ALORS QUE LE GPS INDIQUE DE PRENDRE L’EMBRANCHEMENT VERS UNE ROUTE DÉNEIGÉE ET PLUS FRÉQUENTÉE, JE RÉALISE QUE JE N’AI JAMAIS été AUSSI RAVI DE SUIVRE UN POIDS LOURD ET DE ME FONDRE DANS UN TRAFIC QUE JE REDOUTE EN TEMPS NORMAL.
Après presque cinq heures de route depuis Oslo à mettre ma concentration constamment à l’épreuve, je ne prends conscience que maintenant de la présence d’un volant trop grand. Pour autant, à l’intérieur, la finition surpasse d’assez loin la concurrence à mon sens. L’ambiance y est feutrée et penche vers le haut de gamme et le luxe quitte à y perdre en sportivité malgré les quelques placages carbone. Si le dessin général de l’habitacle manque de finesse, tout le soin semble avoir été porté au choix des matériaux autant qu’à l’infodivertissement. Un double écran panoramique s’étend sur la moitié de la planche de bord tandis que la console centrale est épurée autant que possible.
Même de nuit, je perçois un relief extrêmement présent. Par rapport à d’autres expériences passées en Suède ou en Finlande, c’est surprenant. Les routes sinueuses en pleine montagne semblent être à la Norvège ce que sont les interminables lignes droites en forêt à la Laponie. Le soir même, j’apprendrai que ce road trip devait nous amener au coeur de la région de Hemsedal composée d’une vingtaine de sommets compris entre 800 et 2 000 m d’altitude.
Le lendemain, il est question de répéter la journée précédente, autrement dit, suivre une même voie continue durant des kilomètres. Sauf que désormais, il n’y a plus personne sur la route. La glace a fondu et seule la neige persiste au milieu de la route alors que les traces sont dégagées. Dans ces conditions, la E 63 S adhère comme un traîneau tiré par quatre chiens entraînés qui la propulsent avec l’énergie de six. Plus le rythme augmente, plus le grip devient traître sur les freinages, les accélérations et les changements de direction. De surcroît, les rennes, élans et carcajous (ou gloutons, autrement dit une sorte de petit ours à longues griffes) traversent la route voire se l’accaparent en venant se délecter du sel déposé. La boîte Speedshift 9 rapports n’est pas à prendre en exemple mais à bien y réfléchir, elle n’offre pas non plus beaucoup de place aux reproches. Même sur la glace, où le moindre changement d’assiette et la moindre instabilité se font particulièrement ressentir, difficile de la prendre en défaut.
Occupé à réaliser les images de ce sujet, j’ai déjà pris du retard par rapport au programme initial. Le road book me dirige vers une route fermée avant la montée vers la station de ski de Norefjell, voilà de quoi me rattraper… Jusqu’ici confortable et rassurante, je veillais malgré tout à prendre mes précautions face au caractère bien trempé de la E 63 S. Sauf que sur les 13 km de route relativement large qui s’offrent à moi seul, la glace est recouverte d’une neige compactée par le passage des autres participants au road trip. Les conditions sont optimales et j’essaie de m’attaquer de nouveau au mode Drift : en vain. Une fois encore, la E 63 S refuse jusqu’à prendre le départ de cette spéciale improvisée. Le mode Race fera l’affaire, couplé à L’ESP OFF.