VANTAGE REBELLE
La découverte de cette nouvelle rivale des Porsche 911 Turbo et autres Mercedes AMG GT s’apparente à un véritable choc visuel et culturel. Attention, Aston Martin se radicalise et rompt franchement avec ses codes traditionnels.
Après une petite balade gratuite en Vanquish S Roadster par une matinée ensoleillée d’octobre, nous sommes entrés dans une salle secrète du quartier général d’aston Martin à Gaydon avec l’interdiction formelle de sortir nos smartphones. Face à moi, je distingue la silhouette, encore couverte par un drap, de cette nouvelle Vantage remplaçant enfin après 12 ans de carrière la vénérable V8 Vantage. Je devine des formes en rupture totale avec le style de toutes les précédentes Aston Martin, DB11 y compris. Et lorsque le drap est enfin retiré, tout le monde se tait pendant cinq bonnes secondes, sans bouger. C’est à croire que l’auditoire découvre une Porsche 911 à moteur avant ou une Corvette à moteur arrière. Voilà l’étendue du choc visuel provoqué par cette auto, sorte de gros majeur dressé à l’attention de tous ceux fustigeant la ressemblance exagérée entre chaque Aston depuis vingt ans. Shocking. Andy Palmer et ses équipes ont osé s’affranchir totalement des codes traditionnels de la marque, son opposition au néoclassicisme de la DB11 est voulue tandis qu’ils revendiquent le focus mis sur l’efficacité dynamique et le plaisir de conduite absolu. Ils l’appellent d’ailleurs “le chasseur”. Mais plus que ce drôle de regard japonisant ou ces proportions renvoyant une Jaguar F-type au genre de “routière pataude”, c’est l’installation à bord qui inflige la claque la plus monumentale. Assis au volant
« Contrairement à AMG, Aston Martin pense aux puristes et ajoutera bientôt une version boîte manuelle 7 vitesses au catalogue »
de la machine, l’univers rappelle une AMG GT et tranche radicalement avec l’ambiance luxueuse de la précédente V8 Vantage. Toute ressemblance avec l’ergonomie intérieure de l’allemande n’est pas totalement fortuite, la Vantage utilisant une architecture électrique signée Mercedes, comme la DB11. Mais Aston Martin veut clairement identifier cette machine comme une vraie sportive avant de jouer les GT. Elle compte d’ailleurs sur un arsenal dynamique appétissant : son V8 biturbo de
4,0 litres fourni par AMG dispose d’une cartographie propre au constructeur anglais, avec 510 ch et 685 Nm. On nous promet d’ailleurs que la sonorité ne se confondra pas avec celle des productions AMG, et le moteur s’accouple à une boîte automatique ZF 8 rapports optimisée plutôt qu’à une lourde transmission à double embrayage. Pour les puristes, une boîte manuelle 7 vitesses s’ajoutera bientôt au catalogue. Son aérodynamisme très étudié génère de l’appui, grande première sur une Aston Martin proposée en série non limitée. Autre grande première, la présence d’un différentiel actif permettra de moduler le couple de 0 à 100 % entre les deux roues arrière. Basé sur la nouvelle plateforme modulaire de la marque en aluminium, son châssis reprend seulement 30 % de pièces de la DB11. Sa structure profite d’un assemblage par collage et non pas par rivetage pour renforcer la rigidité, et son essieu multibras arrière se colle directement au châssis pour les mêmes raisons. Ajoutez à cela un toit en carbone, et vous obtenez une masse totale raisonnable de 1 530 kg à sec et une répartition des masses à 50/50 grâce à l’architecture Transaxle. Le grand patron Andy Palmer nous précise que cette nouvelle Vantage vise prioritairement une clientèle habituée de la Porsche 911 Turbo, que sa carrière durera environ 7 ans, et que la baie moteur peut accueillir un V12 même si l’auto a été conçue autour du V8.
Les livraisons débuteront au premier trimestre 2018, et il nous tarde déjà de vérifier si les prestations dynamiques de la bête se conforment aux impressions laissées depuis le siège conducteur à l’arrêt : position de conduite parfaite, assise ultra-sportive et très proche des roues arrière, petit volant, grosses palettes, moteur reculé au maximum vers l’habitacle. Sur le papier, elle a tout pour battre L’AMG GT malgré quelques ingrédients en commun…