permet toujours de voir la portière antagonist­e se refermer d’elle-même, en silence. Les dimensions sont aussi intimidant­es que la direction met en confiance. Le confort, en Wraith Black Badge autant que dans tous les autres modèles de la gamme, confine au tapis volant grâce à une maniabilit­é facilitée par une direction particuliè­rement démultipli­ée. Conscient du fait que ce que j’ai en mains n’implique qu’une subtile évolution, je prends la direction des tracés sinueux sur les hauteurs de Nice pour donner une chance à la Black Badge de démontrer le dynamisme qu’elle revendique et justifier les 40 000€ supplément­aires. Peu avant Sospel, je réalise que si la Wraith pourtant déjà bien née m’avait déjà surpris de par son dynamisme, sa version en cinquante nuances plus sombres y ajoute un degré d’implicatio­n que je n’aurais jamais soupçonné avant de la mettre en contrainte. À mesure que le rythme augmente et que les virages apparaisse­nt je cède à l’appel du mode, non pas SPORT mais “LOW”, censé être une invitation à une conduite plus sportive. Si

la boîte de vitesses est, comme sur la Wraith classique, pilotée en partie par le GPS, elle est aussi désormais 25 % plus réactive et implique l’intégratio­n de nouveaux arbres de transmissi­on. Lors d’une décélérati­on ou d’un freinage, la transmissi­on rétrograde alors quelques tours/minute plus tôt, offrant des reprises plus franches et donc une conduite plus incisive. La suspension pneumatiqu­e a également été optimisée de façon à conserver un niveau de confort absolu quelle que soit l’allure tout en stabilisan­t l’assiette. Enfin, le diamètre des disques de frein a été augmenté de quelques centimètre­s comme une interventi­on finale sur une Wraith un brin dévergondé­e et surtout plus rigoureuse.

À la conduite, bien que le couple soit aussi constant que gigantesqu­e, la griffe Black

Badge n’apporte rien de sauvage à la Wraith mais fait davantage prendre conscience de ce qu’elle incarne à la perfection: la force tranquille. L’inertie est telle qu’il faut inévitable­ment se méfier du transfert de masse, notamment en virage, mais une fois les contrainte­s physiques franchies la Wraith sait se déhancher de façon progressiv­e et admet de sérieuses dérives. En dehors des appuis, son poids sait partiellem­ent se faire oublier grâce à un gain flagrant d’agilité. Sur le plan du dynamisme et de l’implicatio­n émotionnel­le à la conduite, Rolls-royce s’était jusqu’ici largement mis à l’écart des marques allemandes ou même de Bentley (qui est aussi Allemand). Mais aujourd’hui, la Wraith surpasse les attentes. La facilité de prise en main et le confort étonnent mais pas autant que ses performanc­es accrues.

Reste à se soucier de l’usure des consommabl­es entre carburant, pneus et freins. Car même si la Wraith sait désormais tout faire, y compris plaire aux bipolaires, j’ai tendance à croire qu’en évitant une conduite trop agressive il devrait facilement être possible d’économiser en entretiens de quoi se payer une Lotus Exige. Rolls-royce ne s’est pas contenté de céder à la mode en ajoutant une finition en vogue, il est ici question d’un travail de fond permettant de proposer à la fois tout le confort que l’on peut attendre d’une Rolls mais aussi et surtout de quoi réellement s’impliquer dans la conduite.

Il est des Rolls dans lesquelles on voudrait se faire conduire, celle-ci n’en est pas une.

La Wraith se déhanche et accepte de belles dérives

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 ??  ?? Ci-dessus : la Black Badge ne concède rien au luxe et au confort qu’offre une Rolls-royce, mais cette Wraith parvient tout de même à se montrer dynamique.
Ci-dessus : la Black Badge ne concède rien au luxe et au confort qu’offre une Rolls-royce, mais cette Wraith parvient tout de même à se montrer dynamique.
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Ci-dessus : la Wraith est déjà une Rolls-royce à conduire mais sa version Black Badge vous y incite encore plus.

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