Tous schizos
Ce n’est qu’en découvrant les comptes rendus de mes confrères généralistes que j’ai compris que la cabine de téléphérique exposée sur le stand Renault était en fait le concept car réalisé par la marque pour le Salon de Genève. La moquette sur laquelle était exposée la dernière Mégane R.S. accueillait aussi ce wagon autonome EZ-GO censé représenter notre futur automobile. À l’étage au-dessus, Ital Design qui appartient à VW présentait Pop.up Next, une sorte d’audi fortwo autonome à châssis séparé sur laquelle se greffe un drone géant qui vous transporte au-dessus des bouchons. Et juste à côté d’elle sur le même stand, Zerouno Duerta cachait difficilement sa base de Lamborghini Huracán Spyder. Les constructeurs automobiles tendent à devenir complètement schizophrènes et embarquent les salons dans leur sillage. Présenter sur le même stand une auto censée vous enlever le volant et une autre supposée vous apporter du plaisir au volant, avouez que c’est troublant. Sauf qu’à y réfléchir, nous sommes tous schizophrènes dans le sens où personne à ma connaissance n’aime conduire dans les bouchons et que mêmes les plus radicaux d’entre nous souhaiteraient disposer d’un mode autonome lorsque la conduite devient pénible. D’ailleurs la plupart des ingénieurs voient dans ces évolutions matière à s’enthousiasmer car, débarrassées de leurs obligations “utilitaires”, les sportives qu’ils imaginent pour demain sont encore plus folles et plus performantes car plus exclusives. Oui, mais voilà, cet angélisme d’ingénieur, enthousiaste face à des défis techniques effectivement appétissants, résistera-t-il à l’examen des comptables qui se trouvent au-dessus de lui ? Quand on sait à quel point il est difficile de réaliser l’équation économique pour qu’une sportive accessible voie le jour, j’ai peur que demain n’accorde une place qu’à des autos au tarif tout aussi fou que leurs performances.
En plus d’être schizo, certains me disent parano. J’aimerais qu’ils aient raison…